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19 juin 2024

Haïti : Quand église et école deviennent les refuges des déplacés internes

Mélanie Blond, directrice de la communication d’ALIMA, s’est rendue à Haïti pour témoigner des conditions de vie des personnes déplacées internes. À travers son reportage, elle décrit la situation critique des habitants et l’aide apportée par ALIMA dans différents sites de Port-au-Prince.

La vie à l’église internationale primitive

À Port-au-Prince, dans le quartier de Delmas, se trouve l’église internationale primitive. Le pasteur de cette église a généreusement ouvert ses portes pour accueillir les personnes déplacées internes.

Dans cette église, une clinique mobile d’ALIMA vient régulièrement fournir des soins médicaux essentiels. Les patients sont d’abord identifiés et triés selon leurs pathologies, puis orientés vers des espaces de consultation pour recevoir une prise en charge médicale complète, notamment psychologique.

A chaque fois, une soixantaine de patients reçoivent des soins dont ils ont été privés pendant des mois. .  A cause des violences, les structures sanitaires publiques sont presque toutes dysfonctionnelles, tandis que les soins dans les structures privées sont souvent financièrement inaccessibles.

“Le pasteur m’a dit ‘Mon fils, viens chez moi, c’est permis’”

Roberto a tout perdu, sa maison a été prise début 2023 avec des “bandits”, et depuis, il vit à  l’église internationale primitive. Il est même devenu coordinateur de ce site, c’est-à-dire qu’il participe à en organiser la vie.

« Nous sommes venus depuis début 2023 parce que les bandits ont pris notre territoire, nos maisons, tout ce que nous possédions. Le 21 janvier, vers 2h de l’après-midi, nous avons entendu des tirs. Les bandits armés ont pris nos territoires et nous ont dit : “On prend le contrôle, personne ne peut partir.” À ce moment-là, la police a échoué, le commissariat a été détruit et brûlé. Ils ont pris ma maison, ma voiture, j’ai dû fuir en laissant tout derrière moi, y compris ma Bible. Je me suis retrouvé dans la rue avec ma fille. Nous sommes partis sans savoir où nous allions. »

« J’ai contacté le Pasteur pour lui dire que les bandits armés avaient expulsé les gens de mon quartier. Il m’a dit : “Mon fils, viens chez moi, c’est permis.” Je suis venu ici, mais je ne savais pas combien de temps cela durerait. Grâce au pasteur, nous avons trouvé refuge ici. Depuis ce jour, nous vivons des calamités. Avant, les ONG nous apportaient de l’eau et de la nourriture. Maintenant, nous sommes seuls. Nous vivons comme dans la jungle. Mais même la jungle a une loi. Dans la jungle, le lion est le chef, mais nous, nous ne sommes pas des animaux. »

Haiti-Urgences-Robert-Refugie-Eglise-Internationale-Primitive

376 familles à l’école Caroline Chauveau

Le site de déplacement interne à l’école Caroline Chauveau, situé au Champ de Mars à Port-au-Prince, accueille environ 500 personnes réparties sur 376 familles. Les conditions de vie y sont extrêmement difficiles : les familles s’entassent dans la cour de l’école, les bâtiments et même sur les balcons, faute d’espace.

Dans une simple pièce, 25 à 30 personnes sont au coude-à-coude. La présidente du comité citoyen qui gère ce site explique que la nourriture commence à manquer et qu’ils ont besoin de kits de nutrition.

ALIMA intervient régulièrement avec des cliniques mobiles pour fournir des soins et proposer un accompagnement en santé mentale. Les enfants participent à des ateliers de thérapie par l’art, où ils dessinent leur quotidien, révélant les traumatismes qu’ils subissent. Certains enfants dessinent deux maisons, racontant leur nostalgie de leur ancienne maison et l’impact du déplacement sur leur éducation et leur bien-être.

Les défis quotidiens auxquels ces communautés sont confrontées soulignent la nécessité d’une solidarité et d’un soutien continu.

ALIMA
Haïti : Quand église et école deviennent les refuges des déplacés internes

Haïti : Quand église et école deviennent les refuges des déplacés internes

Posted by ALIMA on Tuesday, Mai 5, 2024

*Photo de couverture © Mélanie Blond/ALIMA

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