Paris, le 05/06 – Dans un contexte d’inflation mondiale, les conditions de vie des populations les plus fragiles ne cessent de se dégrader avec une insécurité alimentaire inquiétante. Les effets combinés du changement climatique, des conflits et des chocs économiques aggravent cette crise, laissant des millions de personnes dans un état de vulnérabilité extrême.
Moumouni Kinda, Directeur général d’ALIMA : “Alors que l’inflation, en Europe comme en Afrique, engendre une instabilité alarmante sur le plan économique, l’insécurité alimentaire met en péril la vie de millions de personnes en Afrique. Afin de contrer ce fléau et éviter de nombreuses pertes humaines, il est impératif de renforcer l’aide internationale d’urgence en faveur des populations les plus fragiles.”
L’urgence alimentaire augmente dans le monde et particulièrement dans les régions les plus vulnérables
Après des décennies d’avancées en termes de développement, la pauvreté et l’insécurité alimentaire sont toutes deux en hausse au niveau mondial. L’inflation qui touche les produits alimentaires reste élevée dans le monde entier, des dizaines de pays faisant l’expérience d’une inflation à deux chiffres. Le rapport annuel du Réseau d’information sur la sécurité alimentaire indique que le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, à un niveau de crise ou pire, est passé de 193 millions de personnes dans 53 pays et territoires en 2021 à environ 258 millions de personnes dans 58 pays et territoires en 2022. Il s’agit du chiffre le plus élevé depuis la création du rapport il y a sept ans.
Sur le continent africain, les chocs économiques, les conflits, l’insécurité et le dérèglement climatique compromettent la résilience des États et des populations ainsi que leur capacité à répondre aux chocs alimentaires. Avec des économies déjà fragiles et une grande partie de la population dépendante de l’agriculture pour sa subsistance, la flambée des prix et des produits de base met en péril la sécurité alimentaire des communautés. Cette insécurité alimentaire entraîne une hausse des cas de retards de croissance et de malnutrition aiguë chez les enfants, une augmentation des maladies liées à la malnutrition et une baisse de la productivité économique. Les femmes et les enfants sont particulièrement touchés, exposés à des risques accrus de maladies et de mortalité.
OptiMA : la solution d’ALIMA pour contrer la malnutrition aiguë
Les organisations humanitaires jouent un rôle essentiel pour atténuer les effets de cette crise alimentaire et nutritionnelle sur les populations. Pour y faire face, l’ONG médicale ALIMA (The Alliance for International Medical Action) déploie une solution innovante visant à prendre en charge les enfants souffrant de malnutrition aiguë de manière plus efficiente.
L’idée du programme OptiMA (Optimiser la prise en charge de la Malnutrition Aiguë) est d’abord de mettre à disposition des familles un outil de diagnostic – le bracelet PB-Mères – afin qu’elles détectent elles-mêmes et précocément les perturbations de croissance chez leurs enfants. Grâce à un simple code couleur, ce bracelet de mesure du périmètre brachial est très simple à utiliser. Pris en charge à temps, les enfants ont plus de chances de survivre. Ensuite, le programme prévoit un seul traitement nutritionnel pour tous les enfants souffrant de malnutrition aiguë, qu’elle soit modérée ou sévère. Le dosage de cet aliment thérapeutique, prêt à l’emploi, fait à base de cacahuètes, de poudre de lait, farine de soja et de matière grasse, est réduit au fur et à mesure du rétablissement de l’enfant (contrairement à ce qu’indique le protocole standard).
En 2022, grâce à l’approche OptiMA, ALIMA a sensiblement amélioré la couverture de la prise en charge des enfants dans le district de Ngouri, au Tchad. Elle est passée de 16,9 % à 35,1 % et le nombre d’enfants admis pour malnutrition aiguë sévère est passé de 30 % à moins de 20 %. Ces chiffres encourageants montrent l’efficacité de cette approche intégrant les familles grâce à leur formation à la détection de la malnutrition chez leurs enfants.
Portrait de la malnutrition au Sahel
Bintou est une petite fille de 2 ans vivant avec sa famille à Bamako, au Mali. Inquiète pour la santé de sa fille, extrêmement affaiblie, sa maman l’a conduite dans un centre de santé communautaire où elle a été rapidement prise en charge par ALIMA. Dépistée malnutrie aiguë sévère, Bintou a été immédiatement transférée vers l’hôpital le plus proche pour recevoir les soins adéquats. Grâce à cette intervention, elle a pu repartir dans sa famille moins d’une semaine plus tard. Pendant l’hospitalisation, sa maman a été formée à détecter précocement les signes de la malnutrition aiguë, comme des millions d’autres mères en Afrique subsaharienne grâce à ALIMA.
L’histoire de Bintou illustre parfaitement la nécessité d’impliquer, plus et mieux, les communautés dans les solutions aux maladies chroniques, comme la malnutrition aiguë l’est de plus en plus, afin que le recours aux soins soit moins tardif et les décès moins nombreux. En 2022, ALIMA et ses partenaires locaux ont permis à des centaines de milliers d’enfants souffrant de malnutrition aiguë de se rétablir, dont 27 825 enfants sévères comme Bintou, d’être sauvés. L’ONG poursuit ses efforts pour renforcer les systèmes de santé nationaux et améliorer la résilience des communautés locales.
Pour permettre la mise en place de programmes tels qu’OptiMA, ALIMA s’appuie sur ses partenaires locaux et financiers. Par exemple, un don de 150€ permet d’hospitaliser un enfant malnutri aigu sévère en situation critique comme Bintou. Un don de 6€ par mois, permet une supplémentation alimentaire thérapeutique pendant 3 mois. Aujourd’hui, ALIMA appelle de nouveau aux dons et à la solidarité internationale avec sa nouvelle campagne de collecte “Tout augmente, surtout la faim”, pour continuer à sauver des vies.
Photo de couverture ©WTYSL / ALIMA