Zadi fait partie des plus de 1 600 enfants qu’ALIMA et ses partenaires ont pris en charge dans le programme de traitement de la malnutrition depuis l’ouverture de la clinique en août.
« Nous voyons chaque semaine plus de 30 nouveaux cas de MAS [malnutrition aiguë sévère] », déclare Nicolas Mouly, coordinateur du projet d’ALIMA à Muna. « Il n’y a aucun moyen d’éviter la malnutrition ici. Il n’y a pas assez de nourriture ou d’eau à Muna. Les conditions de vie sont mauvaises et rendent les gens plus vulnérables aux maladies. »
Depuis le début de l’insurrection en 2009, environ 2,6 millions de personnes, dont un million d’enfants, ont été déplacées à travers le pays. Trente mille se sont réfugiées à Muna.
La plupart n’arrivent avec rien de plus qu’un petit sac d’objets personnels. Ceux qui s’installent dans les communautés d’accueil ont peu d’accès à la nourriture, à l’eau ou à un abri. Les membres de la communauté locale restent incapables de cultiver ou de s’occuper de leur bétail en raison de l’insécurité.
Les besoins sont immenses.
« Nous n’avons rien », a déclaré Fatima Tolo, 20 ans, arrivée à Muna à la mi-décembre de Maiduguri avec sa fille d’un an. « Nous sommes complètement dépendants des habitants du camp. Mon seul souci est de trouver de la nourriture. »
À la clinique de Muna, 26% des enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère (MAS) et le taux de malnutrition aiguë globale (MAG) est de 43%. Dans les communautés voisines, le dépistage de malnutrition organisé en octobre par le Ministère de la Santé et l’UNICEF lors de la campagne de vaccination polio a identifié un taux de MAS d’environ 6,2%.
Mais alors que de plus en plus de personnes ont besoin de soins médicaux, le personnel de santé des structures villageoises a fui. Les cliniques ont été abandonnées. La plus grande partie de l’aide humanitaire est concentrée dans les camps voisins.
Sur les 743 établissements de santé dans l’État de Borno, l’Organisation Mondiale de la Santé indique que plus de la moitié ne fonctionnent pas. 35% ont été complètement détruits. Seulement 8% de ceux qui fonctionnent ont accès à de l’eau potable.
« Seul ALIMA fournit des soins médicaux dans la région », a déclaré Hajja Femoudou, qui a fui Mafa il y a quatre mois avec son fils d’un an et demi, qui souffre de vomissements et de diarrhée. « Ils aident à le guérir maintenant. »
ALIMA offre des soins médicaux aux personnes déplacées internes (IDPs) et aux membres de la communauté d’accueil, en plus du dépistage et du traitement de la malnutrition chez les enfants. Au cours des trois derniers mois, ALIMA a effectué plus de 5 000 consultations en ambulatoire. La majorité des enfants qui viennent souffrent de diarrhée aqueuse, d’infections respiratoires et de paludisme.
Au cours du mois dernier, le nombre d’enfants venus pour malnutrition à la clinique a plus que doublé, en grande partie parce que plus de 2 100 mères de la communauté ont été formées en décembre à dépister la malnutrition en utilisant un simple ruban coloré qui mesure le périmètre brachial.
« C’est formidable que les mères identifient la malnutrition chez leurs enfants et les amènent ici, mais cela nous montre que le problème est encore plus grand que ce que nous pensions », a déclaré Margaret Otuya, responsable médicale d’ALIMA à Muna. « Cela nous montre qu’il y a encore des enfants à l’extérieur, dans la communauté, que nous ne connaissons pas, qui souffrent de malnutrition. »
La détection précoce de la malnutrition à l’aide du ruban MUAC aide à réduire le nombre d’enfants nécessitant une hospitalisation.
Zadi, qui a été l’un des cas les plus graves, est sortie guérie le 5 Décembre, après avoir été hospitalisée. Elle pèse maintenant un poids plus raisonnable de 18kg et ses œdèmes ont fondu. Ses parents continuent de la traiter à domicile avec un programme d’alimentation thérapeutique.
Mais alors que l’histoire de Zadi s’est terminée par un happy ending, jusqu’à la fin du conflit, il est nécessaire pour tous les organismes d’aide de mettre à l’échelle leur réponse pour répondre aux besoins des plus vulnérables.
ALIMA est une organisation médicale humanitaire indépendante qui met en commun l’expertise des travailleurs humanitaires internationaux, des organisations médicales nationales et des instituts de recherche internationaux afin de fournir des soins médicaux de qualité aux personnes dans le besoin et de mener des recherches de pointe pour améliorer la médecine humanitaire. Basée à Dakar au Sénégal, ALIMA a traité plus de 2 millions de patients dans 12 pays depuis sa fondation en 2009 et a lancé 10 projets de recherche portant sur la malnutrition, le paludisme et Ebola.
Au Nigéria, plus de 7 000 enfants souffrant de malnutrition ont été admis dans les programmes nutritionnels d’ALIMA entre juillet et décembre 2016. Les projets d’ALIMA au Nigeria sont actuellement financés par l’office humanitaire de la Commission européenne (ECHO), le programme d’USAID pour l’aide aux catastrophes à l’étranger (OFDA) et l’UNICEF.
Photo : ALIMA