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20 mars 2023

Santé nutritionnelle et mentale : au cœur du projet « 1 000 jours » au Burkina Faso

Au Burkina Faso, alors que la situation sécuritaire et humanitaire se dégrade, ALIMA (The Alliance for International Medical Action) soutient le couple mère-enfant dans les 1 000 premiers jours de vie des enfants, dans le cadre du projet gouvernemental « Filets Sociaux », visant à lutter contre la pauvreté dans plusieurs régions du pays.

Le suivi des 1 000 premiers jours de vie, du début de la grossesse au deuxième anniversaire de l’enfant, est crucial pour le développement du bébé et la santé de sa mère. ALIMA apporte son expertise en santé materno-infantile dans un projet d’envergure au Burkina Faso, où la situation humanitaire ne cesse de se dégrader depuis 2018. Pour les près de deux millions de personnes déplacées internes*bénéficier d’un accès aux soins est devenu un réel défi.

ALIMA et ses partenaires nationaux, le Ministère de la Santé, KEOOGO et SOS Médecins Burkina Faso, travaillent main dans la main avec l’Unité de gestion de projet (UGP)*, le Gret (Professionnels du développement solidaire) et l’ISSP (Institut supérieur des sciences de la population) dans le cadre du projet « Filets Sociaux », une initiative de protection sociale lancée en avril 2021 par le gouvernement burkinabè.

L’objectif du projet est de démontrer que des transferts monétaires, associés à des mesures d’accompagnement en santé materno-infantile et en santé nutritionnelle, amélioreront la situation médico-nutritionnelle des femmes enceintes et allaitantes et de leurs enfants. Dans ce projet global, le rôle d’ALIMA est d’assurer le suivi de la santé des mères et des jeunes enfants.

L’approche « 1 000 jours » au cœur du projet

Cette approche se concentre sur le couple mère-enfant. Les 1 000 premiers jours de la vie d’un d’un enfant sont cruciaux pour son développement et la santé de sa mère, et nécessitent une attention particulière.

« Les mères sont accompagnées pendant leurs grossesses grâce à des consultations pré et post natales. Consultations et accouchements sont réalisés dans des établissements de santé soutenus par le projet, ce qui permet d’assurer une prise en charge adaptée grâce à un personnel formé pour dispenser des soins de qualité », explique le Dr Céline Beogo, médecin experte du programme « 1 000 jours » à Ouagadougou.

Pour les équipes sur le terrain, « dispenser des soins de qualité » passe d’abord par la rénovation des infrastructures pour améliorer l’accueil des patient.es, l’assainissement et la gestion des déchets, mais aussi par la mise en place de dispositifs médicaux et de médicaments pour les structures. Parallèlement le personnel médical est formé aux soins obstétricaux d’urgence, et à la prise en charge intégrée des maladies infantiles et de la malnutrition aiguë. Depuis le début du projet, 134 personnes ont bénéficié de ces formations.

Associer bonne nutrition et santé mentale

« Les prix des denrées alimentaires ont augmenté. Je n’arrive pas à me nourrir convenablement, il est difficile pour moi d’allaiter mon nourrisson », confie Ouédraogo Ledo, bénéficiaire du projet. Dans un contexte d’inflation et d’accès difficile aux soins, les familles sont sensibilisées aux premiers signes des maladies fatales aux enfants, notamment la malnutrition aiguë et ses complications.

Docteur Céline Beogo explique : « l’approche intégrée du projet, centrée sur les 1 000 premiers jours de la vie de l’enfant, permet de former les mères et les familles à dépister et ainsi à prévenir la malnutrition et les maladies infantiles telles que le paludisme, les maladies diarrhéiques ou encore les infections respiratoires aiguës ». Par exemple, les familles sont formées à l’utilisation du bracelet PB-mères qui leur permet de mesurer le périmètre brachial de l’enfant et d’identifier par elles-mêmes les premiers signes de malnutrition. Elles peuvent ainsi les emmener au plus tôt au centre de santé le plus proche si nécessaire.

Nutritionnelle, Burkina Faso, 1000 jours

© ALIMA

Prendre soin des mères et de leurs jeunes enfants, c’est aussi considérer leur état émotionnel et mental, surtout chez des populations qui vivent des tragédies telles que les déplacements forcés. Au Burkina Faso, les populations sont de plus en plus forcées à abandonner leurs maisons et leurs terres pour fuir l’insécurité.

Le soutien psychosocial est alors indissociable des soins et de la prise en charge nutritionnelle pour espérer agir durablement car cette approche holistique réduit considérablement les cas de rechute – et réduit ainsi les complications et les décès. Un suivi psychologique du couple mère-enfant s’organise autour de consultations individuelles ou de groupe, et des activités de psychostimulation permettent de développer les capacités psychomotrices et psychiques de l’enfant . Début mars 2023, 5 566 couples mère-enfant ont bénéficié de ce programme.

Nutritionnelle, Burkina Faso, 1000 jours

© Amadou Cisse / ALIMA

 La recherche, partie intégrante du projet

Une équipe de chercheurs de l’Institut Supérieur des Sciences de la Population, hébergée à l’université Joseph KI-ZERBO de Ouagadougou, mène actuellement une recherche opérationnelle sur ce projet afin de mesurer l’impact des transferts de fonds et des mesures d’accompagnement sur la santé mentale, reproductive, maternelle, néonatale, infantile, ainsi que sur la santé nutritionnelle de l’enfant..

Des données sont collectées tous les six mois auprès des familles bénéficiaires. Cette collecte porte entre autres sur les pratiques en matière de santé, la dépression périnatale, la nutrition de la mère et de l’enfant, la sécurité alimentaire, la pratique de l’allaitement exclusif, l’emploi, l’éducation, ainsi que la pauvreté des ménages.

Ce projet a reçu le soutien financier de la Fondation Bill & Melinda Gates et de l’Agence Française de Développement.

Photo de couverture : © ALIMA

*Source : le rapport du Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) du 31/12/2022

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