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6 juillet 2020

COVID-19 au Burkina Faso: « Nous ne devons pas crier victoire trop vite mais plutôt avancer pas à pas »

Au Burkina Faso, où le COVID-19 a été déclaré le 9 mars 2020, ALIMA, KEOOGO et SOS Médecins Burkina Faso, apportent leur soutien au Centre Hospitalier Universitaire de Tengandogo de Ouagadougou, la capitale du pays. Le Dr Eudoxie Koumbem fait partie des 133 personnels soignants et hygiénistes du consortium qui travaillent à assurer des soins de qualité. Mi-juin, plus de 80% des patients confirmés COVID-19 reçus à l’hôpital en étaient ressortis guéris. Elle témoigne.

Le Dr Eudoxie Koumbem travaillait pour ALIMA/SOS Médecins Burkina Faso/KEOOGO depuis seulement quelques semaines lorsqu’une jeune femme a été amenée à l’hôpital où elle exerçait. La patiente de 38 ans, originaire d’un pays voisin, vivait en situation de vulnérabilité à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Elle fut alors emmenée à l’hôpital et testée pour le coronavirus.

Bien que la patiente ait été testée négative au virus, elle était extrêmement malade, et souffrait de problèmes respiratoires, incapable de se rétablir et sans famille ni amis pour la soutenir. Le Dr Koumbem s’est assise longtemps à son chevet pour l’encourager à ne pas abandonner.

« Elle m’a confié qu’elle avait un fils de 9 ans. Je lui ai dit de se battre pour lui, de se battre pour rester en vie », explique le Dr Koumbem en baissant la tête, avant d’ajouter : « Elle était tellement jeune et elle avait toute sa vie devant elle. »

Malgré tous les soins prodigués, la jeune femme n’a pas survécu.

Aider à guérir les patients est l’une des raisons pour lesquelles le Dr Koumbem s’est consacrée à la médecine. Aujourd’hui, cette médecin de 28 ans s’investit pour relever un défi qu’elle n’avait jamais imaginé : l’arrivée du COVID-19.

En avril dernier, le Dr Koumbem s’est engagée en première ligne pour lutter contre le coronavirus. « En tant que médecin, c’était mon unique moyen d’aider le pays dans la lutte et l’éradication de cette maladie », déclare-t-elle.

Bien qu’elle ait déjà traité des maladies infectieuses, comme la dengue, le Dr Koumbem n’avait jamais travaillé en situation d’urgence ou avec des patients atteints d’un virus aussi contagieux.

Assise dans la tente de triage à l’extérieur de d’Hôpital de Tengandogo – le principal hôpital désigné pour les patients atteints de COVID-19 à Ouagadougou – le Dr Koumbem sourit en se souvenant à quel point elle était terrifiée lors de son premier jour.

« J’ai été envoyée aux urgences et j’étais anxieuse, effrayée », raconte-t-elle. Alors qu’elle avait récemment appris à porter un équipement de protection individuelle, elle était inquiète lors de ses premières utilisations. L’une des choses les plus contraignantes était également de porter le masque toute la journée. « Au début, il était très difficile de respirer », explique-t-elle.

En tant que médecin superviseur de la zone de triage et des services urgences pour ALIMA/KEOOGO et SOS Médecins, Dr Koumbem doit trouver des solutions pour que les patients reçoivent les meilleurs soins. Ce qui a été difficile pour elle, c’était de surmonter la stigmatisation qui accompagne le travail des soignants, ainsi que la peur d’infecter ceux qui l’entourent.

Lorsqu’elle a commencé à travailler à l’hôpital, le Dr Koumbem a emménagé dans une maison séparée, dans l’enceinte familiale, afin de ne pas risquer de contaminer sa mère, asthmatique, ou son frère, qui vivent avec elle. Même si sa famille est solidaire, la communauté était d’abord méfiante et réticente, notamment les gens de son quartier qui ont appris sa mission.

Mais le Dr Koumbem a persisté, en informant et en sensibilisant sur le coronavirus, expliquant par exemple comment se protéger. « Après quelques semaines, quand ils ont vu que ma famille et moi étions en bonne santé, ils ont été rassurés. »

Selon elle, la clé pour sortir de la pandémie est la solidarité, en particulier parmi le personnel de santé.

Alors que les pays commencent à assouplir les restrictions, le Dr Koumbem avertit sur le fait que la population doit rester vigilante et se rappeler que la situation peut changer très rapidement. « Il s’agit d’une maladie très contagieuse. Nous ne devons pas crier victoire trop vite mais plutôt avancer pas à pas. »

Photos : © Sam Mednick / ALIMA

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