> Consultez le podcast complet de l’émission “Priorité Santé” sur RFI
La fièvre de Lassa tire son nom d’une ville du Nigeria où cette maladie est endémique. Transmise par un rongeur que l’on retrouve fréquemment dans les forêts et les savanes, cette maladie est plus courante en Afrique de l’Ouest, notamment en Sierra Leone, au Liberia, en Guinée et au Nigeria. Il est crucial de prescrire un traitement de manière précoce pour garantir une prise en charge efficace.
Depuis 2023, ALIMA a rejoint INTEGRATE – une alliance mondiale contre la fièvre de Lassa – consortium international de 15 grands instituts de recherche, établissements de santé, et organisations humanitaires issus de 10 pays, qui travaillent ensemble pour lutter contre la fièvre de Lassa. Cette étude novatrice est coordonnée par ALIMA et la plateforme CORAL (Clinical and Operational Research Alliance).
Saison et mode de transmission
Cette infection a-t-elle un caractère saisonnier ?
Cela commence environ en décembre et s’arrête en mars-avril. Pendant la saison sèche, les rats qui transmettent la maladie manquent de nourriture dans la forêt et viennent dans les villages. À la première pluie, les rats retournent dans la forêt, arrêtant ainsi l’épidémie. Au Nigeria, il y a aussi des cas tout au long de l’année, environ un par semaine.
Quel type de rongeur transmet cette maladie ?
C’est un petit rat appelé le rat multimammelles, présent dans plusieurs zones d’Afrique de l’Ouest, mais qui transmet la maladie principalement au Nigeria, Liberia, Sierra Leone, Guinée et Bénin.
Comment se transmet le virus et y a-t-il une transmission entre humains ?
Ce petit rat sécrète le virus dans toutes ses sécrétions. Une transmission est possible si quelqu’un mange un aliment contaminé par la salive du rat ou manipule le rat. Le mode de transmission le plus fréquent est par les excréments des rats sur des aliments comme le manioc qui sèche au soleil. Si l’aliment souillé est ingéré sans cuisson, il peut y avoir contamination. Des cas de transmission inter-humaine sont décrits, mais ils sont moins fréquents que la transmission rongeur-homme. Cela est souvent lié aux soins médicaux, par exemple lors d’interventions chirurgicales.
Peut-on contracter la maladie en serrant la main d’une personne contaminée ?
Serrer la main n’est pas un vecteur de transmission. Le virus ne passe pas à travers la peau. Cependant, si on touche ses yeux ou sa bouche avec une main contaminée, on peut transmettre le virus. Se laver les mains avec du savon élimine le virus de la peau.
Symptômes et diagnostic
Quels sont les symptômes distinctifs de la fièvre de Lassa par rapport au paludisme et peut-elle se résoudre d’elle-même ?
Les symptômes sont très similaires à n’importe quelle fièvre courante dans ces pays. Les signes spécifiques sont des saignements, car il s’agit d’une fièvre hémorragique virale. Cependant, tous les cas ne présentent pas de saignements. Certains patients avec des formes modérées évoluent favorablement sans un long traitement. D’autres peuvent développer des formes graves et nécessiter des soins intensifs.
Comment se déroule le diagnostic ?
Le diagnostic repose sur un test sanguin qui amplifie le génome viral pour mieux le repérer. Le gouvernement nigérian a mis en place des techniques de diagnostic dans de nombreux centres, ce qui permet de compter les cas confirmés. En 2023, il y a eu plus de 1 200 cas confirmés au Nigeria.
La fièvre de Lassa présente-t-elle une forte létalité ?
La létalité varie selon les régions et les souches du virus. Certaines souches sont plus létales que d’autres. Par exemple, la souche 4, présente en Guinée, Liberia et Sierra Leone, semble plus létale que la souche 2 au Nigeria.
Prise en charge et traitement
Sur quoi repose la prise en charge une fois le diagnostic posé et existe-t-il un vaccin ?
La prise en charge repose sur deux éléments principaux : des soins de base, comme l’hydratation et la dialyse, ainsi qu’un traitement antiviral. Actuellement, la ribavirine est utilisée, mais son efficacité est remise en question. Il n’existe pas de vaccin pour le moment. Cependant, plusieurs projets de vaccins sont en cours d’évaluation.
Recherche et prévention
Quelles recherches mène ALIMA actuellement ?
Le consortium international Integrate, coordonné par ALIMA et la plateforme CORAL (Clinical and Operational Research Alliance), mène des recherches pour trouver des traitements plus efficaces que la ribavirine, ainsi que des médicaments repositionnés qui ont montré une efficacité contre la fièvre de Lassa.
Cet important projet est financé par l’Union Européenne et l’ANRS-MIE. D’autres bailleurs de fonds s’intéressent à ces projets et aident financièrement.
Quels sont les enjeux futurs et les messages de prévention essentiels ?
Lassa est une des viroses qui fait peur à juste titre. Tous ces virus émergents pourraient causer de gros ennuis, et les recherches sur ces viroses pourraient aider à mieux répondre à d’autres viroses émergentes à l’avenir. Les règles d’hygiène de base, comme se laver les mains, restent essentielles pour prévenir ces maladies transmises par des animaux.
> Consultez le podcast complet de l’émission “Priorité Santé” sur RFI
Photo de couverture © Yvonne Etinosa / ALIMA