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27 février 2024

Pourquoi la localisation de l’aide humanitaire n’avance-t-elle pas ?

À l’occasion de la Journée Mondiale des ONG, Dr Moumouni Kinda, Directeur général d’ALIMA, appelle dans une lettre ouverte, à rendre les financements de l’aide humanitaire plus flexibles, condition nécessaire pour répondre plus efficacement aux besoins humanitaires grandissants.

Chers humanitaires et soutiens de l’aide,


Après plus de 15 ans d’humanitaire, je fais toujours le même constat : les financements de l’aide #humanitaire ne sont pas suffisamment adaptés aux besoins. Depuis 2016, on parle d’une louable « #localisation de l’aide », mais rien n’a vraiment changé.


Pourtant, nul besoin de démontrer la pertinence de donner plus de pouvoir aux acteurs locaux. Il faut leur octroyer plus de fonds certes, mais il est aussi nécessaire de les accompagner pour renforcer leurs capacités à les gérer et à mettre en œuvre l’action humanitaire de façon performante.


Dès sa création en 2009, ALIMA a initié un modèle innovant de partenariat étroit avec des ONG nationales en Afrique de l’Ouest. ALIMA apporte le savoir-faire d’une structure internationale, tout en renforçant l’opérationnalisation durable de six ONG nationales. Tel est le fondement de notre modèle.

Mais la structuration de la plupart des financements humanitaires ne permet malheureusement pas de réaliser complètement notre ambition. Rigides, orientés et restreints dans le temps, ils nous aident certes à répondre aux urgences sanitaires, mais pas à construire une réponse humanitaire plus adaptée et durable.


Nous avons besoin de fonds pluriannuels plus flexibles ! Plus flexibles pour améliorer la qualité des réponses humanitaires et soutenir le renforcement des capacités des ONG locales ; pluriannuels pour sortir d’une gestion court-termiste inadaptée à des besoins humanitaires grandissants.


Des partenaires financiers, encore peu nombreux, l’ont compris. Foncièrement attachés à rendre ALIMA agile et performante dans ses opérations, ils allouent des budgets dédiés au renforcement structurel d’ALIMA, en plus de financer des projets de réponse humanitaire sur le terrain. Ils font confiance à ALIMA et à ses ONG locales partenaires pour identifier les besoins des communautés et allouer les ressources en conséquence. Grâce à cette flexibilité, ils soutiennent le modèle de partenariat singulier d’ALIMA, qui peut dédier des fonds pour le renforcement organisationnel de ses ONG locales partenaires, tout en menant ensemble des projets à fort impact.


Fondations, organisations philanthropiques et entreprises, grâce à votre formidable capacité à engager des fonds librement, vous avez ce pouvoir de démultiplier notre impact et de nous aider à innover pour faire face aux défis humanitaires du XXIème siècle.


Bailleurs institutionnels, vous êtes depuis toujours ceux qui nous financent le plus pour sauver des vies. Ensemble, soyons plus créatifs ! Il ne s’agit pas de donner moins pour le patient mais plus pour le fonctionnement des ONG, en particulier de celles qui portent ce type de modèle hybride, qui allie la puissance d’une ONG internationale à l’ancrage et aux connaissances du terrain des ONG locales. Il ne s’agit pas d’opposer local et international, mais de les rendre complémentaires. Nous avons besoin urgemment de plus de financements flexibles.


C’est ainsi que nous répondrons le plus efficacement aux urgences humanitaires.

Dr Moumouni KINDA, Directeur général – ALIMA

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