“La moitié de la population mondiale est exposée au risque du paludisme”, déclare Dr Nafissa Dan-Bouzoua, coordinatrice médicale d’ALIMA.” Malgré plusieurs années de lutte, nous n’avons pas vu beaucoup de progrès. Alors que dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne le traitement du paludisme est désormais gratuit, l’approvisionnement en médicaments est souvent insuffisant.”
Chaque année, plus de 212 millions de personnes, dont la majorité vit en Afrique subsaharienne, souffrent du paludisme, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Bien que le paludisme soit une maladie qu’il est possible de prévenir et de guérir, elle continue de tuer près d’un demi-million de personnes chaque année, en majorité des enfants.
“Les actions préventives, telles que l’utilisation de moustiquaires, les traitements de chimio-prévention du paludisme saisonnier et la pulvérisation d’insecticide dans les foyers sont toutes des mesures très efficaces dans la lutte contre le paludisme”, déclare Dr Dan-Bouzoua. “Dans les pays où ces actions sont mises en œuvre de manière efficace, nous constatons une réduction significative du nombre de cas. De plus, si des méthodes de diagnostic rapide sont mises en place et un traitement adéquat est disponible, nous pouvons réduire la mortalité et améliorer les chances de survie des patients. “
Nous vous invitons à lire quelques récits recueillis sur le terrain.
L’histoire de Boubacar
Boubacar, quatre ans, dont la famille a été déplacée par le conflit en cours dans le nord du Mali et qui vit maintenant dans le quartier de Hambar, dans la ville de Goundam, s’est senti malade un matin. Pendant trois jours, il a souffert d’une forte fièvre, de maux de tête et de constipation. Sa grand-mère l’a emmené au centre de santé de référence le plus proche, où les personnels de santé d’ALIMA et de son partenaire AMCP (Alliance Médicale Contre le Paludisme) ont diagnostiqué Boubacar comme souffrant du paludisme. Il a été admis au service de pédiatrie, où on l’a soigné. Au bout de quelques jours, il a retrouvé des forces et il est rentré chez lui en bonne santé.
“Si nous n’étions pas venus ici, j’aurais peut-être perdu un de mes petits-enfants”, raconte Alhousna, la grand-mère de Boubacar. “C’est grâce aux soins qu’il a reçus ici que l’état de Boubacar s’est amélioré. Si je l’avais emmené chez un guérisseur traditionnel, comme nous avions fait pour mon petit-fils de 2 ans qui est décédé, que se serait-il passé? Les médecins, et toute l’équipe ici, nous ont vraiment aidés. Ils lui ont donné des soins de qualité, gratuitement, et nous ont fourni du savon et des repas gratuits. Quand nous sommes partis, ils nous ont donné une moustiquaire imprégnée pour ramener à la maison. Et, grâce aux séances d’information, j’ai beaucoup appris sur les mesures de prévention du paludisme, des choses que je peux partager avec d’autres personnes déplacées.”
L’histoire de Dr Papys Lame
“Récemment, j’ai aidé à la référence des patients et au traitement du paludisme au centre nutritionnel thérapeutique intensif (CNTI) et au service de pédiatrie de l’hôpital de Makary”, explique Dr Lame, coordinateur médical d’ALIMA au Cameroun. “Un jour, un enfant a été référé dans notre centre un dimanche soir, souffrant d’un paludisme grave avec anémie. Il a été immédiatement admis par notre équipe. Ils ont tout de suite commencé le traitement et lui ont également fait une transfusion sanguine. L’enfant a suivi le traitement au centre pendant trois jours, puis il est retourné chez lui, où il a continué à suivre un traitement en ambulatoire. ”
“Ce qui est le plus marquant pour moi,” dit Dr Lame, “c’est le changement que vous voyez chez les parents. À l’arrivée, les parents sont tellement inquiets, même désespérés. Mais après le traitement, ils sont si heureux, soulagés, et reconnaissants. ”
L’histoire d’Aziz*
Quand Aicha est arrivée avec son fils de 2 ans, Aziz, à l’hôpital de district de Mirriah, dans la région de Zinder, au sud du Niger, il respirait à peine et souffrait de convulsions. Ne réalisant pas que son fils souffrait du paludisme, Aicha avait essayé de le guérir par la médecine traditionnelle. Son état avait empiré. Finalement, grâce aux conseils de son voisin dont l’enfant avait été soigné par ALIMA et son partenaire BEFEN (Bien être de la Femme et de l’Enfant au Niger), Aicha a amené Aziz à l’hôpital. Il a été diagnostiqué comme atteint d’un paludisme neurologique grave et a passé deux jours dans le coma.
“Ce jour-là J’ai pensé qu’il allait mourir”, raconte Aicha. “Mais après 48 heures en salle de soins intensifs, mon enfant a repris connaissance et m’a reconnue, et pour moi c’était vraiment un miracle.”
Aziz a passé trois jours de plus à l’hôpital, avant de rentrer chez lui en bonne santé.
* Le nom a été modifié
Le paludisme est une maladie fébrile aiguë causée par des parasites, qui sont transmis par la piqûre d’un moustique femelle anophèle infecté. Les symptômes peuvent inclure une forte fièvre, des maux de tête et des douleurs articulaires. Sans diagnostic et traitement rapides, le paludisme peut évoluer en maladie grave, voire fatale. Les mesures préventives consistent à dormir sous des moustiquaires imprégnées, à pulvériser de l’insecticide à l’intérieur des foyers et à éviter les zones d’eau stagnante. La chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS), un autre moyen de prévention, consiste à administrer aux enfants des doses mensuelles de traitement antipaludique pendant la saison des pluies, lorsque la transmission est la plus élevée.
The Alliance for International Medical Action (ALIMA) est une organisation humanitaire médicale qui travaille en étroite collaboration avec un réseau d’organisations médicales locales pour fournir des soins médicaux de qualité aux personnes les plus vulnérables dans des situations d’urgence et des crises récurrentes. Basée à Dakar, au Sénégal, ALIMA a traité près de 3 millions de patients dans 12 pays depuis sa création en 2009 et a lancé plus d’une douzaine de projets de recherche axés sur la malnutrition, le paludisme et le virus Ebola.
En 2017, les équipes médicales d’ALIMA ont soigné plus de 140 000 personnes atteintes de paludisme en consultation externe ou à domicile, et a hospitalisé plus de 10 000 enfants atteints de paludisme avec complication, dans l’ensemble des pays où nous intervenons. Dans le sud du Mali, où nos équipes participent aux campagnes de chimio-prévention du paludisme saisonnier, près de 325 000 enfants de 3 mois à 5 ans ont été protégés contre la maladie mortelle. Cette campagne de chimio-prévention du paludisme saisonnier a contribué à diminuer le nombre de cas de paludisme pendant la haute saison en 2017 de 71% par rapport à 2013, dernière année avant la mise en œuvre de la CPS.
Photo : Xaume Olleros / ALIMA