Kasongo ne savait pas encore que ses enfants étaient atteints de la variole du singe, une maladie infectieuse causée par le virus Mpox (variole du singe). Des cloques douloureuses et des lésions cutanées sont les symptômes les plus visibles de cette maladie, qui provoque également des maux de tête, un gonflement des ganglions et de la fièvre. Le nombre de cas de Mpox augmente en RDC, se propageant de personne à personne, ou au contact de matériaux contaminés ou d’animaux infectés. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, plus de 14 626 cas suspects de Mpox et 654 décès liés à la maladie ont été enregistrés dans le pays en 2023. La province du Maniema est l’une des plus touchées, le gouvernement congolais y a déclaré une épidémie.
La maladie du virus Mpox étant inconnue au village de Kasongo, sa famille a été mise à l’écart. « C’était très difficile, toute ma famille était malade et notre communauté nous avait tourné le dos », se souvient-il. Il n’y avait aucune possibilité de traitement. « Le personnel du centre de santé proche de mon village n’a pas pu confirmer la maladie car il ne disposait pas du matériel nécessaire pour effectuer les tests », explique-t-il. On lui a dit que le seul établissement de santé capable de confirmer et de traiter la maladie de ses enfants se trouvait à 115 km de là, à Tunda, la deuxième ville de la province.
« Je n’avais pas le choix, j’ai immédiatement décidé de quitter notre village et d’emmener ma famille à Tunda pour être soignée. »
Toute la famille de Kasongo s’est lancée dans ce long voyage. Quand ils sont arrivés au centre de santé de Tunda, l’un de ses enfants était dans le coma. « Le traitement est arrivé trop tard pour mon fils et il est décédé. Mais je suis reconnaissant car les autres membres de la famille, qui ont également été admis à l’hôpital pour y être soignés, se sont complètement rétablis », raconte Kasongo, debout devant sa nouvelle maison à Tunda, entouré de ses enfants désormais guéris.
© Guerchom Ndebo / ALIMA
Le centre de santé de Tunda – une lueur d’espoir pour les malades du virus Mpox
La famille de Kasongo est l’une des nombreuses familles confrontées au virus Mpox sans pouvoir bénéficier d’un traitement près de chez elles. Les centres de santé primaire de la province manquent de fournitures médicales, d’équipement et de formation pour diagnostiquer et traiter la Mpox. Le centre de santé de Tunda, soutenu par ALIMA, est le seul établissement médical dans un rayon de 140 km disposant des capacités nécessaires pour traiter cette maladie.
« Au cours de l’année 2023, nous avons soigné plus de 460 personnes infectées par le virus Mpox »
Dr. Ombotimbe, coordinateur médical pour ALIMA en RDC
Le service de traitement de la Mpox mis en place par ALIMA dans le centre de santé de Tunda permet aux patients atteints de la Mpox de bénéficier de soins et de traitements gratuits et de qualité. Les équipes d’ALIMA ont également renforcé la surveillance épidémiologique, la prévention et le contrôle des infections Mpox, et ont sensibilisé la communauté dans la zone de santé de Tunda.
Le travail du Dr Ombotimbe et de son équipe est vital, non seulement pour le traitement des patients atteints de Mpox, mais aussi pour la recherche sur cette maladie relativement peu connue. En collaboration avec l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, les équipes ont recueilli des données et acquis des connaissances sur le profil clinique, biologique et biochimique de la maladie. « Le volet recherche de notre travail est essentiel car il nous aide à mieux comprendre la maladie, comment elle affecte le corps humain et comment elle peut être traitée et gérée au mieux pour réduire les souffrances, les décès et la propagation », explique le Dr Ombotimbe.
© Guerchom Ndebo / ALIMA
Capitaliser sur la recherche et les leçons apprises pour renforcer la capacité de réponse de la RDC face à la Mpox
L’impact positif de cette collaboration – rassemblant des experts en réponse aux épidémies humanitaires, des chercheurs internationaux en épidémiologie et les autorités sanitaires locales – a été mis en valeur lors d’un atelier de capitalisation sur la réponse à l’épidémie de Mpox dans la Province du Maniema, qui s’est tenu à Kinshasa en février 2024. « L’ensemble du personnel des zones de santé est renforcé dans sa capacité à gérer la Mpox. Des relais communautaires ont aussi été formés. Aujourd’hui, nous sommes fiers de notre province car nous pouvons facilement détecter les cas de Mpox au niveau de la communauté », a déclaré le Dr Kibungi Mutanga Junior, ministre provincial chargé de la Santé dans la Province du Maniema, lors de l’atelier.
Organisé par ALIMA en partenariat avec l’Institut national de recherche biomédicale de la RDC (INRB) et l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, l’atelier a rassemblé les principaux acteurs régionaux de la santé, notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, ainsi que des donateurs institutionnels internationaux – l’Union européenne (ECHO), le Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) du Royaume-Uni, l’Agence française de développement (AfD) et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) – afin de partager les enseignements et de tirer parti de la recherche opérationnelle, de la surveillance et de la gestion des cas de Mpox.
« Les discussions au cours de l’atelier et les leçons tirées de notre expérience de la gestion de l’épidémie de Mpox au Maniema fourniront des informations et des recommandations précieuses au ministère de la Santé de la RDC ; elles vont éclairer le plan d’action national de réponse à la Mpox », a déclaré le Dr Baweye Mayoum, chef de mission d’ALIMA en RDC.
« Cela va permettre de sauver plus de vies et de prévenir d’autres épidémies ».
Cet atelier national de capitalisation a été rendu possible grâce au financement de l’Union européenne (ECHO), qui soutient la réponse Mpox d’ALIMA dans la région depuis l’année dernière.
« Il est essentiel que ces initiatives de lutte contre la Mpox se poursuivent. Nous appelons nos donateurs et nos partenaires à mobiliser les ressources nécessaires. La population de la RDC compte sur nous », plaide enfin le Dr Mayoum.
Photo de couverture © Guerchom Ndebo / ALIMA