Choléra au Soudan : Nos équipes luttent, la crise s’aggrave

ALIMA fait partie des ONG qui luttent en première ligne contre la flambée de choléra dans le Darfour Nord.

Alors que le Soudan est confronté à la plus grave crise humanitaire au monde, une épidémie de choléra sans précédent sévit dans tout le pays, avec près de 50 000 cas suspects et plus de 1 000 décès enregistrés en 2025.

Pourquoi le choléra se propage-t-il aussi rapidement ?

Au Darfour du Nord, l’une des régions les plus touchées par le conflit, l’insécurité s’est intensifiée depuis le début de 2025. De nombreuses familles ont fui la capitale, El Fasher, et ont marché vers l’ouest jusqu’à Tawila. Cette petite ville accueille désormais le plus grand nombre de personnes déplacées internes du Darfour du Nord. Aux conditions de vie déjà extrêmement difficiles s’ajoute le choléra qui se propage dans la ville tandis que débute la saison des pluies. 

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Tawila, Darfour du Nord, Soudan. © ALIMA

Le choléra est une infection bactérienne transmise par de l’eau ou des aliments contaminés, ou par de mauvaises conditions d’hygiène. Cette maladie se manifeste par une diarrhée sévère, des vomissements, des crampes musculaires causées par la déshydratation, une soif intense, une fatigue extrême et une grande faiblesse. Le traitement repose principalement sur la réhydratation. Selon la gravité du cas, une réhydratation orale, une réhydratation intraveineuse ou des antibiotiques sont administrés. Le choléra peut être mortel si la déshydratation n’est pas traitée rapidement. 

La pluie, les inondations, la surpopulation, les déplacements massifs de populations à l’intérieur du pays, les mauvaises conditions d’hygiène dans les zones d’habitation et l’accès limité à l’eau potable aggravent la situation. Pendant la saison des pluies, les eaux usées provenant des installations sanitaires se déversent dans les rivières, contaminant l’eau consommée dans les camps de déplacés et favorisant la propagation du choléra. La situation est d’autant plus préoccupante que la saison des pluies rend difficile l’acheminement des fournitures par les ONG.

En refuge, les familles déplacées affrontent encore le choléra

Myriam et Ahmed ont contracté le choléra et sont pris en charge par les équipes médicales de ALIMA, à Tawila.

Myriam, 13 ans, est arrivée à l’unité de traitement du choléra d’ALIMA à Tawila avec sa sœur aînée Suraiya. Elles ont perdu leur mère lors d’une attaque contre le camp de Zamzam à El Fasher et ont fui à pied, parcourant 70 km sous une chaleur extrême et dans des conditions d’insécurité avant de pouvoir se réfugier à Tawila.

Myriam est alors tombée malade, souffrant de vomissements et de diarrhées après avoir bu de l’eau contaminée dans le camp de déplacés. Elle a été admise dans l’unité de soins d’ALIMA, où elle a reçu une réhydratation intraveineuse pour traiter sa déshydratation sévère. Elle a également bénéficié d’un soutien psychosocial et d’une éducation sanitaire sur la prévention du choléra.

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Suraiya et Myriam, 12 août 2025, Tawila. Darfour-Nord, Soudan. © ALIMA
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Ahmed, 12 août 2025, Tawila. Darfour-Nord, Soudan. © ALIMA

Ahmed Mohammed Adam, 45 ans, a également contracté le choléra. Après avoir fui El Fasher à pied sous une chaleur extrême et dans l’insécurité, il est arrivé à Tawila. Peu après avoir bu du thé au marché, il a commencé à souffrir de vomissements et de diarrhée.

Il a été transporté vers un centre de santé d’ALIMA, où un test rapide a confirmé qu’il s’agissait du choléra. Il a immédiatement reçu une solution de réhydratation orale pour compenser la perte de liquides, ainsi que des médicaments. Ahmed s’est rétabli en moins de 48 heures et a pu rentrer chez lui.

Comment ALIMA répond à une épidémie de choléra ? 

À Tawila, parallèlement à son intervention d’urgence en cours, ALIMA a lancé en juillet une intervention contre le choléra comprenant une unité de traitement dédiée et cinq points de réhydratation orale.

La prévention est tout aussi importante que le traitement des patients. Afin d’empêcher la propagation de la maladie à Tawila, des mesures sont mises en œuvre, telles que :

  • Des séances de sensibilisation communautaire.
  • Des sessions de formation pour le personnel du ministère de la Santé sur la prévention et le contrôle des infections.
  • Des consultations en santé mentale pour les patients qui en ont besoin.

Depuis le début de la réponse d’ALIMA contre le choléra, 1 033 patients ont été traités, et 27 personnes sont admises par jour en moyenne, comme Myriam et Ahmed.

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Plusieurs patients à l’unité de traitement du choléra d’ALIMA à Tawila Umda. Le personnel médical dispense des soins et des traitements 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dans le cadre de la lutte contre le choléra. 12 août 2025, Tawila. Darfour-Nord, Soudan. © ALIMA

Avant le début de l’épidémie de choléra, le système de santé de Tawila était déjà soumis à une forte pression, luttant contre la faim et la malnutrition. Les équipes médicales, déjà débordées, sont désormais confrontées à une maladie mortelle qui continue de se propager. Le Soudan, déjà en proie à des conflits et disposant de ressources limitées, est désormais confronté à la menace imminente d’une crise sanitaire qui pourrait affecter des milliers de vies.

Quelques chiffres reflétant la situation au Soudan

  • 51,7 millions de personnes vivent au Soudan
  • 560 000 personnes vivent à Tawila
  • La faim sévère a presque doublé, passant de 14 % en 2024 à 25,9 % début 2025 (UNICEF, mai 2025)
  • Cette épidémie de choléra touche majoritairement les jeunes adultes (23 %), suivis des enfants de moins de 5 ans (18,9 %) (ECHO, août 2025)
  • Dans les deux derniers mois, plus de 1 000 personnes présentant des symptômes du choléra ont été admises dans les structures d’ALIMA à Tawila

Les projets d’intervention médicale d’urgence d’ALIMA au Darfour-Nord sont financés par des fonds humanitaires provenant de l’Union européenne.

Photo de couverture : ©AFP