Le 21 mars 2014, l’OMS déclare officiellement le début de l’épidémie. En Guinée, elle s’accélère au mois d’août et connait rapidement une expansion et une ampleur sans précédent. Le 8 août 2014 l’OMS déclare une urgence de santé publique mondiale, et demande l’adoption de mesures appropriées pour stopper sa propagation.
Face à l’urgence en Guinée et à l’augmentation rapide du nombre de cas en août et septembre, les équipes de ALIMA ont mené au mois d’octobre une mission exploratoire en Guinée afin d’analyser les besoins prioritaires dans le cadre de la lutte contre la MVE.
Rapidement, ALIMA a construit par l’intermédiaire du Programme Alimentaire Mondial (PAM) un Centre de Traitement Ebola (CTE) en Guinée Forestière, à Nzérékoré, 2ème ville du pays. Un appui est par ailleurs fourni aux 3 Centres de Transit de Nzérékoré, Beyla et Lola. Le CTE couvre ces trois préfectures ; soit près de 1 million de personnes concernées.
Ouvert le 2 décembre 2014 avec une capacité initiale de 25 lits, le CTE comptait à fin décembre 40 lits opérationnels. Du 2 décembre 2014 au 2 février 2015, un total de 125 patients a été pris en charge par les équipes de ALIMA au CTE, dont 69 cas confirmés, 7 cas suspects, et 49 infirmés. 23 personnes sont sorties guéries et 39 personnes sont décédées.
Si l’évolution de l’épidémie est à la baisse depuis décembre et janvier, de nombreux foyers actifs et des chaines de transmission persistent, notamment en Guinée forestière. Au 1er février 2015, le pays enregistrait 2 975 cas dont 1944 décès (63,5%).
CONTRE EBOLA, UNE PRISE EN CHARGE MÉDICALE ET PSYCHOLOGIQUE
La prise en charge médicale des malades infectés par le virus Ebola consiste avant tout en des traitements symptomatiques ou palliatifs. Les soins symptomatiques permettent en effet de réduire la douleur des patients, et les soins intensifs non spécifiques augmentent les chances de survie. Il peut s’agir à la fois des procédures invasives (injection de médicaments, perfusion, etc.), de la réhydratation, et le traitement des symptômes (fièvre, douleur, nausée, vomissements, dyspepsie, anxiété, agitation). Ces traitements sont adaptés en fonction des analyses biologiques qui sont réalisées tous les jours chez les patients (fonction rénale, électrolyte…).
La prise en charge médicale s’accompagne d’un soutien psychologique du patient et de sa famille dès le début de l’intervention. Ce soutient se poursuit en toute circonstance : si le patient guéri et lorsque la famille désire lui rend visite.
Lorsqu’un patient décède, l’enterrement doit être impérativement sécurisé. La famille a la possibilité de voir le corps du défunt et suivre l’enterrement effectué par les équipes sanitaires.
Des activités externes sont également mises en place pour rétablir le lien de confiance entre les acteurs médicaux, les agents communautaires et les communautés. L’objectif étant de renforcer l’appropriation de la maladie par les communautés elles-mêmes afin de lever les réticences dont elles font preuve. Ces activités permettent de sensibiliser, prévenir et former les populations face à la maladie, et d’expliquer la méthode de prise en charge au CTE. La finalité étant de déclencher l’alerte au plus vite pour une admission rapide au CTE des personnes symptomatiques, et augmenter leurs chances de survie.
L’ESPOIR D’UN REMÈDE
Parce que les épidémies de maladie à virus Ebola sont rares, particulièrement en Guinée, les acteurs médicaux manquent d’informations et de données relatives aux traitements possibles et leurs conséquences sur la santé de l’homme. Dans cet esprit, et face au taux de mortalité élevé dans les centres de traitement, ALIMA participe depuis le 17 décembre 2014 à l’essai d’un traitement avec Favipiravir (antiviral) promu par l’INSERM et financé par la France et l’Union Européenne en Guinée.
Ce médicament connu sous le nom d’Avigan, est fabriqué au Japon par le laboratoire Toyama Chemical et utilisé initialement comme traitement contre la grippe. Une des études est menée au CTE de ALIMA à Nzérékoré. Les résultats préliminaires indiquent que cet antiviral réduit la mortalité de moitié chez les adultes et adolescents présentant un faible taux de multiplication du virus, et accélère la guérison.
L’étude se poursuit actuellement dans le centre de traitement ALIMA, non seulement à des fins de recherche mais aussi pour améliorer les chances de survie des patients.
FINANCEMENT : 4 920 000 €
Le projet Ebola d’ALIMA en Guinée est financé par le Bureau d’Aide Humanitaire de la Commission Européenne (ECHO), ALIMA USA, Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), et Avaaz.