Près de 4000 personnes dont 600 cas confirmés Ebola ont pu être soignées par les équipes d’ALIMA. Grâce au dispositif innovant de la CUBE (Chambre d’Urgence Biosécurisée pour les Épidémies), la qualité de la prise en charge par rapport aux épidémies précédentes s’est largement améliorée. Aujourd’hui, il est possible de délivrer des soins intensifs, de réanimer des patients, de réaliser des échographies sans fils et avec fils, des transfusions et de réaliser certains actes chirurgicaux comme la césarienne. Par ailleurs, ALIMA a très largement participé à un essai clinique qui a permis d’identifier 2 traitements (REGN-EB3 et mAB114) qui sont les premiers médicaments ayant clairement montré une diminution significative de la mortalité chez les personnes atteintes du Virus Ebola. Aujourd’hui, nos équipes continuent à intervenir dans le centre de traitement Ebola de Katwa avec la même qualité de soins.
A l’heure où la gestion du CTE de Beni est transmise à MSF, trois membres de l’équipe ALIMA reviennent sur leur expérience et leur travail au sein du centre.
Le témoignage de Gerlande : travailleur communautaire
Gerlande, travailleur communautaire, sensibilise la population aux risques de la maladie à virus Ebola. Il travaille pour le CTE depuis octobre 2018.
« Je commence ma journée dès 6h du matin en accueillant les visiteurs qui viennent voir leurs proches hospitalisés. Je prends le temps d’échanger avec eux. Très souvent, la première fois qu’ils viennent au CTE ils ont peur. Je les rassure car Ebola était une maladie inconnue ici au Nord-Kivu et de nombreuses rumeurs ont circulé. Je porte également une très grande attention aux personnes guéries. Une fois de retour dans leur communauté, certains souffrent d’une certaine forme de stigmatisation. Je me rends auprès d’eux et passe du temps dans leur maison. Cela envoi un signal positif à leurs proches et leur montre qu’ils n’ont rien à craindre ».
Gerlande raconte l’histoire d’Espérance et de son fils : « Espérance est l’une des premières personnes qui a guéri d’Ebola, après un mois d’hospitalisation. Elle était persuadée qu’elle allait mourir durant son hospitalisation. Son fils, lui, était suspecté d’être atteint d’Ebola. Maintenant, Espérance s’occupe d’enfants de la crèche du CTE, comme d’autres ont pu s’occuper de son fils.»
Le témoignage de Patrick : Hygiène et biosécurité
Patrick, originaire de Kinshasa, est le responsable de la biosécurité au sein du CTE de Beni. Il travaille dans le centre depuis octobre 2018.
« Avant le début de l’épidémie, je savais peu de choses d’Ebola. Une fois arrivé à Beni, mon rôle a été de veiller à la protection des équipes et des patients afin d’éviter toute contamination dans ce lieu de soins. Concrètement, je gère le planning et l’organisation du travail de 119 hygiénistes qui veillent au quotidien à sécuriser le centre. Certains membres de mon équipe ont la lourde tâche de décontaminer le corps d’une personne décédée avant son enterrement digne et sécurisé. Je suis fier de mon équipe qui a réussi à préserver la biosécurité dans le centre et qui a permis d’éviter toute contamination ».
Le témoignage de Josée : responsable des soins infirmiers
Josée, responsable des soins infirmiers dans le CTE de Beni, infirmière depuis 6 ans avec ALIMA et intervenante sur l’urgence Ebola raconte : « C’est la première fois que je soigne des patients atteints d’Ebola. Ma seule pensée par rapport à Ebola c’était la mort. Aujourd’hui, je sais que, grâce aux nouveaux traitements, un patient peut survivre ».
Josée a pris en charge 300 cas confirmés et 2 900 suspects. Une histoire qui a particulièrement marquée Josée est celle d’un garçon de 8 ans.
« Sa mère était prise en charge dans notre CTE et quand elle a su que son fils présentait des symptômes suspects, elle l’a fait venir se faire soigner chez nous. Elle avait confiance. Nous lui avons immédiatement délivré des soins intensifs. Ses grands frères venaient de décéder et sa mère a placé toute sa confiance et sa foi entre mes mains, en me demandant de sauver son fils. Malheureusement, l’enfant allait mal, très mal. Il convulsait très régulièrement et continuait à saigner. Nous le transfusions mais cela n’était pas suffisant. Ses parents étaient prêts à le laisser partir. Mais au 11ème jour, contre toute attente, il a commencé à aller mieux et à reprendre des forces. Un mois après, il était guéri. C’était vraiment extraordinaire d’assister à ce miracle et à la joie de ses parents ».
Photos :
CTE Beni : © Lisa Veran / ALIMA
Josée : © Lisa Veran / ALIMA
Patrick : © Lisa Veran / ALIMA
Espérance : © Lisa Veran / ALIMA