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6 septembre 2016

Former les mères à détecter la malnutrition peut avoir un impact majeur dans le diagnostic précoce

Dakar, Niamey, 6 septembre 2016. Apprendre aux mères et aux autres membres de la famille à dépister les enfants souffrant de malnutrition peut conduire à une détection plus rapide et moins d’hospitalisations, selon une nouvelle étude publiée aujourd’hui dans la revue Journal Archives of Public Health.

L’étude, Mothers screening for malnutrition by mid-upper arm circumference is non-inferior to community health workers: results from a large-scale pragmatic trial in rural Niger, a comparé deux stratégies de dépistage dans des zones de santé distinctes du district de Mirriah, dans le Niger rural, entre 2013 et 2014.

Dans une des zones de santé, près de 13 000 mères et autres membres de la famille ont dépisté leurs enfants après avoir reçu une brève formation sur la façon d’identifier les œdèmes et d’utiliser le MUAC, un bracelet coloré qui permet de mesurer le périmètre brachial. Dans l’autre zone de santé, les agents de santé communautaires ont effectué les dépistages de malnutrition, conformément aux recommandations actuelles.

Dans la zone où les mères dépistaient la malnutrition elles-mêmes, les enfants admis pour traitement étaient dans un stade moins avancé de malnutrition. Cela signifie qu’ils étaient également moins susceptibles d’avoir besoin d’être hospitalisés que les enfants qui étaient dans la zone des agents de santé communautaire, à la fois à l’admission et durant tout autre phase du traitement. Les coûts globaux ont été sensiblement plus faibles dans la zone où les mères ont appris les techniques de dépistage.

« Les mères voient leurs enfants chaque jour et sont les mieux placées pour détecter les premiers signes de la malnutrition », a déclaré le Dr Sayadi Sani, coordinateur de l’organisation nigérienne BEFEN. « Cette étude montre que faire d’elles le point focal des stratégies de dépistage avec un simple outil comme le bracelet MUAC peut être une véritable révolution dans les efforts mondiaux pour lutter contre la malnutrition. »

Certains des auteurs de l’étude ont comparé les bracelets MUAC aux thermomètres : un outil que les parents peuvent utiliser à la maison pour détecter un problème dès les premiers signes, et qui indique quand rechercher des soins médicaux pour leur enfant.

« L’idée est si simple et l’impact potentiel sur la réduction de la morbidité et de la mortalité liées à la malnutrition est si grand », a déclaré le Dr Susan Shepherd, experte médicale pour ALIMA. « Aider les parents à savoir quand leur enfant a besoin d’aide peut créer un bond en avant dans la réponse médicale apportée aux enfants souffrant de malnutrition. »

Les rubans colorés MUAC pour déterminer l’état nutritionnel d’un enfant existent depuis des dizaines d’années, mais ils ont été principalement utilisés par les humanitaires, les professionnels de santé ou les agents de santé communautaire. En 2011, ALIMA et son partenaire nigérien BEFEN ont été les premiers à enseigner aux mères comment utiliser cet outil simple et peu coûteux.

« Je suis sûr que cette publication aura une influence majeure sur les décideurs politiques », a déclaré Dr André Briend, de l’Université de Tampere et l’Université de Copenhague. « Elle contribuera à améliorer la détection précoce et la gestion globale des enfants souffrant de malnutrition sévère. »

Les agents de santé communautaire continueront à faire partie intégrante de la réponse sanitaire auprès des populations. Mais à cause de leurs nombreuses responsabilités, ils ne peuvent généralement dépister les enfants qu’au mieux une fois par mois. Enseigner aux familles à utiliser le MUAC au sein du foyer est une meilleure utilisation de leurs compétences, et cela met en valeur le rôle central que les parents peuvent jouer dans le processus de détection.

Aujourd’hui, on estime que plus de 50 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë, dont au moins 16 millions souffrent de la forme la plus sévère. Même avec l’augmentation spectaculaire de la disponibilité des traitements au cours de la dernière décennie, seulement 10 à 15 pourcent des enfants atteints de malnutrition aiguë sévère sont traités. Mettre les mères au centre des stratégies de dépistage pourrait être une étape clé pour accroître l’accès au traitement dans les zones où la malnutrition pose un risque élevé de décès ou de maladie.

« Il n’y a pas d’approche universelle pour la formation des familles au MUAC, mais ALIMA a commencé à former des dizaines de milliers de mères dans les programmes au Niger, au Tchad, au Mali et au Burkina Faso », a déclaré Dr Ali Ouattara, Directeur des opérations adjoint d’ALIMA. « Espérons que dans les années à venir, tous les parents sauront utiliser les bracelets MUAC dans les zones où la malnutrition est un vrai fléau. »


 

The Alliance For International Medical Action (ALIMA) est une organisation médicale humanitaire qui travaille main dans la main avec un réseau d’organisations médicales locales pour fournir des soins médicaux de qualité aux personnes les plus vulnérables lors de situations d’urgence et de crises récurrentes. ALIMA et ses partenaires effectuent des recherches de pointe pour améliorer la médecine humanitaire.

 

Basée à Dakar, au Sénégal, ALIMA a traité plus de 2 millions de patients dans 12 pays depuis sa création en 2009 et a lancé 10 projets de recherche axés sur la malnutrition, le paludisme et le virus Ebola.

 


 

***Lien direct de l’étude : https://archpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13690-016-0149-5

 

***Le mode d’emploi sur la façon d’intensifier la formation des mères et d’autres membres de la famille au dépistage de la malnutrition est disponible ici

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