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16 avril 2024

Mon aventure chez ALIMA

Je suis arrivé chez ALIMA en janvier 2024. Un mois et demi plus tard, j’ai eu la chance d’aller en mission au Mali, puis au Burkina Faso. Faisant fi de ma fatigue, n’écoutant que ma passion de raconter des histoires, j’ai traversé le fleuve Sénégal pour aller en Mauritanie. En quelques semaines, j’ai touché le cœur du travail d’ALIMA. Derrière les chiffres-clés j’ai découvert des personnes, derrière les financements, j’ai trouvé une assistance fournie par des collègues et à l’endroit des cadres logiques, j’ai vu des paysages, des villages et des villes.

En pays Dogon


Le point de départ de mon périple ? Bandiagara, dont les fameuses falaises sont connues de la plupart des écoliers sénégalais… Une zone minée par les violences de groupes armés. Violences méconnues des médias, violences silencieuses qui mettent en péril les moyens de subsistance et la santé des communautés. Violences qui n’empêchent pas à l’aide humanitaire d’arriver, malgré tout. “Nous étions là à un moment où personne ne voulait y être”, me disait un collègue.
A Bandiagara, en plein pays Dogon, j’ai découvert le visage de la malnutrition. Dans un quotidien fait de privation, la malnutrition tisse une toile dans laquelle les déplacés sont les premiers à tomber, eux qui tutoient déjà l’extrême vulnérabilité Les violences barrent l’accès aux champs, fragilisent l’économie locale, paupérisent les communautés.

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© ALIMA


Au pays des hommes intègres


La seconde étape fut le pays des hommes intègres, le Burkina Faso. A Ouahigouya et à Kaya, j’ai rencontré beaucoup de personnes : des patients venus se faire soigner dans les centres de santé d’ALIMA, des collègues qui ont partagé un bout de leur parcours et de leurs ambitions. Le Burkina n’échappe pas au cycle des violences qui frappent une partie du Sahel, affectant en même temps la fourniture d’aide humanitaire. L’insécurité ambiante fait que certains centres de santé ferment plus tôt. Ce qui fait dire à une patiente “la santé n’a pas d’heure ”. J’ai été particulièrement touché par l’engagement des collègues et des partenaires sur le terrain.


Du sable et des kilomètres en Mauritanie


La dernière étape de mon périple fut la Mauritanie. On a troqué la douceur du climat Nouakchottois pour une zone réputée caniculaire, Aleg, à environ quatre heures de route de la capitale et énormément de checkpoints. La température annoncée par la météo n’a pas été ressentie. Tout au long des kilomètres jalonnés de dunes sablonneuses, de bosquets touffus et d’arbres épineux, je guettais, sans jamais en apercevoir, des cours d’eau. L’eau était une problématique récurrente. Pas d’hygiène adéquate sans eau propre et potable. Comme cette parole d’un médecin à Boghdida, qui tout en saluant le travail d’ALIMA, regrettait néanmoins que nous ne leur fournissons pas d’eau. A Aleg, j’ai eu la surprise de discuter avec une femme nommée… Alima !

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© ALIMA


Comment raconter la souffrance ?


Raconter des histoires en santé n’est pas ce que j’ai fait de plus simple. Il m’a fallu naviguer entre la souffrance des personnes avec lesquelles je discutais et l’exigence de montrer l’appui inlassable de l’ONG, au chevet de ces communautés, dans des endroits où je n’ai pas aperçu d’autres ONG. Je ne dis pas qu’elles n’y sont pas. Ce serait peut-être faux et ce serait aussi méconnaître tout le travail que ces sentinelles abattent quotidiennement pour soulager les souffrances des personnes dans le besoin. Ce que je retiens ? Ces bribes de conversations, ces routes interminables, ces cieux multiples, les émotions ressenties, toutes ces petites choses qui n’entrent pas dans les légendes des photos ou les récits qu’on publie. Toutes ces richesses qu’on voudrait partager et qui font de nous de meilleurs êtres humains. C’est un fil qui lie ma passion de raconter des histoires (ou d’en écouter) à leurs récits personnels. Il m’a fallu voir là où c’était nécessaire de poser des questions, et là où il fallait respecter le silence de ces gens, qui par les hasards de la géographie et de l’histoire auraient pu « être moi ». Poser les questions qu’il faut, sans être trop intrusif. Nouer contact en quelques minutes. Ne pas être un voleur d’histoires, mais plutôt un receveur. Car chaque seconde enregistrée, chaque ligne écrite plus tard, est un don.


Lexique d’un petit routard


Le terrain, c’est aussi enrichir son vocabulaire. J’ai découvert de nouveaux mots , MUAC, PB-mères (pas dans le dictionnaire celui-là), bande de shakir (non non, ce n’est pas un gros-mot). C’est aussi faire un ranking des meilleures cuisines. Aleg, calme Aleg, tu remportes la palme de la meilleure cuisine, devant le Burkina et son fameux poulet bicyclette (ou vélo, pour les réfractaires à l’orthographe!) n’a pas son “deux”.


Donnez-moi encore quelques minutes…


Ici, je dois mentionner la frustration qui m’habite à chaque fois que je vais sur le terrain. Il y a certaines histoires qu’on aimerait continuer, car ce sont de vraies rencontres. Aller chez la personne, partager son quotidien afin de montrer quelle place occupe ALIMA dans sa vie. Un enfant qui ne souffre pas, c’est de la joie dans une maisonnée, c’est plus qu’une assistance, c’est la vie.

Photo de couverture © ALIMA

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