“La prise en charge des patients Ebola a beaucoup évolué. Actuellement, les soignants disposent de solutions efficaces comme le vaccin, les traitements et les soins intensifs pour traiter les malades atteints d’Ebola.
ALIMA réalise des activités de sensibilisation communautaire afin d’encourager la population à ne plus avoir peur des structures de soins Ebola et de s’y rendre très tôt car les chances de guérir d’Ebola sont alors de 80%, ce qui n’était pas le cas avant.”
Dr Richard Kojan, un des fondateurs de la CUBE, médecin anesthésiste réanimateur, et président d’ALIMA.
Quelles sont les connaissances sur Ebola aujourd’hui ?
1. La maladie Ebola est de la famille des filovirus. Après une période d’incubation oscillant entre 2 et 21 jours, le malade peut présenter des symptômes tels qu’une fièvre sévère, des maux de tête, des douleurs musculaires, des vomissements, des diarrhées, et dans certains cas, des hémorragies internes et externes. La maladie à virus Ebola est contagieuse et extrêmement mortelle. Elle se transmet d’humain à humain par contact avec des liquides biologiques ou des sécrétions de patients infectés : vomi, sang, salive, sperme. Elle se transmet également par contact ou ingestion d’animaux infectés.
2. Le virus Ebola a été découvert pour la première fois en République démocratique du Congo en 1976. Depuis lors, le pays a signalé 12 épidémies du virus, dont celle qui sévit actuellement dans la province du Nord-Kivu. En 1994, Ebola a été signalé pour la première fois en Afrique de l’Ouest, initialement en Côte d’ivoire. En décembre 2013, Ebola a été confirmé en Guinée puis s’est propagé aux pays voisins, dont la Sierra Leone et le Liberia. Cette épidémie est devenue la plus grande épidémie d’Ebola de l’histoire, infectant plus de 28 000 personnes entre 2014 et 2016. Près de cinq ans plus tard, Ebola a de nouveau été confirmé en Guinée, en février 2021.
3. Le virus Ebola se transmet à l’humain au contact des animaux sauvages infectés. Les premières contaminations animal-homme proviennent majoritairement de contacts avec des chauves-souris et des singes. En période d’épidémie, il est fortement déconseillé de manipuler ou de manger de la viande de brousse.
4. Les chances de guérir d’Ebola peuvent atteindre 80% avec une prise en charge médicale dès les premiers stades. Lors des précédentes épidémies, le taux de mortalité des patients atteints d’Ebola pouvait atteindre 90 %. Lancée en 2018, l’étude PALM (Pamoja Tulinde Maisha)*, est un essai clinique thérapeutique mené par ALIMA et ses partenaires** en RDC, qui a démontré que pour des patients qui consultent tôt et sont traités avec l’une des deux molécules (anticorps Regeneron et mAb114), le taux de mortalité peut être réduit à moins de 20%.
5. Le traitement symptomatique contre la maladie à virus Ebola améliore les chances de survie. Les soins de soutien ou soins intensifs tels que la réhydratation et les transfusions sanguines, etc. font partie des traitements pour aider les malades à survivre à Ebola.
Ces traitements améliorent considérablement le confort du patient en corrigeant les pertes dues notamment à la déshydratation et participent à la réduction de la mortalité des patients.
6. Le vaccin anti-Ebola, Ervebo, anciennement rVSV-ZEBOV, protège efficacement contre ce virus mortel. D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le vaccin contre Ebola, Ervebo a été homologué en novembre 2019 par l’Agence européenne des médicaments et préqualifié par l’OMS. La Food and Drug Administration des États-Unis a homologué le vaccin en décembre 2019. Depuis lors, le Burundi, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Ghana, la Guinée, le Rwanda, l’Ouganda et la Zambie l’ont également approuvé.
7. Un déploiement rapide pour juguler les flambées. Pour être efficace, la riposte repose sur une série de mesures : la prise en charge des cas, les mesures de prévention des infections, le suivi et la recherche des personnes contacts, des services de laboratoire de qualité, des enterrements sécurisés et la mobilisation sociale avec une communication adaptée, pour que les communautés soient impliquées dans les réponses.
8. Renforcer les mesures de protection individuelle permet de lutter contre la propagation du virus. Les populations locales et les personnels de santé doivent respecter des mesures d’hygiène strictes : se laver les mains régulièrement, éviter tout contact direct ou rapproché avec les cas suspects, porter des gants et un équipement de protection pour s’occuper des malades, et ne pas toucher les corps des défunts sans protection, notamment.
9. La CUBE (Chambre d’Urgence Biosécurisée pour Épidémies), créée par ALIMA, est un espace d’isolation individuelle, qui permet de réaliser des soins intensifs ou de réanimation en toute sécurité pour les agents de santé, tout en apportant plus de confort aux patients qui peuvent rester en contact avec leur famille et les soignants.
Ebola est perçue comme une maladie très effrayante et la peur d’être contaminé a eu pour impact que peu de recherches étaient menées sur cette maladie.
Aujourd’hui, grâce à la facilité et à la sécurité des contacts entre patients et soignants que garantit la CUBE, des observations scientifiques peuvent être conduites en vue de générer davantage de connaissances sur la maladie à virus Ebola.
Actuellement, ALIMA et ses partenaires continuent la recherche sur Ebola selon 3 axes :
– caractériser la maladie sur le plan clinique et biologique afin de pouvoir mieux la décrire;
– poursuivre les essais cliniques afin de trouver davantage de vaccins, des antiviraux contre Ebola, mais aussi d’autres traitements adjuvants pour améliorer les soins aux patients Ebola;
– réaliser des études interventionnelles qui questionneraient les traitements symptomatiques existants afin d’améliorer les pratiques de prise en charge des patients.
10. La fin d’une épidémie d’Ebola est déclarée si après le jour où le dernier patient contaminé Ebola a été déclaré négatif suite à un test en laboratoire, 42 jours sans nouveau cas confirmé se sont écoulés.
* “Ensemble, nous sauvons des vies” en swahili
** l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) de la RDC, l’OMS, le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID)
Photo de couverture : 3 CUBEs (unités de soins intensifs biosécurisées pour répondre aux épidémies) ont été installées par l’équipe d’urgence ALIMA (The Alliance for International Action) au CT-Epi (Centre de Traitement des Epidémies) de N’Zérékoré, en Guinée, 2021 © Léa Ledru / ALIMA