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13 juin 2024

Comment le projet Plastik révolutionne la gestion des déchets médicaux au Burkina Faso

Les déchets de deux items essentiels dans la réponse médico-nutritionnelle en Afrique subsaharienne sont très polluants. Comment les réduire ? C’est tout l’enjeu du projet PLASTIK, mené par des équipes d’ALIMA au Burkina Faso et au Tchad depuis avril 2022. Dr Céline Estelle Beogo, coordinatrice du projet au Burkina Faso, nous raconte.

Le projet PLASTIK est un projet qui consiste à réduire les déchets provenant de deux types items absolument nécessaires dans les soins, au Tchad et au Burkina Faso : les sachets d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE, pour soigner les enfants souffrant de malnutrition aiguë) et ceux de reconditionnements des médicaments. Ils sont essentiels pour soigner les patients. Toute organisation médicale produit énormément de ces déchets.

Projet Plastik - Burkina Faso

Dr Céline Estelle Beogo est coordinatrice du projet Plastik au Burkina Faso. © ALIMA

Réduire la pollution liée aux déchets médicaux

Un besoin urgent au Burkina Faso

Au Burkina Faso, le nombre d’enfants malnutris aiguës sévères augmente : dans les 37 des 45 provinces existantes, on prévoit 113 500 enfants de 6 à 59 mois malnutris aigus sévères en 2024. La prise en charge de ces enfants est essentiellement basée sur l’ATPE, d’où une production de plus en plus élevée de sachets composés d’aluminium et de plastique. Les sachets sont jetés dans la rue par les usagers.

La composition de ces sachets représente un risque pour l’environnement, car ils ne sont pas biodégradables et leur incinération produit des gaz à effet de serre. Dans la nature, ils peuvent provoquer des risques pour le sol, les animaux, l’environnement et la santé humaine.

Un impact environnemental considérable

Le projet PLASTIK permet de réduire l’impact environnemental de ces sachets grâce à l’analyse de leur cycle de vie, l’analyse d’alternatives, la mise en place de stratégies de collecte après usage et l’élaboration de pratiques de recyclage également. Au Burkina Faso, la collecte de sachets d’ATPE se faisait déjà dans le cadre du suivi des enfants souffrant de malnutrition, mais ils étaient brûlés, produisant des gaz à effet de serre.

Ici, les sachets sont recyclés en carburant. Il faut savoir que 100 kilos de sachets permettent de produire 19 litres de carburant. La transformation se fait par pyrolyse, un processus de transformation de matières premières sans production de gaz à effet de serre, reconnu et accrédité par le Ministère de l’Environnement au Burkina Faso. Ensuite, ce carburant est acheminé vers les centres de santé pour l’incinération des déchets médicaux infectieux. Dans le cadre du projet PLASTIK, les équipes d’ALIMA au Tchad conduisent une expérimentation similaire : les sachets sont transformés en briquettes possédant des propriétés isolantes intéressantes pour la construction.

“Si je dois résumer, on peut dire que le projet PLASTIK est un cycle : il permet de transformer les sachets issus des soins médicaux en carburant, lequel est ensuite utilisé pour incinérer les déchets médicaux infectieux non recyclables.”

Dr Céline Estelle Beogo, coordinatrice du projet au Burkina Faso
Projet Plastik - Burkina Faso

Centre de santé et de promotion sociale de Polesgo. Collecte de sachets de RUTF dans la zone à déchets sécurisée et à accès limité en vue d’un recyclage ultérieur dans le souci de respecter les normes environnementales auxquelles ALIMA souscrit.
© Amadou Cissé / ALIMA

Sensibiliser et former les usagers, une stratégie gagnante

Le personnel sanitaire …

Nous travaillons avec le personnel de centres médicaux urbains et des centres de santé et de promotion sociale du département de Ouagadougou, sur la sensibilisation de la communauté sur les risques de pollution de l’environnement par le plastique. On partage avec eux les possibilités de réduction de notre empreinte carbone. Le fait d’impliquer les personnels des formations sanitaires et des districts dans la mise en œuvre des activités nous permet de préparer l’après projet.

La population .…

La communauté est impliquée au premier rang dans la mise en œuvre du projet. Six relais communautaires ont été identifiés et responsabilisés afin de réaliser des activités de sensibilisation sous notre supervision. Ils sont aussi responsables de la collecte et du stockage des sachets. Les comités de gestion des centres de santé sont eux aussi impliqués et participent aux sensibilisations des bénéficiaires lors d’activités de cinés-débats, par exemple.

Même après l’arrêt du projet, les centres de santé continueront d’utiliser ces sachets. Le contact et le processus mis en place permettront aux responsables des centres de santé de poursuivre la sensibilisation auprès des communautés et la collaboration avec le prestataire de pyrolyse.

Une réelle adhésion collective aux enjeux environnementaux

Les mères d’enfants soignés dans les centres de santé sont convaincues que les sachets vides d’ATPE ne sont pas de simples déchets. « Ce sont des trésors si on sait les exploiter, car il y en a même qui sont transformés en jouets », témoigne Ibrango Bibata, une des mamans.

Au Burkina Faso, ALIMA travaille depuis 2012 en partenariat avec deux ONG nationales, Keoogo et SOS Médecins Burkina Faso, afin d’apporter une réponse médicale de qualité adaptée aux besoins humanitaires. Ce projet a reçu le financement de l’Union Européenne (ECHO).

Photo de couverture © Alioune NDIAYE / ALIMA

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