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4 septembre 2018

Ebola en RDC : “ Madame est tombée malade “

Depuis plus d’une semaine, Maurice vient chaque jour rendre visite à sa femme à l’hôpital de Beni, dans la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), où elle est soignée pour la maladie à virus Ebola au sein du centre de traitement ALIMA (The Alliance for International Medical Action). Il amène souvent son fils de 14 mois, Ebenezer, qui est heureux de revoir sa mère.

« Je m’appelle Maurice et j’ai 34 ans, ma femme s’appelle Espérance. Nous avons un fils, Ebenezer. Je travaille actuellement comme médecin généraliste au centre hospitalier de Mangodomu, dans la zone de santé de Mangina, mais ma famille vit à Beni [à environ 30 km].

Récemment, l’épidémie survenue à Itipo [dans la province de l’Équateur en RDC] nous a rappelé que le virus Ebola sévit dans le pays. Tandis que de nombreuses personnes associent le virus à la mort, les gens d’ici ne se sentaient pas en danger, car nous pensions que c’était une maladie de l’ouest et du sud du pays. En conséquence nous avons été pris au dépourvu lorsque l’épidémie de virus Ebola a éclatée pour la première fois dans la zone de santé de Mabalako.  A l’heure actuelle, une partie de la population considère encore Ebola comme une maladie mystique.

C’est le 12 juillet, alors que je travaillais au centre hospitalier à Mangodomu, que j’ai développé des symptômes semblables à ceux d’Ebola, tels que la fièvre, des frissons et des maux de tête. Dans la région, une famille de neuf personnes était récemment décédée de symptômes similaires, mais personne ne pensait à la maladie à virus Ebola. Je ne pensais même pas que je pourrais avoir Ebola. Je pensais que c’était un cas grave de paludisme. J’ai été soigné pour mes symptômes et j’ai finalement été guéri.

Mais ensuite, en août, ma femme est tombée malade et a connu des symptômes similaires. Elle a été admise à l’hôpital général d’Oicha. Sur la base de ses symptômes et de la récente déclaration d’épidémie d’Ebola, un agent de santé a signalé son cas à l’équipe de surveillance de Beni et elle a été transférée au centre de traitement Ebola d’ALIMA le 20 août. Les résultats au test se sont révélés positifs.

Depuis son admission, elle reçoit des soins médicaux quotidiens, y compris l’administration à titre compassionnel d’un traitement expérimental approuvé par les autorités.

Mon fils et moi avons également été testés pour le virus et j’ai été hospitalisé à Beni pendant 3 jours. Les résultats ont montré que nous n’étions pas atteints de la maladie à virus Ebola, mais que j’avais été exposé au virus à un moment donné. Lors de mon hospitalisation, j’étais très heureux de pouvoir voir mon fils à travers les parois du CUBE (chambre d’urgence biosécurisée innovante). Cela m’a donné de la force et de l’espoir, et maintenant, je sais que c’est la même chose pour ma femme.

Notre famille est très inquiète pour Espérance. Tout le monde a peur parce que « Madame est tombée malade ». Beaucoup d’entre eux ont peur de lui rendre visite. Je m’inquiète également pour les autres enfants de la famille, s’ils vont aussi tomber malade ou pas. Heureusement, toutes les personnes en contact avec elle ont maintenant été vaccinées. Et l’état de santé d’Espérance s’améliore chaque jour. J’espère qu’elle pourra bientôt sortir. Peut-être qu’un jour, je serai aussi en mesure de traiter les patients atteints d’Ebola. »

—-

Note à l’éditeur : 
ALIMA est présente en RDC depuis 2011. Les équipes d’ALIMA ont récemment répondu à une épidémie d’Ebola à Itipo, dans la province de l’Equateur, où elles ont installé un centre de traitement équipé de 9 lits et de 5 chambres d’urgence biosécurisées. Plus de 20 patients suspectés d’avoir contracté le virus Ebola y ont reçu des soins.

Contrairement à de nombreux autres centres de traitement Ebola, où les patients sont isolés dans des tentes à plusieurs lits, le CUBE d’ALIMA est une chambre d’urgence biosécurisée innovante conçue pour soigner les maladies hautement infectieuses telles qu’Ebola. Ce type de chambre permet aux malades de rester en contact avec leurs proches pendant le traitement.

*Ce projet est rendu possible grâce au financement généreux de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

*Photo: ALIMA

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