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25 janvier 2024

Le paludisme enfin en déclin ?

Le paludisme vit-il ses dernières heures ? En décembre dernier, le Cap Vert était le 3ème pays d’Afrique à déclarer avoir éradiqué le paludisme. Lundi 22 janvier, le Cameroun a lancé la première campagne au monde de vaccination systématique et à grande échelle contre le paludisme, destinée aux enfants de moins de 6 mois et utilisant le vaccin RTS,S. Une “étape historique”, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le Docteur Papys LAME, responsable du service médical d’ALIMA, décrypte cette avancée médicale historique.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le vaccin RTS,S qui vise à lutter contre le paludisme ?


Le vaccin RTS,S est un vaccin, constitué de protéines recombinantes, dirigé contre le plasmodium principal, qui est le parasite responsable du paludisme.
C’est un vaccin assez récent qui était très attendu : il est très important pour nous et pour la population mondiale, plus précisément en Afrique où la maladie est très présente.
Dans les pays où il a été utilisé comme pilote, à savoir le Ghana, le Kenya et le Malawi, le vaccin RTS,S a montré son efficacité pour réduire considérablement le nombre de patients hospitalisés et le taux de mortalité. Il est administré selon un schéma de quatre doses, plus une dose de rappel une année plus tard.

Le Cameroun a lancé lundi dernier la première campagne de vaccination systématique et à grande échelle contre le paludisme, une première dans l’histoire. Cela va-t-il impacter nos activités dans le pays ?


C’est une très bonne chose que le Cameroun ait lancé cette campagne de vaccination, qui s’introduit dans ce qu’on appelle la vaccination de routine.
Concrètement, cela veut dire que le vaccin contre le paludisme sera systématiquement introduit dans le programme de vaccination classique où l’on vaccine contre plusieurs maladies comme la tuberculose, ou le tétanos. C’est une avancée majeure !


La vaccination commence à peine. Les effets de cette campagne de vaccination seront visibles dans plusieurs mois, voire plusieurs années, car cela dépendra du nombre d’enfants qui seront vaccinés.
Pour le moment, on ne va pas changer notre intervention dans le pays si ce n’est adapter notre appui au ministère de la Santé, en intégrant cette nouvelle variable.


A moyen et long terme, nous allons observer l’évolution de la situation pour adapter notre réponse. En effet, il faut savoir que le paludisme est aujourd’hui l’une des principales causes d’hospitalisation dans les centres de santé et dans les hôpitaux qu’on appuie, avec dans sa forme grave, notamment la forme anémique, il y a beaucoup de transfusions sanguines à faire. On devrait donc observer dans les prochains mois une réduction des cas graves et des hospitalisations, donc une baisse de la fréquentation de nos centres de traitement, moins de transfusion et bien sûr on l’espère, moins de décès.

Pensez-vous que d’autres pays devraient appliquer le même modèle en rendant le vaccin contre le paludisme obligatoire ?


Oui, d’autres pays doivent suivre les pas du Cameroun. Mais d’ailleurs, plus d’une vingtaine de pays, 28, si j’ai bonne mémoire, ont déjà pris en compte l’option d’intégrer la vaccination contre le paludisme dans leur programme de vaccination. Il y a notamment le Sénégal, le Niger, le Nigéria, la République Démocratique du Congo, pour ne citer que ces pays, en plus de trois pays qui ont déjà commencé à utiliser cette vaccination contre le paludisme en pilotes.

Photo de couverture : © Gwenn DUBOURTHOUMIEU / ALIMA

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