Ces dernières années, au Burkina Faso comme dans d’autres pays du Sahel, les communautés font face à des chocs récurrents qui augmentent sensiblement leur vulnérabilité et accroissent les besoins humanitaires. Inondations, sécheresses, vents violents, maladies épidémiques (rougeole, méningite, dengue, etc.), attaques des groupes armés, mouvements de population… ces chocs mettent à rude épreuve le système sanitaire.
Dans le district de Tougouri, au Centre Nord du pays, seules 8 des 29 structures de soins (soit , soit 27,58 %) sont encore en mesure d’accueillir des patients ; limitant drastiquement, pour les populations, l’accès aux soins. « Pour réduire les effets des aléas sur la communauté, ALIMA et ses partenaires locaux, en consortium avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Terre des Hommes et Action contre la Faim (ACF), accompagnent les structures sanitaires nationales et locales pour mieux préparer la réponse locale aux catastrophes et améliorer les performances des dispositifs d’alerte au niveau communautaire », explique le Dr T. Dénis Kafando, Coordinateur Médical adjoint d’ALIMA au Burkina Faso.
En 2021, le consortium ALIMA / KEOOGO / SOS Médecins Burkina Faso a commencé à y implémenter la stratégie SURGE (« montée en puissance », en anglais). Elle vise à renforcer le système de santé en anticipant les chocs connus et récurrents, permettant de mieux planifier les activités durant l’année.
Former le personnel de santé local pour améliorer l’accès aux soins
Certains chocs peuvent en effet être anticipés. Chaque année par exemple, en période de soudure, lorsque les greniers sont vides avant la prochaine récolte, les familles affluent vers les centres de santé avec des enfants souffrant de malnutrition aiguë. En août 2023, 106 enfants atteints de malnutrition aiguë sévère ont été admis au centre médical de Tougouri, contre 11 en février de la même année. Un afflux difficile à gérer pour des structures non préparées.
Le consortium ALIMA / KEOOGO / SOS Médecins BF a formé les acteurs de santé locaux et communautaires à l’élaboration d’un calendrier des chocs (récurrents et risques plus ponctuels). Ils mettent en lumière, entre autres, la saisonnalité des maladies, notamment cinq maladies pédiatriques courantes : les maladies diarrhéiques, le paludisme, les infections respiratoires, la rougeole et la malnutrition aiguë.
« L’élaboration du calendrier des événements a permis aux acteurs communautaires en première ligne d’anticiper des événements qui pourraient occasionner une hausse des consultations et de les préparer en conséquence », explique le Dr Hamidou Salbre, Médecin superviseur sur le projet SURGE.
L’étape suivante est essentielle : il s’agit d’établir des seuils d’alerte en fonction des moyens financiers et humains disponibles. Ils définissent la capacité d’absorption des patients. Quatre phases différentes sont définies. En « phase normale », le centre de santé est capable d’absorber les flux avec ses capacités financières et humaines.
Dans les phases d’alerte, sérieuse et d’urgence, des stratégies sont mises en place pour réussir à absorber le flux des patients, en particulier grâce à un soutien plus global (aux niveaux régional et national). Des plans de contingence sont également préparés en cas de catastrophe sanitaire et/ou environnementale.
La stratégie SURGE est essentielle au Burkina Faso, tant la dégradation de la situation sécuritaire et l’aggravation des conséquences des dérèglements climatiques menacent les populations. Apporter des soins à toute la population est tous les jours plus complexe et rend primordial d’assurer une action humanitaire au niveau local et communautaire.
Cette stratégie d’implication directe des acteurs locaux est au cœur du modèle d’ALIMA, ONG internationale qui travaille depuis 2012 en partenariat avec KEOOGO et SOS Médecins BF, deux ONG burkinabè. Elle apporte une aide humanitaire adaptée et performante, dans des contextes complexes.
Ce projet a reçu le soutien financier de la Commission européenne à la protection civile et aux opérations d’aide humanitaire de l’Union européenne (ECHO).
Photo de couverture : © Olympia de Maismont/ ALIMA