Pouvez-vous nous décrire la situation à Tawila ?
« C’est une situation vraiment déplorable. Des milliers de femmes et d’enfants convergent d’El Fasher vers Tawila. Nous sommes au chevet de ces populations qui ont des besoins critiques et besoin de soins. »
Tawila est une ville isolée, il n’y a pas d’aéroport à proximité. Est-ce que cela complique votre travail ?
« Énormément. Le travail est assez compliqué parce que l’acheminement de l’aide humanitaire pour toutes ces populations reste très difficile. Nous sommes à Tawila depuis maintenant 9 mois. Ce sont des moyens logistiques énormes qu’on met en place pour pouvoir acheminer l’aide humanitaire. L’accès est très difficile. »
Pourquoi les réfugiés arrivent-ils vers cette ville de Tawila ?
« Tawila se trouve à 60 km environ d’El Fasher. C’est la seule ville où les gens trouvent refuge aujourd’hui. C’est là où il y a le plus grand camp de déplacés aujourd’hui. »
Que racontent ces déplacés de leur périple ? Quel est leur témoignage ?
« Ce sont des témoignages qui laissent sans voix. Ce sont des gens qui ont tout vu, qui ont connu des atrocités, qui ont fui la ville mais qui ont connu également des problèmes qu’on ne peut pas imaginer sur cette route. Il y a eu des viols, des agressions… Les plus chanceux arrivent à atteindre Tawila dans des conditions assez critiques. Les moins chanceux, la plupart sont morts sur la route. »
« Les populations qui arrivent ici sont traumatisées. Ce sont des femmes et des enfants à qui l’on essaie de faciliter les soins de santé au niveau de Tawila. Aujourd’hui, nous comptons 3 camps de déplacés qui sont déjà complètement bondés. Nous sommes débordés par tous ces afflux de personnes. »
Que sait-on des personnes qui n’ont pas pu fuir El Fasher ? A-t-on des informations sur ces personnes qui sont restées sur place ?
« On parle de 26 000 personnes qui ont fui cette ville depuis le 26 octobre. Malheureusement, ceux qui sont arrivés sont beaucoup moins.
Pour ceux qui sont restés dans la ville d’El Fasher, nous n’avons aucune information, personne n’ayant accès à cette ville aujourd’hui. »
Quels sont vos besoins aujourd’hui à Tawila ?
« Nous avons pris en charge plus de 2 000 personnes en 10 jours sur les différents sites répartis dans les camps de déplacés.
Nous avons des dizaines de médecins, infirmiers, sages-femmes, psychologues… qui prennent en charge ces personnes.
Aujourd’hui, clairement, nous manquons de tout. Nous manquons de personnel, de médicaments, de matériel. Nous manquons de moyens pour pouvoir assurer la continuité de ces soins.
Nous appelons à la mobilisation de tout le monde. »
🎧 Écouter l’interview complète sur France 24 (à partir de 03:15)
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- « Il y a la famine. C’est visible. Vous les voyez très maigres à cause de ce qu’ils ont enduré. » (RTL)
- « Les personnes qui arrivent à Tawila sont affamées, déshydratées, en sang » (France Inter)
- « Ce fut une semaine horrible à Tawila. Nous avons reçu plus de 15 000 personnes. » (Le Monde)
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