Depuis l’automne 2022, la reprise des combats entre l’armée congolaise et les groupes armés non étatiques a chassé de nombreuses familles de leurs foyers au Nord-Kivu, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis octobre 2022*, au moins 183 000 personnes ont été déplacées du seul territoire de Rutshuru de la région. Cette résurgence de la violence s’inscrit dans la continuité d’un conflit entre plusieurs groupes armés qui déstabilise la région du Nord-Kivu depuis des décennies. Contraintes de fuir leurs villages, les familles déplacées cherchent à se réfugier aux abords de Goma, la capitale régionale. Les personnes déplacées, qui n’ont alors nulle part où aller, sont accueillies par des familles ou bien s’abritent uniquement sous des bâches, constituant ainsi des sites collectifs spontanés.
Dans ces sites de personnes déplacées, les conditions de vie sont extrêmement difficiles : les familles se retrouvent dans des espaces surpeuplés, souvent sans nourriture, ni accès à l’eau potable. De nombreux enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition et les femmes, les enfants, sont davantage exposés aux risques de violences sexuelles. De plus, les populations sont plus vulnérables face aux maladies infectieuses et notamment hydriques, du fait de l’insalubrité de ces camps. Depuis octobre dernier, une épidémie de choléra sévit actuellement dans le Nord-Kivu et plus de 700 personnes ont déjà été contaminées par la maladie.
Garantir l’accès aux soins de santé primaires pour les familles déplacées
Depuis décembre 2022, ALIMA fournit des soins médicaux d’urgence et des médicaments aux personnes les plus vulnérables parmi ces communautés déplacées dans le territoire de Rusayo, à la périphérie de la ville de Goma.
Les équipes ont installé des tentes afin de fournir des consultations et des soins de santé primaire, en particulier pour les familles, y compris le dépistage de la malnutrition chez les enfants, les consultations médicales pour les femmes enceintes, et l’assistance aux accouchements. Les victimes de violences sexuelles reçoivent également des soins médicaux urgents et des campagnes de vaccination contre le choléra sont menées par ALIMA afin de limiter la propagation de la maladie.
De plus, afin d’aider les familles à surmonter le traumatisme du déplacement forcé et d’accompagner les victimes de violences basées sur le genre, les professionnels psychosociaux d’ALIMA dispensent des consultations psychologiques individuelles et de groupe sur le traumatisme. Enfin, pour améliorer l’accès à l’eau, l’hygiène et les conditions sanitaires des personnes déplacées, ALIMA a réhabilité des toilettes, des zones de collecte d’eau de pluie, des douches, et a fourni de l’eau potable à plus de 4 000 personnes sur place.
« Nous constatons une augmentation considérable du nombre de personnes déplacées ayant besoin d’une aide humanitaire, car la violence armée dans la région s’est considérablement aggravée au cours des derniers mois. Comme nous sommes l’une des rares ONG médicales déjà opérationnelle et établie dans la région, nous avons pu mobiliser nos ressources et nos équipes sur le terrain pour répondre à cette crise aussi rapidement que possible. Cependant, si nous voulons être en mesure de sauver plus de vies, ALIMA et la communauté humanitaire dans son ensemble, ont besoin d’urgence de plus de ressources et de fonds », déclare le Docteur Baweye Mayoum, chef de mission d’ALIMA en RDC.
Une réponse rapide pour sauver encore plus de vies
ALIMA est présente en RDC depuis 2011. Sa capacité à répondre rapidement aux situations d’urgence est assurée par ses relations de confiance avec les communautés locales et son mécanisme de réponse rapide (RRM) unique. Le RRM se base sur un système de surveillance communautaire associé aux mises à jour des agences humanitaires régionales afin qu’ALIMA soit alertée des crises liées aux déplacements de population, aux épidémies ou encore aux catastrophes naturelles. Après avoir évalué et confirmé les besoins, dans les 72 heures, l’équipe RRM d’ALIMA a la capacité de lancer une réponse d’urgence et de fournir les soins médicaux de base aux communautés affectées. Cette intervention d’urgence peut se poursuivre pendant un à trois mois, jusqu’à ce que les structures de santé et les autorités locales aient la capacité d’apporter une réponse adéquate, ou jusqu’à ce qu’un projet à plus long terme soit mis en place.
Les équipes RRM d’ALIMA répondent aux différentes crises humanitaires dans le pays depuis novembre 2022, principalement dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
La RDC est le théâtre de la crise humanitaire la plus longue au monde. Les activités RRM d’ALIMA, lancées en RDC en 2022 grâce au soutien financier de l’Union européenne, d’USAID et de la Fondation Hilton, ont permis de fournir des soins médicaux d’urgence à des centaines de personnes dans le pays.
Photo de couverture : © ALIMA
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