Boga : de la peur à l’espoir

À Boga, dans l’est de la République démocratique du Congo, des milliers de familles déplacées tentent de se reconstruire après des années de violence.

En Ituri, à l’est de la République démocratique du Congo, des milliers de familles déplacées fuient la violence et se réfugient à Boga. Entre malnutrition, insécurité et traumatismes psychologiques, ALIMA et ses partenaires leur apportent soins, soutien et espoir.

Boga, une zone de santé qui renaît de la peur

Située à 120 km de Bunia, capitale de la province de l’Ituri, la zone de santé de Boga, est devenue un refuge pour de nombreuses familles déplacées par les affrontements entre groupes armés. Pendant longtemps, ses périphéries ont été le symbole de la peur : des attaques répétées y ont causé la mort de centaines de personnes depuis 2021.

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Hanaku Anastasia, une femme déplacée, et son bébé Junior, sont au Centre de Santé de Bikima en train de recevoir les suppléments alimentaires (Plumpy Nut) pour l’enfant qui est en train de se rétablir de la malnutrition, des mains de l’infirmière Espérance.

La population rescapée s’est regroupée au centre de cette zone de santé, en quête de sécurité. Parmi elle, Hanaku Anastasia,  mère de six enfants, qui a fui un campement pygmée situé à une journée de marche. Ses enfants souffrent aujourd’hui de malnutrition, faute d’accès à une alimentation suffisante. 

« Quand nous étions dans notre campement, mon mari partait chaque matin à la chasse et à la pêche. Mes enfants étaient bien nourris et ne souffraient pas de malnutrition. Nous, les femmes travaillions aussi dans les champs des Bantous et étions rémunérées, ce qui nous permettait d’acheter d’autres aliments. » 

Mais l’insécurité empêche désormais toute culture autour de Boga. 

Une structure de soins qui renaît

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David Mugeni, infirmier titulaire adjoint du Centre de santé de Bikima, dispense une consultation à une femme déplacée, Mapenzi Dageni, au Centre de santé Bikima.

Le Centre de santé de Bikima, situé en zone de santé de Boga, est aujourd’hui appuyé par ALIMA. 

« Nous recevons beaucoup d’enfants malnutris, et avec l’aide d’ALIMA, nous pouvons leur fournir des suppléments alimentaires et les soigner efficacement. Avant, notre centre était voué à disparaître : nous n’avions plus de ressources. Nos patients, majoritairement des déplacés, n’avaient pas d’argent pour payer les soins. Même la population locale ne pouvait plus cultiver à cause de l’insécurité. »

David Mugeni, infirmier titulaire

Pour Anastasia et d’autres familles, les soins gratuits représentent un espoir vital.

« Ce contexte difficile va continuer d’affecter la santé de nos enfants, mais nous avons la chance de bénéficier de soins gratuits. »

Joie et tristesse à la maternité

A l’Hôpital général de référence de Boga, des femmes déplacées reçoivent, elles aussi, des soins gratuits. Patience Mbambu, jeune maman, vient d’accoucher de son deuxième enfant. 

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Patience Mbambu berce son bébé Kambale Musienene à l’Hôpital général de référence de Boga. Patience est une déplacée qui est venue mettre au monde son enfant dans cette structure financée par CDCS.

« Je suis heureuse d’avoir mis au monde mon bébé » confie-t-elle.  

Mais son parcours reste marqué par la violence : elle a fui son champ de cacao et ses cultures après une attaque.

« C’était notre seule source de revenus. Aujourd’hui, nous vivons comme des démunis, privés de nos terres. »

Les blessures invisibles du conflit

 Les attaques armées ne laissent pas seulement des ruines matérielles  : elles brisent aussi les esprits.

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Emmanuel THUWAMBE, psychologue chez ALIMA, est en train d’écouter une patiente nécessitant un soutien psychologique après le massacre de 6 membres de sa famille.

Emmanuel Thuwambe, psychologue chez ALIMA à Boga, reçoit chaque jour une douzaine de patients.  « Ce sont souvent des histoires extrêmement  traumatisantes », explique-t-il. 

Il évoque notamment une femme dont le mari et cinq enfants ont été tués en une seule attaque. Elle n’a pu fuir qu’avec deux de ses enfants. 

« Nous faisons de notre mieux pour les accompagner psychologiquement, mais c’est une tâche de longue haleine. Ces traumatismes nécessitent un accompagnement de longue durée. »

Grâce au soutien du Centre de crise et de soutien (CDCS), les équipes d’ALIMA offrent bien plus que des soins médicaux : un accompagnement psychologique, une écoute, et la possibilité de reconstruire une vie après le conflit.

A Boga, malgré la peur et les pertes, l’espoir renaît.

Crédits photos : © ALIMA