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3 mai 2024

Au Cameroun, ces femmes qui parcourent des kilomètres pour assurer l’accès aux soins de leurs communautés

Dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest (NOSO) du Cameroun, régions anglophones en conflit depuis 2017, l’accès aux soins est un défi. L’insécurité, le manque de structures de santé fonctionnelles ou encore les grandes distances qui séparent les villages des centres de santé sont des freins à l’accès à des soins de qualité pour les communautés. Dans ce contexte difficile, des femmes, qu’on appelle relais communautaires, parcourent inlassablement des kilomètres chaque jour avec un seul but : sensibiliser leurs communautés aux services de santé essentiels fournis par ALIMA et son partenaire local DEMTOU Humanitaire depuis 2020.

Avant de connaître ALIMA, Mercy, enceinte de six mois, ne pouvait pas se faire soigner. Dans les zones reculées des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où un conflit fait rage depuis 2017, le manque d’accès à des soins de qualité est un vrai défi pour les communautés. Si des cliniques privées sont bien présentes, le coût élevé des soins empêche une grande partie de la population d’y accéder. Mercy n’a jamais pu se le permettre.

C’est l’arrivée d’un relais communautaire – une membre de sa communauté dont le travail est d’assurer le pont entre les habitants et les services de santé – dans son quartier qui a tout changé.

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Mercy, mariée, a trois enfants et est enceinte du quatrième. Elle habite avec sa famille à Alamity, à trente minutes de moto du Centre de Santé d’Awing.
© Daniel Beloumou / ALIMA

La distance et le manque d’informations, ces freins

“Pour moi, et pour certaines femmes de la communauté, ce fut une véritable révélation. Nous n’étions pas au courant des services de santé auxquels nous avions droit et de l’existence d’ALIMA dans ce centre de santé,” raconte-t-elle.

Bien souvent, la communication, c’est là que le bât blesse.

Viviane, par exemple, n’a pas cru sa voisine quand elle lui a parlé des soins gratuits fournis au centre de santé d’Akum. “Je suis venue me renseigner ici et à ma grande surprise, tout ce que m’avait dit ma voisine était vrai,”, explique-t-elle. Et lorsque Céline, relais communautaire depuis plus de trois ans, explique autour d’elle l’existence d’un centre de santé où les soins sont gratuits, certains n’y croient pas. “J’ai déjà accompagné des personnes jusqu’au centre de santé car elles ne me croyaient pas”, raconte-t-elle. “Une fois arrivées, elles pouvaient vérifier par elles-mêmes.”

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Céline, 46 ans, est cultivatrice et mère de cinq enfants. En parallèle de son travail, Céline est travailleuse communautaire. © Daniel Beloumou / ALIMA

Au-delà du coût des soins, la population est souvent trop éloignée des centres de santé pour aller se faire soigner.

“Le seul problème que je rencontre actuellement est la distance”, poursuit Céline. “Je fais ce travail de sensibilisation dans des quartiers éloignés du centre de santé, et les personnes me font comprendre qu’elles n’ont pas assez d’argent pour s’y rendre. La marche à pied peut parfois prendre deux heures… C’est pour ça qu’ils ne viennent pas”, poursuit Céline. En effet, les habitants des communautés doivent parfois faire des dizaines de kilomètres à pied, en moto ou en taxi pour atteindre les centres de santé – un réel coût pour ces personnes dont les revenus sont souvent très limités.

Les relais communautaires, liens essentiels entre communautés et ONG médicales

Christabelle fait aussi partie de ces femmes qui incitent leurs communautés à se rendre au centre de santé pour recevoir des soins adaptés et de qualité. En tant que relais communautaire, son travail est de sensibiliser, informer et répondre aux questions sur les services fournis par ALIMA. “La superficie que je dois couvrir est assez importante mais cela ne me fait pas peur car j’aime mon travail.”

Pour accomplir sa mission au mieux et sensibiliser un maximum de personnes, Christabelle doit parfois parcourir plusieurs dizaines de kilomètres. “Je dois informer et répondre aux questions de nombreuses personnes, dont certaines qui vivent dans des zones très reculées.”

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Christabelle est cultivatrice et son mari est technicien. Depuis plus d’un an, en plus de son métier, Christabelle travaille auprès de sa communauté. © Daniel Beloumou / ALIMA

Les kilomètres incalculables qu’elle parcourt chaque jour sont loin de décourager Christabelle. Elle est très impliquée dans sa mission. Et pour cause : elle a elle-même bénéficié des soins fournis par ALIMA. “Je parle souvent de ma situation personnelle car j’ai bénéficié des différents services proposés par ALIMA, non pas parce que je suis travailleuse communautaire, mais parce que je suis une femme. Mes consultations et mon accouchement ne m’ont rien coûté”, explique-t-elle.

Le travail des relais communautaires est essentiel pour faire le lien entre les habitants et les ONG médicales. Ancrées dans les communautés auprès desquelles elles travaillent, elles sont écoutées et respectées. “Je suis bien identifiée par les membres des communautés lorsque je vais sur le terrain pour sensibiliser, c’est une bonne chose. Les personnes qui ont bénéficié des soins en parlent également. C’est pour cela que je suis écoutée”, explique Céline. Cette parole est primordiale pour gagner la confiance des communautés et faire en sorte que chacun ait accès aux soins gratuits et de qualité auxquels il a droit.

Photo de couverture © Daniel Beloumou / ALIMA

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