Pourquoi la situation en Éthiopie est-elle si difficile pour le personnel de santé ?
« L’Éthiopie, avec une population de 120 millions d’habitants, est confrontée à des crises d’origine humaine, à des sécheresses et à des inondations qui nuisent au bétail, à la production alimentaire, et à la disponibilité de l’eau, exacerbant ainsi la pauvreté. Dans la région de Somali, après une sécheresse de trois ans, deux inondations ont submergé les routes, les maisons et les terres agricoles, ont pollué les sources d’eau et endommagé les infrastructures. De nombreuses communautés se sont alors déplacées vers des zones offrant un meilleur accès aux services de base, à l’eau et aux moyens de subsistance.
Les travailleurs de la santé locaux ont été gravement touchés par la sécheresse prolongée ; ils ont été confrontés à des conditions de vie très difficiles et à une charge de travail écrasante. La région, déjà en sous-effectif, a eu du mal à faire face à l’afflux de patients. ALIMA a donc lancé un projet visant à soutenir 24 établissements de santé dans la région.
Sa mission : fournir des soins médicaux gratuits aux communautés touchées par la sécheresse et renforcer les capacités du personnel du ministère de la Santé éthiopien en organisant des formations sur les thèmes essentiels de santé et de nutrition. »
Quelle formation ALIMA a-t-elle dispensée pour répondre à cette extrême situation ?
« Notre objectif humanitaire est de réduire les taux de morbidité et de mortalité maternelles et infantiles et de partager nos compétences avec les travailleurs de santé de première ligne. Plus précisément, notre travail s’est concentré sur la sensibilisation à la prévention des maladies et sur les soins aux enfants gravement malades. En Éthiopie, comme dans les 13 autres pays où ALIMA travaille, nous voulons soutenir le personnel local plutôt que de le remplacer, renforçant ainsi les systèmes de santé sur le long terme. »
« En plus des formations pratiques, ALIMA a collaboré avec le ministère de la Santé éthiopien et des spécialistes pour former 94 membres du personnel de santé de première ligne. Ce programme de formation a couvert des sujets tels que les maladies infantiles, le contrôle des infections, la gestion des déchets, les pratiques infirmières, la gestion communautaire de la malnutrition aiguë, les principes de la santé sexuelle et reproductive, les soins pédiatriques d’urgence, et la détection précoce et la gestion des complications de la grossesse. »
Quel est l’impact de ce renforcement des capacités médicales sur les communautés ?
« L’ensemble de l’équipe de santé a renouvelé son engagement à répondre aux besoins médicaux des bénéficiaires. Parmi eux, Hodan Ali Muhumed, la responsable de la santé sexuelle et reproductive d’ALIMA, a contribué à l’amélioration des services de santé dans cette région gravement touchée en formant des travailleurs de la santé et des bénévoles de la communauté, et en organisant l’enregistrement des femmes enceintes. Ses efforts ont permis d’améliorer la qualité des soins et d’augmenter de 30% le nombre d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié. »
« Ce programme de formation a eu un réel impact sur la qualité des soins et la prise en charge des patients malgré la persistance des besoins : on compte 25 454 consultations médicales, 1 151 hospitalisations, 2 365 naissances vivantes, et 7 944 mères formées pour détecter la malnutrition infantile. La réorganisation des services médicaux a permis une meilleure gestion des médicaments et a renforcé la confiance du personnel de santé dans sa capacité à traiter les maladies. Nous travaillons actuellement à l’extension de ce programme à d’autres régions du pays, en particulier au Tigré où les besoins médicaux sont très importants. »
Ce projet de renforcement du système de santé a été soutenu financièrement par les opérations de protection civile et d’aide humanitaire de l’Union européenne (ECHO).
Photo de couverture : © ALIMA