Ce contexte délétère exacerbe l’étendue des besoins humanitaires dans cette zone et participe à faire du Burkina la crise la plus négligée au monde, selon le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC). La sécurité alimentaire, la protection, l’eau, hygiène et assainissement, ainsi que la santé demeurent le quatuor de tête des besoins de 6,3 millions de burkinabés.
Face à ces défis, ALIMA, en partenariat local avec SOS Médecins Burkina Faso et KEOOGO, apporte à Kaya et à Ouahigouya des soins de santé de qualité aux populations déplacées et hôtes. Les violences armées ont provoqué la fermeture de nombreux postes de santé. ALIMA, à travers les cliniques mobiles, permet d’offrir des services de santé essentiels à des communautés pour qui l’accès aux soins reste difficile. En effet, les centres de santé sont souvent assez peu nombreux et insuffisamment équipés pour répondre à leurs besoins, en particulier dans les zones rurales ou plus enclavées. Le manque de personnel qualifié, de médicaments et d’équipements médicaux adéquats créent un environnement où les femmes et les enfants, sont particulièrement vulnérables aux maladies évitables et aux complications de santé.
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Abibou & Zakaria
« Mon fils Zakaria, 6 ans, a été cogné par une moto. Lorsqu’il est arrivé à la maison, il a d’abord dit qu’il était tombé à l’école. Après trois jours de douleur, il a finalement avoué qu’il avait été cogné par une moto. C’est là que je l’ai emmené au centre de santé pour se faire soigner. Je vis au secteur 2 à Pissila même.«
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Antini
« Je suis mariée et j’ai quatre enfants. Je suis une personne déplacée interne. Je vis chez ma famille à Baganbila depuis que j’ai quitté Tilagha. Nous sommes déplacés depuis quatre mois à cause de l’insécurité. Je suis venue pour faire soigner mon fils, Moyisi, qui a 18 mois. Il tousse depuis quelques jours. Ce sont les relais communautaires qui m’ont fait savoir que je pouvais bénéficier de soins de santé gratuits.«
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Laari
« Je vis dans le secteur 4. Je vais au centre de santé pour faire soigner mon enfant. Il souffre de douleurs au ventre depuis trois jours. C’est la seconde fois que je viens ici pour consulter, j’ai appris que les personnes déplacées s’y faisaient soigner gratuitement.«
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Rayinatou
Rayinatou est au chevet de sa fille, hospitalisée pour malnutrition aiguë sévère au Centre de Rééducation Nutritionnelle de l’hôpital de Ouahigouya.
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Aliou Cissé, Médecin généraliste
« J’ai été recruté pour appuyer le centre de santé de Pissila. J’ai pris service il y a une semaine (début février 2024). J’ai été très bien reçu et je m’intègre petit à petit à l’ambiance de travail au centre de santé. C’est mon amour pour l’humanitaire qui m’a poussé à postuler à ALIMA. J’ai suivi mes études à Cuba et pour y arriver, j’ai été aidé. Travailler dans l’humanitaire, c’est pour moi une façon de donner ce que j’ai reçu. »
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Assita
« Je suis restauratrice, titulaire d’un bac en agroalimentaire. Après mon bac, j’ai choisi de me lancer dans l’entreprenariat. Cela fait un an que je travaille avec ALIMA. Je propose de la bouillie de riz, du petit mil, des sandwichs, du riz aux haricots, du riz gras etc. J’ai connu quelques difficultés lors de mon premier contrat, car j’étais à 5 kilomètres d’ici et il m’arrivait de livrer un peu en retard. Depuis le renouvellement du contrat, j’ai pris un local juste à côté de l’hôpital pour être plus ponctuel. »
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Aminata, sage-femme d’état ALIMA
« Je suis responsable de la santé de la reproduction. J’ai commencé à travailler pour ALIMA en 2021, cela fait deux ans et sept mois. Je fais toutes les activités sauf l’accouchement : consultations prénatales, consultations curatives, planification familiale, post natal etc. J’ai choisi de devenir sage-femme pour sauver des vies, suivre la maternité des femmes jusqu’à l’accouchement. »
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Élodie, Infirmière au Centre de Rééducation Nutritionnelle
« Je suis infirmière à ALIMA depuis 2 ans . Ma journée commence par la passation de services avec l’infirmière de garde. Ensuite je fais le tour des services pour voir les malades. Nous essayons de rassurer les mamans sur la prise en charge des enfants. Si l’état des enfants n’est pas très grave, ils restent généralement une semaine. Certains enfants atteints de pathologies plus graves restent parfois un mois. »
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Badini
« Je suis déplacée de la région de Djibo. Je suis ici depuis l’année dernière. Je suis au village de Tamsé. Je suis ici pour faire une consultation prénatale. Je suis enceinte de 7 mois. Je ne sais pas encore si c’est un garçon ou fille car je n’ai pas encore fait d’échographie. Je ne savais pas que c’était nécessaire, mais actuellement, je n’ai pas les moyens. J’ai cinq enfants. J’apprécie l’accueil et la qualité des soins que nous recevons ici. »
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Latifatou, Aide-soignante
« Je travaille avec ALIMA depuis 2 ans. Environ 80 personnes viennent prendre leurs médicaments ici. Ceux que je distribue le plus souvent sont des antipaludéens, contre le rhume ou encore la diarrhée. »
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Étienne Constantivo, Infirmier chef de poste
« Nous soignons des malades tous les jours. Nous avons plusieurs services dont la maternité, une salle de mise en observation. L’appui d’ALIMA est la bienvenue. Depuis qu’elle nous appuie, nous avons moins de ruptures en médicaments. L’installation de 2 postes de santé avancés permet de désengorger également le centre de santé. ALIMA nous appuie également en ressources humaines. Une dizaine d’agents de santé ont été recrutés. Avec la crise, les agents de santé avaient fui. Maintenant nous avons des volontaires qui nous appuient. Nous pouvons désormais recommencer la continuité du service, qui a repris normalement. Nous fonctionnons 24h/24 actuellement depuis quatre mois. Nous recevons 3 à 4 mille patients par mois, environ une centaine par jour. »
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Alain, pédiatre au CHU de Ouahigouya
« L’intervention de l’ONG ALIMA a été d’un grand apport sur les plans de l’équipement, des infrastructures etc. On a vu une grande amélioration. Cela s’est fait ressentir sur le taux de mortalité [des enfants hospitalisés ou pris en charge pour malnutrition] qui a baissé de manière significative. Il est passé de 9 pour cent en 2022 à 5 pour cent en 2023. Annuellement au niveau du service de pédiatrie nous prenons en charge entre 4 000 et 5 000 personnes. L’ONG intervient au niveau des urgences, du service de réanimation et des soins intensifs, sur le plan du recrutement du personnel pour la prise en charge des patients, du matériel médico-technique du Centre de rééducation et d’éducation nutritionnelle de l’hôpital de Ouahigouya. »
Ces projets ont été financés par ECHO/USAID. Crédits photos : Alioune NDiaye