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14 septembre 2017

Burkina Faso: Une nouvelle recherche pour le traitement de la malnutrition aiguë

Des chercheurs de l’Université de Copenhague et les organisations médicales humanitaires ALIMA (The Alliance for International Medical Action) et Médecins Sans Frontières (MSF) ont publié les résultats d’une étude au Burkina Faso, qui a analysé le traitement de plus de 1 600 enfants souffrant de malnutrition aiguë modérée. Les résultats, publiés le 11 septembre 2017 dans le journal médical de libre accès PLOS Medicine, ont montré que la bouillie maïs-soja devrait être remplacée par un supplément nutritionnel à base lipidique (LNS), une pâte d’arachide fortifiée. Les résultats de l’étude pourront être utilisés directement dans le traitement et la prévention de la malnutrition aiguë.

Dans le monde, plus de 50 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë. Parmi eux, les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère ont un risque de mortalité dix fois plus élevé, et ceux qui survivent peuvent subir des retards de développement. Mais ces conséquences pourraient être évitées si les enfants sont traités plus précocement, pendant que leur malnutrition est à un stade modéré.

Le supplément nutritionnel à base lipidique contribue à une croissance saine

Dr Christian Fabiansen, auteur principal du rapport, et son équipe du Département de Nutrition, Sport et Exercice Physique de l’Université de Copenhague, ont réalisé l’étude en collaboration avec un étudiant en doctorat de l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé dans une région rurale du nord du Burkina Faso où la prévalence de la malnutrition sévère est élevée. L’étude, appelée TreatFood, était initialement financée par Danida, MSF Danemark, MSF Norvège et USAID via le Programme Alimentaire Mondial. Elle a été menée au sein d’un projet geré par ALIMA et ses partenaires burkinabés Keoogo et SOS Médecins.

Au cours de l’essai, 1 609 enfants atteints de malnutrition aiguë modérée ont reçu soit du LNS, soit de la bouillie maïs-soja, pendant 12 semaines. L’étude a révélé que les enfants qui ont reçu le LNS ont connu une prise de poids plus importante, dont la majorité était du tissu maigre et sain.

Dr. Fabiansen souligne l’importance de ces résultats :

“Les études précédentes sur les suppléments nutritionnels ont principalement observé l’effet en termes de la prise de poids” dit-il. “Une de nos préoccupations concernant les produits LNS, avec leur très forte teneur en matières grasses, était qu’ils entraîneraient une prise de poids composée principalement de graisse. Mais en appliquant une méthode basée sur la mesure des eaux lourdes dans le corps des enfants, nous avons trouvé que les produits LNS font augmenter principalement la masse maigre – c’est à dire les muscles et les organes – ce qui est important pour le fonctionnement du système immunitaire, la survie et le développement de l’enfant.

Les résultats principaux sont présentés dans le rapport: Effectiveness of food supplements in increasing fat-free tissue accretion in children with moderate acute malnutrition: A randomised 2 × 2 × 3 factorial trial in Burkina Faso. (Efficacité des suppléments alimentaires à augmenter l’accumulation du tissu maigre chez les enfants atteints de malnutrition aiguë modérée : Un essai factoriel aléatoire 2 x 2 x 3 au Burkina Faso). Des articles précédents concernant l’étude, révisés par des pairs, sont parus dans l’American Journal of Clinical Nutrition, BMC Nutrition, et Appetite.

Un standard de recherche novateur pour la malnutrition qui pourrait sauver des vies

Le professeur Henrik Friis, un des auteurs principaux du rapport signale l’importance de la collaboration entre les chercheurs de l’université et les organisations humanitaires :

“C’est une nouvelle façon de faire de la recherche : nous avons testé les effets des suppléments nutritionnels utilisés principalement par les agences humanitaires, en utilisant des méthodes de recherche très avancées dans des zones rurales reculées où les organisations humanitaires travaillent directement, et pas dans des hôpitaux universitaires. La collaboration entre chercheurs et organisations humanitaires signifie que ces résultats pourraient avoir un impact pratique et immédiat sur le terrain.”

Le Directeur Général de la section danoise de MSF, Jesper H. Brix, constate que :

“La malnutrition aiguë est encore un problème majeur à l’échelle mondiale. Alors, j’espère que nous pourrons utiliser les résultats pour offrir le meilleur traitement possible aux enfants vulnérables. Si nous arrivons à soigner les enfants atteints de malnutrition aiguë modérée avec des aliments thérapeutiques scientifiquement prouvés plus efficaces, et donc prévenir la malnutrition aiguë sévère, alors beaucoup de vies pourraient être sauvées.”

Le docteur Susan Shepherd, pédiatre et responsable de la recherche opérationnelle et clinique d’ALIMA, affirme :

“ALIMA est très fière de sa participation dans cette étude. Les enfants vulnérables, où qu’ils vivent, méritent les meilleurs traitements médicaux et nutritionnels possibles. Des études comme TreatFood fournissent la preuve nécessaire pour prendre les meilleures décisions pour nos patients. ALIMA s’engage à développer encore plus de partenariats de recherche au sein de ses projets humanitaires, parce que c’est ainsi que nous allons élever la qualité des soins pour tous.”


Photo d’illustration : Xaume Olleros / ALIMA 

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