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28 décembre 2018

Témoignage de terrain : 3 questions à Mireille, une sage-femme en RCA

La République centrafricaine (RCA) affiche l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde, avec 890 décès pour 100 000 naissances. Le réussite des programmes sur le terrain dépend avant tout de nos équipes qui s’emploient, chaque jour, à dispenser une prise en charge de qualité. A ce titre, les sages-femmes jouent un rôle particulièrement important dans la réduction de la mortalité maternelle en aidant les femmes à accoucher en toute sécurité. Mireille, une sage-femme de 33 ans de la RCA travaille avec ALIMA depuis avril 2017 en tant que superviseure sage-femme à Bimbo, dans le sud-ouest de la ville, affirme que son travail, avec ses quatre fils, est sa plus grande fierté.

Pourquoi as-tu choisi le métier de sage-femme?

Bon, pour répondre à cette question, c’est facile, c’est juste par vocation. Je suis née dans la ville de Bangassou, dans le sud-est du pays, et depuis mon enfance, je l’ai toujours su. J’avais l’habitude de dire qu’un jour je serais sage-femme. Donc, après avoir obtenu mon diplôme, je suis allée à Bangui pour passer le test de sage-femme.  J’ai été acceptée, et maintenant je suis diplômée. J’ai prêté serment.

Au travail, ils m’appellent “Sup, Sup!” mais je leur réponds que superviseur c’est un titre, pas mon métier. Sage-femme, c’est ce que je suis. A la maison les enfants ont l’habitude de m’appeler “Docteur” alors je leurs réponds aussi que c’est un peu différent. Je leur explique que je m’occupe des mamans et des bébés, que dans ce métier on est appelés à sauver des vies, que c’est un métier noble. Au niveau de la maternité à Bimbo, on trouve beaucoup de pathologies et d’urgences, et on sauve vraiment des vies. C’est ce que je préfère.

Quel est ton meilleur souvenir de l’année?

Je faisais le tour des Centres de santé périphériques pour la supervision et j’étais alors dans le Centre de santé de Salanga. Il y avait Cécile, une jeune femme enceinte qui saignait beaucoup et elle était en début de travail. C’était dangereux pour sa santé. Quand les matrones m’ont vue, elles m’ont fait signe de venir.

Elles avaient voulu la transférer, l’envoyer à l’hôpital de Bimbo, mais étant donné son état, ce n’était pas possible. En effet, nous devions d’abord stabiliser la patiente avant de pouvoir la déplacer.  Cécile aussi me regardait et me demandait de l’aider. J ai analysé la situation puis assisté l’accouchement.

Depuis, à chaque fois que je retourne là-bas, les enfants applaudissent en voyant la voiture et ils crient “ALIMA! ALIMA!”. Même la maman, Cécile vient nous voir pour nous remercier encore. Et je suis toujours contente de la voir.

Pourquoi ALIMA fait la différence à Bimbo?

Comme vous le savez, le taux de mortalité maternelle est très élevé en RCA. Des femmes meurent chaque jour parce qu’elles n’ont pas accès à des services de santé adéquats. ALIMA fait la différence en apportant la gratuité des soins aux populations les plus vulnérables, c’est-à-dire dans le cadre de ce projet: les femmes allaitantes, les futures mamans et les enfants âgés de moins de 5 ans. Auparavant, pour celles les femmes qui n’avaient pas les moyens,  préféraient rester à la maison pour accoucher et ainsi prenaient beaucoup de risque.

Surtout, nous faisons de l’accompagnement pour aider à améliorer l’accueil des patients et leur prise en charge. Ici, on traite, on prend en charge  et puis ça va!

Par exemple réduire les risques d’infections nosocomiales. Pour cela , on explique et forme sur les notions d’asepsie, on rappelle l’importance des mesures d’hygiène et la rigueur dans la stérilisation, etc.  

Notre travail c’est la prise en charge mais c’est aussi beaucoup par la formation, l’encadrement et les formations pour améliorer la qualité des soins dans les Centres de santé périphériques. Ce sont les compétences mais aussi les gestes techniques du personnel de ces centres qui doivent être améliorés. En effet,  c’est le personnel des centre santé périphériques qui sont les premiers points de contact avec les patients.

Par exemple, afin de réduire le risque d’infections nosocomiales, la notion d’asepsie (mesures prises pour éviter toute infection microbienne notamment pendant la chirurgie) est expliquée à tout le personnel, et l’importance des mesures d’hygiène et de la rigueur de la stérilisation est renforcée.

Le taux de fréquentation des centres de santé a beaucoup augmenté avec l’arrivée d’ALIMA, ainsi les accouchements se font dans les bonnes conditions. Cette année,nous avons assisté près de 4 000 accouchements. Cela fait une réelle différence.

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ALIMA (The Alliance for International Medical Action) est une organisation médicale humanitaire qui travaille main dans la main avec un réseau d’ONG médicales locales pour fournir des soins de santé de qualité aux personnes les plus vulnérables pendant les urgences et les crises chroniques. Basé à Dakar, au Sénégal, ALIMA a traité plus de 3 millions de patients dans 12 pays depuis sa création en 2009, et a lancé 10 projets de recherche axés sur la malnutrition, le paludisme et le virus Ebola.

ALIMA est actif en RCA depuis 2013, et fournit actuellement des soins médicaux et nutritionnels dans 13 Centres de santé situés à la périphérie de la capitale, Bangui, et dans le district sanitaire de Bimbo, et dans 8 Centres de santé du district sanitaire de Boda. En 2018, nos équipes ont effectué plus de 100 000 consultations générales pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes . En plus des soins de santé primaire, ALIMA soutient également l’hôpital de district de Boda qui dispose d’une maternité de 16 lits et d’une salle d’opération a Boda.

Les projets d’ALIMA dans le district de Bimbo et a Bangui ont été financés entre août 2016 et juin 2018 par le Fonds Bêkou (Phase II). Pendant cette période, nos équipes ont effectué 12 508 accouchements et 37 541 consultations postnatales, dont 8 903 accouchements et 31 641 consultations postnatales ont été financés par le Fonds Bêkou. En outre, 3 154 cas urgents – femmes enceintes et allaitantes, enfants de moins de 5 ans, enfants en situation d’urgence vitale – ont été orientés gratuitement vers des établissements hospitaliers, dont 1 909 financés par le Fonds Bêkou.

*Illustration: Florence Mahon / ALIMA 

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