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6 septembre 2012

Sutra2 – Témoignage de Garry Lindor, chargé de l’accueil des patients

Garry Lindor est haïtien. Le 12 janvier 2010, sa jambe est écrasée lors du tremblement de terre qui frappe son pays. Soigné par les équipes de ALIMA, il retrouve sa mobilité un an plus tard et travaille par la suite avec nos équipes en tant que chargé du contact et de l’accueil des patients pour le projet SuTra2 – SUivi et TRAitement du TRAumatisme des membres en cas d’afflux massif de blessés dans les contextes difficiles. Il témoigne de son travail.

Garry Lindor est haïtien. Le 12 janvier 2010, sa jambe est écrasée lors du tremblement de terre qui frappe son pays. Soigné par les équipes de ALIMA, il retrouve sa mobilité un an plus tard et travaille par la suite avec nos équipes en tant que chargé du contact et de l’accueil des patients pour le projet SuTra2 – SUivi et TRAitement du TRAumatisme des membres en cas d’afflux massif de blessés dans les contextes difficiles. Il témoigne de son travail.

Mon rôle dans le Projet SuTra2, en tant que chargé du contact et de l’accueil des patients était de confirmer les rendez-vous avec les patients et de les convaincre de participer à la seconde partie de l’étude s’il le fallait.

Je devais appeler les patients au téléphone et les convaincre de se rendre à la visite, les accueillir, les indemniser, gérer la caisse et procéder à la traduction.

Le bureau central de ALIMA prenait les rendez-vous et la veille de chaque entrevue, j’appelais les patients pour confirmation et s’il le fallait, je tentais de les convaincre. J’essayais toujours de me mettre à leur place en leur demandant s’ils ressentaient de la douleur, depuis quand ils avaient vu un médecin et ce que le médecin leur avait répondu. Je leur expliquais également toute l’importance de ce programme pour l’avenir du pays et je les informais de ce dont ils allaient bénéficier : une consultation et une intervention chirurgicale gratuite si nécessaire. Je leur faisais comprendre également que ce programme avait été mis sur pied dans le seul souci de prendre en charge leur état de santé en assurant le suivi nécessaire pour leur permettre de récupérer promptement.

Après ce premier appel la veille de la visite, un deuxième appel leur était adressé le lendemain matin avant la visite pour confirmation. Je leur donnais à nouveau l’adresse de l’organisation et je les accompagnais pour qu’ils ne se perdent pas et ne se sentent pas abandonnés. Parfois, il m’a été très difficile d’indiquer l’adresse aux patients qui ne connaissaient pas du tout la zone. Dans ces cas, j’ai dû insister, chercher des indications appropriées à leur donner afin qu’ils puissent se rendre au bureau. Malgré toutes ces indications, il arrivait que certains se trouvent dans l’impossibilité de s’y rendre. J’accompagnais alors le chauffeur pour aller les chercher.

Enfin, quand ils arrivaient à destination, je continuais à leur parler en vue de faire céder leurs dernières réticences, tout en leur posant des questions personnelles (nom, prénom, adresse, téléphone…) afin de vérifier les informations qui se trouvent dans leur dossier antérieur, préalablement extrait du classement.

Afin de faciliter la venue des patients, à titre d’accompagnement, ils recevaient une indemnité pour les frais de transport. Cet accompagnement allait même au-delà. Si par exemple, le patient habitait en province et qu’il était dans l’impossibilité de venir, ALIMA mettait à sa disposition un chauffeur pour aller le chercher à son domicile et le raccompagner après l’étude. En cas d’imprévus, ALIMA était prête à lui payer une nuit à l’hôtel et à le ramener à son domicile.

Procéder à la traduction en créole des questionnaires d’évaluation médicale et fonctionnelle a été le point le plus important de tous les contacts que j’ai entretenu avec les patients. Pour moi, cela n’a pas été qu’une simple tâche de traduction. Non, cela a été beaucoup plus. A travers la traduction, j’ai acquis et développé bon nombre d’habilités, comme l’adaptation et l’approche. J’ai été dans l’obligation de m’adapter à chaque patient, chaque fois d’une manière différente pour pouvoir mieux les comprendre, saisir au mieux les non-dits et mieux les exprimer à voix haute, pour eux, durant l’interview. J’ai été confronté à deux types de patients. Avec les amputés, la traduction m’a beaucoup aidé à mieux comprendre leur état physique, à les voir d’une autre manière et leur donner des conseils si besoin en guise d’accompagnement. Les patients reconstruits, avec eux, je me suis retrouvé encore mieux. C’était comme si je revivais ce qui m’était arrivé et cela m’a permis de mieux comprendre les douleurs constantes de ces patients qui ne sont pas toujours satisfaits de leur résultat physique.

Je me suis vu plus en tant que patient qu’en tant que traducteur et cela m’a aidé à m’améliorer encore plus, à me comprendre, à mieux comprendre mon état de santé et celui des patients, connaitre mieux les termes médicaux et comprendre mieux l’état psychologique des patients. »

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