Depuis 2017 au Cameroun, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le conflit armé entre groupes séparatistes et forces gouvernementales a contraint plus de 670 000 personnes à fuir leur foyer et 596 000 enfants ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence*. Ces populations vivent dans des conditions difficiles, avec un accès très limité aux soins de santé.
Pour répondre à cette urgence, ALIMA (The Alliance for International Medical Action) a mis en place un projet dans la zone de Bamenda, région du Nord-Ouest. Financé par l’Union européenne, ce programme vise à réduire la morbi-mortalité maternelle et infantile, en garantissant des soins gratuits aux femmes enceintes, aux mères allaitantes et aux jeunes enfants. Au-delà des consultations médicales, le programme propose une prise en charge complète aux populations hôtes et déplacées : santé, nutrition, hygiène, soins psychologiques, sensibilisation et réponse rapide en cas d’urgence.
Permettre aux femmes d’accoucher en toute sécurité
Promise, enceinte de 6 mois, se rend au centre de santé d’Awing depuis plusieurs années. Elle y a accouché de son premier enfant et témoigne de l’importance de l’accès aux soins :
« Ma grossesse était compliquée, mais grâce aux médecins et au soutien d’ALIMA, tout s’est bien passé. Après mon opération, je pensais devoir payer mais tout a été pris en charge. C’était un vrai soulagement ! Depuis, je reviens pour mes visites prénatales et j’encourage d’autres femmes à faire de même. »
Promise
Violet, 34 ans, enceinte de 5 mois, s’est rendue au centre de santé d’Akum avec sa sœur et son fils de 2 ans, pour suivre sa consultation prénatale. Mariée à un pasteur, elle est cultivatrice et suit actuellement une formation pour devenir couturière.
« Après la perte de mon bébé l’année dernière, cette nouvelle grossesse représente un espoir. Les conseils des médecins me rassurent énormément. Je vais accoucher ici et poursuivre mes consultations postnatales. De nombreuses femmes viennent de loin pour bénéficier de ces soins. »
Violet
Mirien, 29 ans, est couturière et enceinte de 8 mois. Son mari l’a emmenée au centre de santé d’Akum pour sa troisième consultation prénatale.
« Il existe des cliniques privées plus proches de chez moi, mais les soins sont payants. Les soins offerts ici sont essentiels pour des familles comme la mienne. Après quatre fausses couches, cette grossesse est une chance inespérée. «
Mirien
Des équipes engagées auprès des populations
Derrière ces soins, des équipes de santé travaillent sans relâche pour assurer la continuité des services, malgré les défis posés par le conflit.
Wasso Anchimbom, 33 ans, superviseur de la pharmacie ALIMA à Bamenda, constate au quotidien l’impact direct du travail des équipes.
“Je suis originaire de cette région. En quelques mois seulement, j’ai vu ce que notre présence apporte aux populations. Souvent, des membres de la communauté nous interpellent pour nous remercier d’être là pour eux.”
Wasso Anchimbom
John Joseph Ocheibi est Nigérian et Coordinateur Projet au bureau ALIMA à Bamenda.
“L’acceptation d’ALIMA par les communautés est impressionnante. Pendant la saison des pluies, notre véhicule s’était enlisé dans la boue. Nous ne pouvions rien faire. En quelques minutes, les habitants sont venus pousser la voiture, sans rien attendre en retour, et nous avons pu repartir.”
John Joseph Ocheibi
Un projet porté par et pour la communauté
L’influence du projet d’ALIMA repose aussi sur l’engagement des acteurs locaux.
Céline, 46 ans, est cultivatrice et mère de cinq enfants. En parallèle, elle est travailleuse communautaire.
“Je sensibilise ma communauté aux services de santé offerts. ALIMA n’exclut personne. Les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans sont prioritaires, mais je réponds aussi aux questions des hommes et des jeunes. Il y a peu, j’ai moi-même fait soigner mon fils malade qui a pu reprendre l’école.”
Céline
Enfin, Flavine Agbor, 28 ans, superviseure médicale du projet, met en avant l’importance de sa mission.
“Je suis originaire de Mamfé, ville voisine à Bamenda et je me sens directement concernée par la crise qui touche ma région.
Flavine Agbor
Malgré le contexte d’insécurité, je n’ai pas hésité à rester sur place pour travailler sur ce projet. Il faut être passionné pour faire ce métier.”
** Selon The Humanitarian Needs Overview 2024
Photographies : Daniel Beloumou/ALIMA
Texte : Cora Portais
Au Cameroun, ALIMA collabore étroitement avec l’ONG locale DEMTOU Humanitaire, permettant ainsi d’adapter ses interventions aux besoins spécifiques des populations affectées par des crises humanitaires, notamment dans l’Extrême-Nord et les régions anglophones.
