Titao, Barsalogho : là où la chirurgie redonne espoir

Dans une région où la chirurgie reste hors de portée pour beaucoup, ALIMA mène une campagne gratuite pour soigner, former et redonner espoir aux patients longtemps privés de soins spécialisés.

L’accès aux soins chirurgicaux, un défi vital

Dans le nord et le centre-nord du Burkina Faso, notamment à Titao et Barsalogho, l’accès aux soins de santé spécialisés reste limité. Dans les CMA (centres médicaux avec antenne chirurgicale), toutes les compétences ne sont pas toujours réunies pour faire face aux urgences. Chirurgiens et anesthésistes-réanimateurs, indispensables pour traiter les cas les plus graves, sont quasiment absents de ces zones. Résultats : des patients en détresse sont privés de la prise en charge qu’ils nécessitent. 

À cela s’ajoute un autre obstacle majeur : les évacuations sanitaires à partir de Titao et de Barsalogho ne sont pas toujours possibles. 

Face à cette réalité, ALIMA, en partenariat avec KEOOGO et SOS Médecins Burkina Faso, a décidé d’agir. Objectif : offrir des soins chirurgicaux gratuits aux patients et renforcer les capacités des structures et des équipes locales.

1 - Chirurgie Titao - Burkina Faso - Dr Yameogo chirurgien bloc opératoire M Kambiré

Une campagne chirurgicale pour sauver des vies

« À Barsalogho, la chirurgie n’est pas disponible et le contexte sécuritaire complique souvent les évacuations vers Kaya, où se trouvent les structures spécialisées » , explique le Dr Cissé, médecin référent d’ALIMA sur place. Pour y répondre, ALIMA a mobilisé un chirurgien, un anesthésiste-réanimateur, fourni du matériel médical, des médicaments essentiels et un appui logistique.

Entre janvier et mars 2025 :

  • Plus de 180 consultations ont été réalisées à Barsalogho
  • Plus de 50 interventions chirurgicales y ont été effectuées

Les patients pris en charge souffraient notamment de hernies inguinales, d’adénomes de la prostate ou encore de complications liées à la grossesse. Tous ont bénéficié d’une prise en charge complète. 

À Titao, l’impact est tout aussi fort :

« En deux mois, nous avons réalisé plus de 100 interventions chirurgicales. Un soulagement immense pour des populations qui n’avaient plus accès à ce type de soins »

Dr Kolomso, médecin référent du projet nord.

Zoenabo et Rasmata renaissent grâce à la chirurgie

Parmi les personnes prises en charge, certaines histoires témoignent avec force de l’impact de ces campagnes.

À Barsalogho, Zoenabo Sawadogo, enceinte, s’est rendue au CMA après deux fausses couches. Le diagnostic est sans appel : un col de l’utérus trop fragile pour maintenir une grossesse. Grâce à la campagne chirurgicale, elle a pu bénéficier d’un cerclage, une intervention qui permet de renforcer le col utérin.

« Mon seul souhait est que cette grossesse arrive à terme. »

Adama, son mari. 
2 Chirurgie Titao Burkina Faso Zoenabo Sawadogo mari Adama

À Titao, Maïga Rasmata a vécu un drame encore plus marquant. Déplacée depuis cinq ans, elle a perdu six enfants. Faute d’accès rapide à un hôpital, son dernier accouchement s’est déroulé dans un centre de santé déserté. Son bébé n’a pas survécu. Elle-même a souffert d’un prolapsus utérin, resté sans traitement pendant un an. Grâce à cette campagne, elle a enfin pu être opérée. 

Former pour durer

Au-delà de l’urgence, l’un des objectifs majeurs de cette initiative est la transmission de compétences. ALIMA a mis en place un programme de formation continue pour les équipes locales, notamment les attachés en chirurgie, sur les soins post-opératoires et les gestes techniques.

« Nous ne voulons pas que nos actions s’arrêtent à une intervention ponctuelle. Nous formons, accompagnons et suivons les équipes
pour offrir une offre de soins durable. »

Dr. Kolomso

Les blocs opératoires ont également été réhabilités, les stocks en médicaments essentiels et consommables médicaux renforcés, y compris pour la transfusion sanguine.

3 - Chirurgie Titao - Burkina Faso - Dr Saratou Boubacar

Cette action a été rendue possible grâce à la collaboration avec les ONG locales KEOOGO et SOS Médecins Burkina Faso, et au soutien financier de l’Union Européenne (ECHO). Ensemble, ces acteurs ont permis d’apporter une réponse concrète et vitale à des populations privées d’accès aux soins chirurgicaux. À Titao comme à Barsalogho, cette campagne n’a pas seulement permis de sauver des vies : elle a aussi redonné espoir à des patientes et patients qui n’avaient plus de solution.

Crédits photos : ALIMA / Steve DOULKOM