C’est dans ce contexte qu’ALIMA mène le projet de recherche NutriVax dans l’État de Yobe, en collaboration avec le ministère de la Santé, afin de répondre aux besoins urgents en support nutritionnel et immunisation. Le projet vise à prévenir simultanément les formes mortelles de malnutrition et à augmenter la couverture vaccinale, créant ainsi un cercle vertueux pour améliorer la croissance et la santé des enfants les plus vulnérables au Nigeria.
Grâce à l’utilisation de compléments alimentaires à base de lipides en petites quantités (SQ-LNS), administrés aux enfants âgés de 6 à 23 mois afin de prévenir la malnutrition et d’améliorer leur survie, croissance et développement, NutriVax démontre comment l’intégration d’interventions nutritionnelles telles que la distribution de SQ-LNS dans le cadre de la vaccination systématique peut également augmenter la couverture vaccinale et transformer la santé des enfants dans les communautés vulnérables. Les SQ-LNS se présentent sous forme de sachets de 20 grammes qui peuvent être mélangés quotidiennement aux aliments préparés à la maison ou consommés directement à partir du sachet pour améliorer l’alimentation complémentaire et l’apport nutritionnel de l’enfant.
Yobe, Nigeria, mai 2025. Photo, © Nandak Chingle/ ALIMA.
Pour mieux comprendre la situation, le professeur Baba Goni, chercheur principal de NutriVax dans l’État de Yobe, aborde trois aspects clés : l’ampleur de la malnutrition, ses causes sous-jacentes et les raisons pour lesquelles cette intervention arrive à un moment critique.
La réalité de la malnutrition à Yobe
« Ici, dans l’État de Yobe, le soutien nutritionnel est une priorité absolue, car cet État reste l’un de ceux qui affichent les taux de malnutrition infantile les plus élevés », explique le professeur Baba Goni. « Grâce à cette intervention, le soutien d’ALIMA a considérablement soulagé le gouvernement de l’État. »
La malnutrition, dit-il, est très répandue.
« Environ 40 % des enfants qui se présentent dans les établissements de santé souffrent de malnutrition aiguë sévère, et beaucoup d’entre eux n’ont jamais reçu aucun vaccin, ce que nous appelons les enfants « zéro dose ». Dans certaines communautés, la couverture vaccinale contre la rougeole est inférieure à 10 %. C’est une situation effroyable. »
L’étude NutriVax est apparue en réponse à une question clé posée par les parties prenantes : « Comment mieux motiver les parents à faire vacciner leurs enfants contre la rougeole ? »
Yobe, Nigeria, mai 2025. Photo, © Nandak Chingle/ ALIMA.
Les facteurs déterminants de la malnutrition
Le professeur Goni souligne que l’implantation du projet dans le nord de l’État de Yobe est un choix délibéré et stratégique.
« La partie nord de l’État supporte le fardeau le plus lourd de la sous-nutrition car c’est une région sahélienne, presque aride. La saison des pluies y est très courte et, d’année en année, la sécheresse réduit la production alimentaire, surtout pendant la période de soudure. De plus, les activités agricoles et commerciales du nord-est ont été affectées par l’insurrection, avec des répercussions négatives sur les revenus des familles. »
Il a également cité le taux élevé de maladies évitables par la vaccination comme autre facteur majeur de malnutrition.
« La plupart de ces maladies infantiles, comme la rougeole, la pneumonie ou la diphtérie, qui sont évitables grâce à la vaccination de routine, peuvent entraîner une malnutrition aiguë ; les conditions climatiques difficiles, combinées à l’insécurité, aux difficultés économiques et à l’accès limité aux soins de santé, continuent d’affecter le bien-être nutritionnel des enfants vulnérables. »
Le rôle essentiel de Nutrivax à un moment critique
Pour le professeur Goni, le projet NutriVax arrive à temps.
« Il s’agit d’une intervention très importante car elle contribue à prévenir de nombreuses maladies. Le système immunitaire dépend des nutriments, vitamines et protéines que reçoit un enfant. C’est pourquoi le supplément SQ-LNS est essentiel pour aider notre population », explique-t-il.
Au-delà des bénéfices immédiats pour la santé, l’impact à long terme du projet pourrait être transformateur.
« À la fin de l’étude, nous disposerons de preuves scientifiques à présenter aux décideurs et à la communauté internationale, montrant que le SQ-LNS peut être administré en même temps que les vaccins de routine. Cela encouragera les parents à amener leurs enfants se faire vacciner, ce qui aboutira à des enfants en meilleure santé, plus alertes et plus résistants. »
Abuja, Nigeria, novembre 2025. Photo, © Nandak Chingle / ALIMA
Un modèle d’intégration prometteur
Avec 20 000 enfants inscrits au programme de distribution de SQ-LNS, NutriVax constitue non seulement une réponse, mais aussi un modèle stratégique d’intégration de la nutrition et de la vaccination qui mobilise les communautés locales. S’il réussit, il pourrait réduire la malnutrition et la mortalité infantile, améliorer la couverture vaccinale et offrir un modèle d’intervention de santé intégrée dans les communautés vulnérables.