Mesdames et messieurs les leaders économiques, CEO, investisseurs et responsables politiques, qui allez bientôt vous réunir à Kigali pour l’Africa CEO Forum.
Cette 11e édition marque plus d’une décennie de rassemblements des dirigeants les plus influents d’Afrique. Comme chaque année, vous évoquerez les innombrables défis auxquels le continent doit faire face et l’urgence pour l’Afrique de s’affirmer sur la scène internationale. Comme chaque année, vous passerez en revue les priorités stratégiques, notamment cette année, la transformation numérique et l’intelligence artificielle.
En 2024, près de la moitié des 300 millions de personnes dans le monde qui auront besoin d’une assistance et d’une protection humanitaire, est concentrée en Afrique subsaharienne. Comptons-nous nous attarder sur le développement de l’intelligence artificielle sans travailler au développement du capital humain nécessaire à son accélération ?
La stabilité et la sécurité sont la condition sine qua non qui permettra d’accélérer la transformation numérique et l’IA sur le continent. Tant que des solutions ne seront pas apportées aux multiples crises que nous rencontrons sur le continent (dans le Sahel, au Soudan, au Nord Kivu, etc.), nous continuerons à débattre de l’avenir de l’Afrique, à imaginer des plans de croissance alors même que des millions de femmes, d’hommes et d’enfants sont laissés-pour-compte.
Mesdames et messieurs les leaders économiques, CEO, investisseurs et responsables politiques, nous le savons bien, le continent africain ne peut être compétitif au niveau mondial sans une bonne santé physique et mentale de ses habitants. Il est inconcevable de penser « performance » et « rendement financier » sans agir concrètement sur les conditions d’un développement social durable.
Financer la santé est un investissement. Financer des actions humanitaires capables d’adresser l’urgence tout en mettant en place les conditions d’un développement humain durable doit figurer parmi nos investissements prioritaires.
Les financements de l’aide ne sont ni suffisants, ni adaptés aux besoins. Pour rappel, seulement un tiers des besoins ont été couverts par l’aide internationale au niveau mondial en 2023. Rigides, délimités et restreints dans le temps, ces financements contribuent certes à répondre aux urgences sanitaires mais pas à construire une réponse de long terme, nécessaire au développement du continent. Les humanitaires ont besoin de fonds sûrs dans le temps et plus flexibles pour apporter une réponse plus adaptée aux besoins grandissants.
Mesdames et messieurs les leaders économiques, CEO, investisseurs et responsables politiques, vous avez, à vous tous, les moyens de mettre les humanitaires au chômage : faites-le ! Aidez-nous à avoir des ressources flexibles, adaptées et durables pour couvrir les besoins humanitaires grandissants. Aidez-nous, car c’est seulement ensemble que nous ferons passer le PIB de l’Afrique de 3 000 milliards à 30 000 milliards de dollars d’ici à 2050.
Dr Moumouni KINDA, Directeur Général de l’ONG ALIMA
Photo de couverture © Seyba Keita / ALIMA