Rechercher
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

21 octobre 2024

Boubou Traoré : répondre aux besoins de santé des réfugiés

Depuis 2016, ALIMA intervient à Mokolo, dans le nord du Cameroun, pour soutenir les communautés réfugiées et déplacées. Boubou Traoré, chef de projet ALIMA, partage les principaux défis auxquels sont confrontées ces populations, notamment le manque de financement et l’insécurité, tout en expliquant comment ALIMA répond aux besoins de santé des plus vulnérables.

ALIMA a commencé ses opérations au Cameroun en 2016, à Mokolo. Cette ville frontalière du Nigeria est le chef-lieu du département du Mayo-Tsanaga, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun.
Mokolo est le refuge de plus de 70 000 personnes fuyant la crise qui sévit dans la région du bassin du lac Tchad. Ces dernières, provenant du Nigeria, campent dans le site de Minawao (camp des réfugiés) qui, avec plusieurs sites des déplacés internes, forment une ceinture autour de la ville, dans un rayon de 7 à 15 kilomètres.

L’ampleur de la crise humanitaire à Mokolo amène de nombreux acteurs humanitaires dans la région. Cependant, ALIMA reste une des rares ONG qui œuvre dans la santé. Dans sa mission d’apporter des soins de santé gratuits et de qualité, ALIMA cible les populations déplacées internes, les réfugiés et les populations hôtes. Depuis 2016, l’ONG a pris en charge plus de 305 000 personnes. Rencontre.

Quels sont les principaux défis auxquels les humanitaires sont confrontés à Mokolo ?

“Nous sommes confrontés à une baisse du financement des activités dans cette zone minée par la crise du bassin du lac Tchad. L’étendue des besoins s’accroît continuellement, tandis que les financements se réduisent comme peau de chagrin.

L’insécurité le long de la frontière avec le Nigeria pèse également sur les communautés alentour. Elle entraîne de nombreux déplacements de population, créant par la même occasion un surcroît de besoins sanitaires. En vidant les villages de leurs habitants, l’insécurité mène à la fermeture de certains centres de santé, ce qui fait que les besoins déjà existants sont transférés dans les zones d’accueil des déplacés.”

Quels besoins vient combler l’action d’ALIMA ?

“Le plus grand besoin, que la présence d’ALIMA participe à combler, est la nécessité de faire face à l’augmentation du nombre de réfugiés et de déplacés dans la zone. En effet, cet afflux met la pression sur le district sanitaire de Mokolo et engendre encore davantage de besoins, en termes de personnels de santé.

S’il est réel que le système sanitaire au Cameroun est bien structuré – les infrastructures de base sont là –, le déficit d’acteurs humanitaires œuvrant dans la santé réduit sensiblement l’accès des populations vulnérables à des soins de santé de qualité, notamment dans le département du Mayo-Tsanaga, qui est une zone de crise humanitaire. Notre présence est nécessaire, seulement, nous souhaitons que d’autres organisations nous rejoignent afin que l’on puisse fournir davantage de soins de santé aux communautés sur place.”


Quelles sont les perspectives d’amélioration de la situation humanitaire à Mokolo ?

“Les besoins sont énormes et multisectoriels : abris, santé, protection, nutrition et éducation. ALIMA est très bien acceptée par les communautés locales, les chefs traditionnels, les autorités administratives, etc. Nous parvenons à soulager les populations qui ont besoin de soins de santé gratuits. L’élément essentiel qui pourrait améliorer la situation est l’afflux de fonds.

Le financement et les partenariats seront les moteurs de l’amélioration de la situation actuelle. Le financement permettra d’étendre l’éventail d’activités et la portée de l’action humanitaire, tandis que les partenariats permettront d’augmenter le nombre d’organisations humanitaires dans la zone.”

A Mokolo, les projets menés par les équipes d’ALIMA sont financés par le Bureau for Humanitarian Assistance (BHA), l’Agence française de développement (AFD) et le Centre de Crise et de Soutien (CDCS).

Photographie de couverture : © Alexis Huguet / ALIMA