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12 septembre 2011

Prise en charge du Choléra dans le Bandundu et Kinshasa

ALIMA répond à l’épidémie de choléra qui sévit en RDC. Depuis plusieurs mois une nouvelle épidémie de choléra frappe la République Démocratique du Congo, touchant plus de 5 200 personnes réparties sur les 4 provinces le long du fleuve Congo (Orientales, Equateur, Bandundu et Kinshasa). Rien que dans la province de Kinshasa c’est plus de 10 millions de personnes qui sont menacés par cette épidémie.

Face à cette épidémie ALIMA vient d’ouvrir un nouveau projet de prise en charge du choléra et de renforcement du système de surveillance épidémiologique dans les provinces du Bandundu et de Kinshasa.

Richard Kojan, coordinateur médical sur le terrain nous présente la situation actuelle et les actions mises en place par ALIMA sur ce projet :

Richard Kojan, pouvez-vous nous expliquer tout d’abord en quoi consiste le choléra ?

Richard Kojan : Il faut savoir que le choléra est généralement caractérisé par l’émission de selles liquides. Il peut être accompagné de vomissements et évoluer très rapidement vers une déshydratation sévère et un collapsus cardio vasculaire.

Le choléra, s’il n’est pas traité rapidement, peut entrainer un taux de mortalité au-delà des 50%. Alors que s’il est pris en charge correctement, ce taux peut descendre jusqu’à 1%. D’où la nécessité d’intervenir rapidement.

Depuis quelques semaines une nouvelle épidémie de choléra sévit en RDC. Quelle est la situation actuelle et comment s’est propagé le choléra ?

RK : Si on doit dire un mot sur la situation en RDC, ça fait un peu plus de 2 mois que l’épidémie a été déclarée. Elle est partie des régions de l’Est (province Orientale), puis a suivi le fleuve, pour enfin atteindre Kinshasa.

Aujourd’hui, là ou l’épidémie a commencé, en province Orientale, il y a de moins en moins de cas. Alors que tout le long de fleuve les cas de choléra restent résistants, tout particulièrement dans les ilots (zones de résistance de la maladie) en Equateur, au Bandundu et actuellement à Kinshasa.

Il faut comprendre que dans le fleuve il y a des ilots, et au niveau de ces ilots il y a des populations qui y vivent. Hors, ces populations n’ont pour eau, que l’eau du fleuve. Tout ce passe donc avec l’eau du fleuve. Et comme vous savez l’eau du fleuve charrie les vibrio cholere qui sont des germes à l’origine du choléra, d’où une propagation rapide de l’épidémie.*

Présentement dans la ville de Kinshasa il n’y a pas beaucoup de cas. Je dirais… un cas par zone de santé, voire un peu plus. Ce qu’il faut rappeler c’est que la situation actuelle correspond à la saison sèche. Ce que tous les experts redoutent c’est qu’avec la saison des pluies d’ici deux, trois semaines il y ait une nouvelle flambée de l’épidémie et l’augmentation du nombre de cas de choléra. C’est pourquoi une stratégie est en train d’être mise en place. Il faut préparer la riposte, préparer cette flambée.

Pouvez-vous nous en dire plus à propos de cette stratégie de riposte et des actions menées sur place ?

RK : Cette stratégie consiste à faire une très bonne surveillance, il s’agit de mettre en place des Unités de Traitement du Choléra (UTC) dans les différentes zones de santé, le tout, accompagné de Points de Réhydratation Oraux (PRO).

Pour nous, ALIMA, notre intervention se situe au niveau du volet de prise en charge, du volet prévention, du volet surveillance épidémiologique et du volet intervention. Au niveau de la prise en charge, nous nous positionnons sur la ville-province de Kinshasa dans 4 zones de santé, avec la mise en place de 4 UTC ainsi que plusieurs PRO. Dans le Bandundu, une équipe est déjà sur place et nous prévoyons le montage de 3 UTC ainsi que plusieurs PRO.

Donc, je rajouterais que dans notre volet de prise en charge, il y a un autre volet, celui de l’investigation. Nous allons travailler en collaboration avec le laboratoire national ainsi que la 4ème Direction (cellule choléra du Ministère de la Santé) pour la surveillance épidémiologique et l’investigation.

En ce qui concerne la prise en charge du choléra chez les malades, comment s’organise-t-elle ?

RK : Au niveau des UTC, les patients qui arrivent ont la diarrhée. Mais comment savoir s’il s’agit bien du choléra ou non ? Et bien c’est très simple, il y a ce qu’on appelle la définition de cas. Le malade qui est âgé de plus de 5 ans, qui arrive dans le centre, qui répond à la définition du cas de choléra (trois selles en 24h avec un aspect « eau de riz ») et bien, dans un contexte épidémique, on le considère comme cas suspect.

Le patient va donc être pris en charge. Ce qui est important c’est de corriger la déshydratation du patient. On évalue ainsi son état clinique (état de déshydratation, soit sévère ou modérée). En effet tout va dépendre de son degré de déshydratation, selon qu’il nécessite une prise en charge plus longue ou non. C’est vraiment le plus important. Il faut impérativement corriger la déshydratation et ensuite administrer les autres soins. En outre, avant d’administrer des antibiotiques, on procède au prélèvement des selles afin de confirmer la présence du choléra.

Quels types de partenariats sont mis en place dans ce projet ?

RK : Pour nous, au niveau d’ALIMA, notre action vise à accroitre la capacité réactionnelle et opérationnelle des acteurs nationaux. C’est pourquoi en RDC nous travaillons avec des ONG nationales. Une qui est basée à l’Est du pays et qui a l’habitude de prendre en charge le choléra, NETRESE, et une basée dans ici à Kinshasa et dans le Bandundu, l’ECVM. En outre nous travaillons également avec des acteurs officiels du pays, comme par exemple le Ministère de la Santé et ses différentes cellules centrées sur le choléra.

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