« Nos inquiétudes sont très fortes car dans un certain nombre de pays, notamment en Afrique subsaharienne, les systèmes de santé sont déjà très fragiles. Si l’épidémie se propage dans ces régions, nous pouvons nous attendre à un taux de mortalité de 3 à 5 fois plus élevé qu’en Europe ou en Asie », a déclaré Augustin Augier, directeur général d’ALIMA, à AP News.*
Privilégier une réponse globale à l’épidémie
En Afrique, la prise en charge des cas critiques (5% des cas) sera probablement impossible, sauf pour quelques uns dans les capitales, et la prise en charge des cas sévères (15% des cas) posera elle aussi problème compte tenu de la faible disponibilité, voire l’inexistence de services spécialisés capables de les prendre en charge. Selon Augustin Augier : « Il faut trouver une stratégie globale de riposte », car « si l’épidémie frappe fort en Afrique, elle ne fera que retourner en Europe et dans le reste du monde».
En matière de prévention et de contrôle des infections, les besoins sont énormes dans les différentes structures de santé des pays africains. Depuis janvier, ALIMA s’est préparée à intervenir sur le continent, en s’engageant aux côtés des autorités sanitaires de ses 11 pays d’intervention pour soutenir la réponse à l’épidémie de Covid-19.
Cependant, la fermeture des frontières et l’arrêt du transport aérien Europe/Afrique et au sein de l’Afrique empêchent les déplacements d’experts médicaux ainsi que l’approvisionnement en matériel. Cette situation paralyse sérieusement les activités d’ALIMA et d’autres ONG tant sur le Covid-19 que sur d’autres opérations d’urgence : « Cette crise est en train de mettre en danger la capacité des organisations humanitaires à apporter des soins vitaux aux populations les plus vulnérables », déclare le Dr Richard Kojan, médecin anesthésiste réanimateur et Président d’ALIMA. Le mode opératoire d’ALIMA est fondé sur le partenariat avec des acteurs humanitaires nationaux, des médecins locaux et la société civile sur place. Pour son bon fonctionnement, il est essentiel que les cadres régionaux puissent se déplacer au sein des pays africains.
La réponse d’ALIMA au Sénégal, au Cameroun et au Burkina Faso
ALIMA a été sollicitée par les autorités de plusieurs pays africains :
- Au Sénégal, où elle intervient en collaboration avec l’Institut Pasteur de Dakar et l’hôpital Universitaire de Fann et travaille sur la prise en charge des cas suspects et confirmés.
- Au Cameroun, où elle apporte un soutien technique essentiel, en renforçant la capacité de prise en charge des hôpitaux et les équipes du personnel médical.
Ces deux actions seront financées pour une durée de 3 mois par la Fondation Bill & Melinda Gates, déjà partenaire d’ALIMA.
- Au Burkina Faso, où le 1er mort a été annoncé hier par l’OMS (l’Organisation mondiale de la Santé), ALIMA organise progressivement son soutien aux structures officielles de santé afin de garantir la sécurité des patients et du personnel de santé, de manière à accroître la capacité de riposte sous la coordination nationale.
De retour d’une mission au Burkina Faso, le Dr Richard Kojan s’alarme : « Ces derniers mois, le pays a été particulièrement affecté par les attaques des groupes armés, les structures de soins sont déjà en difficulté et ne seront absolument pas en mesure de tester et traiter les malades Covid-19.Les équipes locales d’ALIMA vont tout faire pour apporter leur expertise technique nécessaire afin d’appuyer les autorités dans la coordination de la réponse au Covid-19. »
Alors que l’OMS appelle les pays africains à se préparer au pire face à l’épidémie du Covid-19, ALIMA réaffirme l’importance de mettre en place le plus rapidement possible des dispositifs de laisser-passer pour toutes les ONG. Cette initiative permettrait d’accompagner le continent dans la lutte contre ce virus, et de manière générale de continuer à faire face à toutes les crises et urgences sanitaires en Afrique.
Pour soutenir nos actions de lutte contre le Covid-19 en Afrique, des fonds supplémentaires sont nécessaires. Nous avons plus que jamais besoin de vous. Faire un don pour le fonds d’urgence ALIMA.
*En savoir plus :
Interview d’Augustin Augier, directeur général d’ALIMA pour AP news
Interview du Dr Moumouni Kinda, directeur des opérations d’ALIMA dans Jeune Afrique
Photo de couverture : © Jennifer Lazuta / ALIMA