La situation humanitaire est alarmante en Haïti. Elle s’est encore sensiblement détériorée en 2023. L’OMS l’a qualifiée de plus grave crise de la région des Amériques en 2024¹. 

Depuis plusieurs années, Haïti est secouée par une succession de crises politique, économique et sécuritaire. La situation s’est rapidement détériorée et a atteint un niveau alarmant en 2023, motivant une mission internationale de sécurité soutenue par l’ONU. Tandis que celle-ci met du temps à se déployer, la population continue à subir la violence des gangs. En 2023, elle a fait près de 5 000 morts, dont plus de 2 700 civils²  et plus de 310 000 personnes ont été contraints de fuir leur foyer selon un rapport de l’ONU publié en janvier 2024, le double de l’année précédente et au moins 15 fois plus qu’en 2021.

Cette escalade de la violence entrave drastiquement la capacité des autorités et organisations sanitaires à fournir une réponse d’urgence. Une épidémie de choléra, réapparue en octobre 2022, ne cesse de se répandre. Dans les sites de personnes déplacées internes qui se multiplient, les habitants sont privés de tout. Selon les prévisions, plus de 5,5 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire et de protection en 2024, soit près de la moitié de la population³ . Le pays est classé parmi les dix crises alimentaires les plus graves du monde.

A Port-au-Prince, dans certains des quartiers les plus touchés par la violence, les structures de santé sont fermées. Les structures encore (partiellement) fonctionnelles sont difficilement accessibles : la population craint trop de se déplacer à cause de l’insécurité. Les établissements de soins publics sont confrontés à des pénuries régulières de personnel, de médicaments et de fournitures. Ainsi, même si une personne parvient à surmonter les obstacles sécuritaires et géographiques pour se rendre dans une structure sanitaire, elle n’est pas certaine de recevoir les soins appropriés.