CONTEXTE
L’ équipe SUTRA², une équipe de recherche combinant médecins, économistes et gestionnaires de la santé, a lancé l’étude sur le Suivi et le Traitement du Traumatisme des membres (SuTra²) en cas d’afflux massif de blessés dans les contextes difficiles.
après le séisme de 2010 en Haïti durant lequel 250 000 personnes sont décédées et plus de 300 000 blessés graves ont dû être pris en charge.
L’étude SuTra² a vu le jour à la suite d’une réflexion sur l’importance des soins au delà de la prise en charge de l’urgence immédiate. Il s’agissait d’identifier et d’analyser chez des blessés sévères des membres, les conséquences médicales, socio-économiques et psychologiques d’une amputation ou d’une reconstruction chirurgicale afin de déterminer la prise en charge la plus appropriée de ces traumatismes des membres au cours des catastrophes naturelles. ALIMA souhaitait ainsi contribuer par cette recherche à l’adaptation des pratiques médicales lors des catastrophes.
SUIVI DES PATIENTS
Dès le début de son intervention en janvier 2010, ALIMA s’est attachée à mettre en place une collecte des données des blessés pris en charge. Pour l’étude SuTra2, le recueil des données a été réalisé en deux temps, un an et deux ans après le séisme, afin d’en analyser les conséquences à moyen terme. Entre ces deux périodes, nos équipes ont tenté de maintenir un suivi continu de ces blessés afin de déterminer si un tel suivi était possible dans ces conditions précaires.
Garry Lindor, chargé du contact et de l’accueil des patients de l’étude SuTra2 et ancien blessé pris en charge par ALIMA, a expliqué comment s’illustre ce travail de suivi au quotidien. SuTra² fut aussi l’occasion de discuter les méthodologies qui permettent de comparer les différents traitements apportés, et de détailler leurs implications éthiques et économiques.
RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES
Après un an, le degré de satisfaction des blessés des membres sur leur capacité fonctionnelle est similaire qu’ils aient été amputés et reconstruits (72% de patients satisfaits ou très satisfaits). Pourtant la majorité des amputés aurait préféré bénéficier d’une chirurgie conservatrice.
Au niveau socio-économique, plus des trois-quarts des patients n’ont pas trouvé ou retrouvé de travail un an après le séisme, et plus de 40% vivent sous une tente. Les résultats de la collecte à 2 ans montrent que les différences socio-économiques s’accentuent entre les deux cohortes : par exemple, le taux d’emploi est de 21% pour les amputés contre 37% pour les non amputés.
D’une manière générale, les résultats montrent que les acteurs des secours médicaux répondant à des désastres de cette ampleur doivent prendre en compte la nécessité d’un suivi à long terme des patients ayant eu un traumatisme sévère des membres, quelle qu’ait été l’intervention pratiquée. Le suivi à long terme médical et psychologique, et la réinsertion sociale, doivent faire partie intégrante de la réponse humanitaire aux désastres.