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29 novembre 2017

Mali : « Une femme ne devrait pas mourir en donnant la vie »

Dans les districts de Diré et Goundam, dans la région de Tombouctou au nord du Mali, les équipes d’ALIMA (The Alliance for International Medical Action) et AMCP (Alliance Médicale Contre le Paludisme) appuient le ministère de la santé pour soigner les populations les plus vulnérables. Parmi ces populations, des enfants, mais aussi des femmes enceintes.

“Il y a un véritable problème d’accès aux soins pour les femmes enceintes qui ont besoin d’une aide médicale en urgence”, déplore Dr Adolphe Batundi Bindu, médecin référent pour ALIMA dans la région de Tombouctou.

La région de Tombouctou est un désert sanitaire. Dans le district sanitaire de Goundam, on compte 1,9 professionnels de santé pour 10 000 habitants, alors que la norme recommandée par l’OMS est de 23.

“Peu de femmes accouchent dans une structure de santé. Celles qui restent à la maison peuvent s’exposer à des complications qui mettent leur vie et celle de leur bébé en danger. Une femme ne devrait pas mourir en donnant la vie”, poursuit Dr Adolphe.

Hawa vit à Goundam, dans la région de Tombouctou. Elle a décidé d’accoucher à domicile. Alors que le travail avait commencé, l’accoucheuse traditionnelle a constaté que l’enfant se présentait dans la mauvaise position, avec la main en avant. Hawa a été conduite en urgence à l’hôpital de référence de Goundam. L’équipe a effectué une césarienne, qui a permis de sauver la vie d’Hawa et de son bébé.

Contrairement à Hawa qui a été prise en charge à temps, beaucoup de patientes accèdent à des soins trop tard, pour trois raisons. Le premier retard est dû au contexte culturel : dans ces communautés, les femmes n’ont pas le droit de prendre elles-mêmes la décision de se rendre dans une structure de santé.

Le deuxième retard est lié au transport : il y a parfois plus de 100 kilomètres à parcourir et très peu de véhicules qui passent dans les villages. Certaines zones ne sont pas couvertes par les ambulances. Les familles ne prennent pas le risque de s’aventurer la nuit sur des routes insécures, car des groupes armés et des bandits sévissent dans la zone.

« Bien que les attaques des groupes armés soient très souvent ciblées contre l’armée malienne et la MINUSMA, il arrive que des civils soient des victimes collatérales d’affrontements. Les populations restent également sur leurs gardes car des bandits sèment la terreur en effectuant des braquages », raconte Dr Adolphe.

Le troisième retard, c’est tout simplement l’accessibilité des soins : certains centres de santé ne sont pas fonctionnels, et certains personnels de santé ne sont pas qualifiés pour détecter les complications et référer à temps les patients.

“Faute de personnel qualifié, une femme enceinte doit parfois être référée vers une autre structure, qui peut se trouver à encore une centaine de kilomètres de là”, explique Dr Adolphe.

Pour agir sur les deux premiers retards, les équipes d’ALIMA travaillent avec les accoucheuses traditionnelles, en les aidant à reconnaître les signes de danger et les encourageant à accompagner les femmes en danger dans les structures de santé.

Pour agir sur le troisième retard, ALIMA appuie le ministère de la santé du Mali dans deux hôpitaux et 35 centres de santé communautaires de la région de Tombouctou, dont 10 sont habilités à réaliser des soins obstétricaux et néonatals d’urgence de base. Dans les centres appuyés, les équipes offrent des soins de santé primaires et secondaires de qualité aux populations, et forment les agents de santé du ministère à l’identification de grossesses à risque, la prise en charge et l’identification précoce des complications.

Les femmes enceintes qui le souhaitent sont accompagnées tout au long de leur grossesse, avec un paquet complet de soins gratuits comprenant jusqu’à quatre consultations prénatales, un accouchement assisté, un transfert vers l’hôpital si besoin, la prise en charge des complications en hospitalisation avec césarienne si nécessaire, une consultation postnatale et des soins de routine pour le nouveau-né.

“Pour améliorer l’accès aux soins, nous avons également mis en place un système de référence : les patients peuvent se faire évacuer en ambulance jusqu’aux hôpitaux de Diré et Goundam, ou se faire rembourser les frais de transport depuis le centre de santé primaire vers l’hôpital”, conclut Dr Adolphe.


ALIMA (the Alliance for International Medical Action) est une organisation médicale humanitaire qui travaille main dans la main avec un réseau d’organisations médicales locales pour fournir des soins de santé de qualité aux personnes les plus vulnérables lors de situations d’urgence et de crises chroniques. ALIMA et ses partenaires mènent également des recherches de pointe pour améliorer la médecine humanitaire.

Basée à Dakar, au Sénégal, ALIMA a traité plus de 2 millions de patients dans 12 pays depuis sa création en 2009 et lancé 10 projets de recherche axés sur la malnutrition, le paludisme et le virus Ebola.

Au Mali, ALIMA et son partenaire local, AMCP (Alliance Médicale Contre le Paludisme), appuient le Ministère de la santé dans les régions de Tombouctou et de Koulikoro. Dans la région de Tombouctou, les équipes médicales ont fourni des soins de santé à plus de 135 000 patients depuis Janvier 2017. 11 300 femmes ont bénéficié des programmes de santé sexuelle et reproductive, et 2 850 ont effectué un accouchement assisté.

Ce projet est en mesure d’aider la population, grâce au financement du département d’aide humanitaire de l’UE (ECHO) et du DFID.


Photos : Nana Kofi Acquah / ALIMA

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