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31 janvier 2018

La technologie mobile pour évaluer la malnutrition

​Il est seulement six heures du matin, mais déjà plus d’une vingtaine d’agents de santé communautaires du consortium ALIMA / SOS Médecins / Keoogo sont rassemblés dans la cour du bureau d’ALIMA dans le district sanitaire de Yako au Burkina Faso. Au moment où le soleil se lève, et après avoir savouré un verre de thé bien chaud dans la fraicheur du matin, ils montent sur leurs motos et partent par équipes de deux ou trois vers leurs destinations du jour. Leur but : aller de maison en maison dans plus de 30 villages pour enquêter auprès des familles, en utilisant des tablettes mobiles. L’enquête porte sur l’utilisation du ruban MUAC et sert à déterminer quelle est la proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition dans la région et quels sont ceux qui ont reçu des soins.

« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un réel problème : comment évaluer l’état de malnutrition dans nos différents pays », a déclaré le Dr Koly Bilivogui, responsable de l’enquête mobile de l’Institut de Recherche des Sciences de la Santé (IRSS) au Burkina Faso. Normalement, pour pouvoir lutter contre un mal, nous devons d’abord estimer son ampleur, et c’est ce qui nous manque ici. »

Au cours de l’année passée, ALIMA a testé un protocole innovant pour le traitement de la malnutrition, qui consiste à inscrire des enfants souffrant de malnutrition aiguë et des enfants souffrant de malnutrition modérée dans le même programme, en se basant  sur la mesure de leur périmètre brachial, et à ajuster les rations d’aliments thérapeutiques sur la base de l’état de santé de l’enfant. En même temps, les mères sont formées à utiliser un ruban tricolore, facile à manipuler, connu sous le nom de MUAC, pour dépister la malnutrition chez leurs enfants sans quitter la maison.

L’objectif de l’enquête de couverture est de déterminer quel pourcentage de mères ont été formées au dépistage de la malnutrition et combien d’enfants souffrant de malnutrition ont reçu un traitement.

Teabda Abdoul Aziz est l’un de ces enquêteurs.

 « L’enquête de couverture nécessite qu’on aille interroger chaque ménage », explique-t-il. « Il y a beaucoup de questions à poser, mais, en général, nous demandons d’abord combien d’enfants entre 6 et 59 mois vivent dans le ménage. Nous vérifions leur nom et leur âge. Ensuite, s’il y en a au moins un, nous demandons à la mère si elle a été formée à l’utilisation du ruban MUAC et de nous montrer son ruban. Nous mesurons également le tour de bras de chaque enfant en utilisant le MUAC. C’est une priorité. Et, si cela montre qu’ils sont malnutris et qu’il n’ont pas reçu  de traitement, nous les orientons vers le centre de santé.»

Les réponses à chaque question, y compris l’adresse du ménage, sont saisies dans les tablettes en temps réel. Les réponses sont téléchargées chaque jour sur un serveur, où elles peuvent être agrégées et analysées. Les résultats peuvent également être visualisés sur une carte géolocalisée pour montrer dans quelles zones se trouve la plus forte concentration d’enfants souffrant de malnutrition et où plus d’interventions seront nécessaires pour améliorer les soins de santé.

Chaque équipe peut atteindre jusqu’à 80 ménages par jour, selon la distance entre les familles. Auparavant, ces types de sondages étaient réalisés avec des stylos et du papier.

« Avant, cela prenait trop de temps et il fallait beaucoup de personnes pour saisir les données manuellement, » a déclaré Aziz. « Maintenant, le système est plus efficace et nous pouvons vérifier les résultats presque instantanément. »

Photo & vidéo : What took you so long? / ALIMA

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