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25 août 2017

« Le système sanitaire est affaibli dans l’Extrême-Nord du Cameroun »

La région de l’Extrême-Nord du Cameroun est affectée par le conflit opposant les forces militaires au groupe Boko Haram dans la zone du lac Tchad. Les Nations Unies estiment qu’il y aurait près de 190 000 déplacés internes et de 90 000 réfugiés dans le pays*. Depuis mai 2016, ALIMA apporte un soutien au Ministère de la Santé Publique dans cette région. Le Dr Moumouni Kinda, responsable programmes d’ALIMA décrit les besoins médicaux et humanitaires dans la région de l’Extrême-Nord.

Quelles sont les conséquences du conflit sur le système de santé de l’Extrême-Nord ?

Quand nous sommes arrivés en mai 2016, quelques structures de santé avaient été abandonnées. A l’hôpital de Makary, par exemple, une partie du personnel avait quitté les lieux et ceux qui étaient restés souffraient du manque de matériel : il n’y avait pas d’électricité, pas de chaîne de froid pour conserver les vaccins, très peu de lits, des ruptures de stocks de médicaments, pas de moyen de référence dans le district, le laboratoire ne fonctionnait pas et il n’y avait pas de capacité de transfusion sanguine.

La fréquentation de l’hôpital était aussi très faible car les patients n’avaient pas les moyens financiers de venir se faire soigner

Quels sont les besoins médicaux pour les populations du nord Cameroun ?

Derrière la crise des déplacés, le système sanitaire est affaibli dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Le conflit affecte les réfugiés nigérians mais aussi les populations locales qui sont forcées de se déplacer vers des zones plus sécurisées.

Dans les districts de Makary et de Koza, près de la frontière nigériane, la sécurité est compromise, et il est dangereux de s’éloigner des zones d’habitations pour cultiver. Près de 190 000 habitants de la région de l’extrême-Nord ont dû quitter leurs villages d’origine pour trouver refuge dans des localités plus sûres. D’autres rentrent au village durant les périodes d’accalmie. En raison de l’insécurité, certaines personnes ne peuvent plus accéder à leurs champs, et se retrouvent privées de leur principale source de subsistance.

Chez les enfants de moins de 5 ans, on constate des taux de prévalence de la malnutrition qui dépassent parfois les seuils d’urgence de l’OMS. Ainsi, on dénombre 2,2% d’enfants malnutris aigus sévères à Koza et Makary.

Les enfants malnutris que l’on admet dans les structures de santé présentent souvent des complications car il n’y avait pas de possibilité de soins pour la malnutrition aiguë sévère avant l’arrivée des équipes médicales d’ALIMA. Plus de la moitié des enfants soignés souffrent d’infections respiratoires aiguës ou de diarrhées.

Quelles activités ont été mises en place par ALIMA pour venir en aide aux populations affectées par la crise?

ALIMA appuie le Ministère de la Santé Publique camerounais dans les structures de santé de trois districts sanitaires : Mokolo, Koza et Makary. Nous appuyons la prise en charge intensive de la malnutrition aiguë sévère dans les hôpitaux de Mokolo, Koza et Makary et la prise en charge ambulatoire dans 21 centres de santé périphériques.

Concrètement, cela veut dire que quand on arrive dans une structure, on a besoin de la réhabiliter, d’installer une autonomie électrique, de faire un apport en médicaments et en matériel médical, et de prendre le temps de former le personnel soignant pour améliorer leurs compétences techniques.

Au-delà de la crise des déplacés, nous jugeons qu’il est essentiel d’aider le Ministère de la Santé Publique à renforcer un système de santé fragilisé. Ainsi, nous nous engageons auprès de toutes les structures des trois districts, des centres de santé jusqu’aux hôpitaux de référence afin que tous les personnels de santé du ministère soient formés et accompagnés.


 

*Source : OIM-DTM, mai 2017

 

ALIMA (The Alliance For International Medical Action) est une organisation humanitaire médicale qui vise à fournir une assistance aux populations dans des situations d’urgence telles que des épidémies, des conflits ou des catastrophes naturelles. Basée à Dakar, au Sénégal, ALIMA a traité plus de 2 millions de patients dans 12 pays depuis sa création en 2009 et a lancé 10 projets de recherche axés sur la malnutrition, le paludisme et Ebola.

 

Au Cameroun, ALIMA apporte un appui au Ministère de la Santé dans les activités de prise en charge médico-nutritionnelle dans les structures de santé de trois districts : Mokolo, Koza et Makary. Depuis mai 2016, près de 4 900 enfants ont été hospitalisés en pédiatrie et 4 500 enfants malnutris aigus sévères ont été traités.

 


 

Photo : Adrienne Surprenant / ALIMA

 

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