« Depuis décembre 2019, nos équipes soutiennent la prise en charge médicale des patients confirmés de la fièvre de Lassa admis à l’Hôpital fédéral d’Owo et les soins administrés sont gratuits. Nous remarquons une augmentation de 33% du nombre de cas par rapport à l’épidémie de 2019 », informe le Dr Issaley Abdel-Kader, coordinateur médical des activités d’ALIMA au Nigeria.
Particulièrement endémique et contagieuse durant la période de décembre à mars, la fièvre de Lassa est très meurtrière. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le nombre de cas confirmés notifiés dans le pays demeure élevé. Le Centre pour le Contrôle des Maladies du Nigeria (NCDC) révèle qu’il y a plus de 500 cas recensés depuis le début d’année. La majorité de ces cas ont été recensés dans l’État d’Ondo, où les équipes d’ALIMA agissent au quotidien pour sauver plus de vies. Actuellement, 33 patients sont hospitalisés dans le Centre de traitement des infections de l’hôpital fédéral.
Pour rappel, en 2019, ALIMA a pris en charge 315 patients et 276 ont pu être guéris. Au plan national, ALIMA a ainsi contribué à soigner le tiers des patients atteints de la fièvre Lassa. Ainsi, notre action s’inscrit dans la continuité de notre première intervention menée en 2018, en collaboration avec le NCDC.
Joseph Aboukola, un guéri de la fièvre de Lassa, est venu pour son suivi médical.
Manque de financements et de personnel
En réalité, l’actuelle épidémie n’est pas une surprise. Selon Jackson Katembo, coordinateur de projet Lassa d’ALIMA à Owo, « nous nous préparons depuis plusieurs mois mais la difficulté majeure réside dans le manque de financements pour traiter les premiers cas confirmés. »
Actuellement, l’équipe médicale du Centre de Traitement est composée de 6 médecins, 21 infirmiers, et 19 hygiénistes qui ont bénéficié de formations en amont de l’épidémie. « La plupart de ceux qui soignent l’épidémie de Lassa ont participé à des séances de renforcement de capacité organisées par ALIMA » déclare Jackson. Malheureusement, le manque de financements rend les ressources humaines actuelles, compte tenu de la charge de travail due à l’augmentation du nombre de cas. La stratégie de renforcement des compétences locales s’inscrit dans la logique d’intervention d’ALIMA, qui consiste à s’appuyer sur l’expertise locale pour apporter des soins de qualité aux patients.
Malgré son poste de coordinateur de l’intervention contre la fièvre Lassa, Jackson n’hésite pas à enfiler une combinaison EPI (Equipement de Protection Individuelle), afin d’entrer régulièrement dans la zone à « haut risque » où les patients sont hospitalisés. Infirmier de profession, Jackson effectue des actes médicaux pour prêter main forte au personnel médical débordé.
Jackson Katembo, coordinateur de projet Lassa d’ALIMA et infirmier cadre effectue un acte médical sur un patient Lassa.
Les guéris et l’espoir de la recherche
Depuis le début de l’année, on recense 89 personnes guéries dans le Centre de Traitement d’Owo. Ces patients sont suivis pendant 2 mois minimum. Chaque semaine, ils se rendent à une consultation médicale dans une clinique de l’hôpital fédéral soutenu par ALIMA.
La fièvre de Lassa fait partie des maladies tropicales négligées. Il existe un seul traitement qui consiste à l’utilisation de la ribavirine, un médicament au coût élevé. Par ailleurs, à l’heure actuelle, il n’existe pas de vaccin contre Lassa.
Pour une meilleure prise en charge de la maladie, ALIMA en partenariat avec l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM 1219), via le consortium ALERRT (The African coaLition for Epidemic Research, Response and Training) et l’Université d’Oxford, mène deux programmes de recherche.
« Le premier programme est une étude observationnelle afin de mieux comprendre la dynamique de la maladie et le second consiste à étudier la pharmacocinétique et les composantes cardiovasculaires du traitement contre la fièvre de Lassa », explique Camille Le Gal, coordinatrice scientifique de recherche pour ALIMA à Owo. Elle poursuit en affirmant qu’en 2020, un essai clinique est prévu. Il aura pour vocation d’identifier un traitement alternatif à la ribavirine. « Nous ne sommes qu’au début de l’espoir car d’autres étapes importantes sont nécessaires avant d’entrevoir un vaccin et/ou un médicament », confie-t-elle.
Pour continuer son action auprès des patients afin de lutter contre cette fièvre hémorragique négligée, ALIMA a besoin de financements supplémentaires. Soutenez nos actions !
La réponse d’ALIMA à l’épidémie de fièvre de Lassa est soutenue en partie par le Centre de crise et de soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
*https://www.who.int/csr/don/14-february-2019-lassa-fever-nigeria/fr/
**Pour plus d’informations :
Vidéo ARTE : https://www.arte.tv/fr/videos/095363-000-A/fievre-de-lassa-silencieuse-et-meurtriere/
Podcasts RFI : https://rfi.my/5L3T.W
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200209-nigeriaepid%C3%A9mie-fi%C3%A8vre-%C3%A9laboration-vaccins-22
Yahoo Actualités : https://fr.news.yahoo.com/nigeria-l-end%C3%A9mie-fi%C3%A8vre-lassa-054842095.html
***Photos : © Miguel Godonou / ALIMA