La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique virale aiguë endémique en Afrique de l’Ouest, transmise à l’homme par le rat Mastomys, l’espèce-réservoir du virus. La transmission entre êtres humains peut se produire par contact avec les fluides corporels d’une personne infectée. Les principaux symptômes sont la fièvre, la diarrhée et des hémorragies. Le Nigeria est touché par la fièvre de Lassa depuis des décennies, et chaque année le pic de cas sévit de décembre à avril. Découverte à la fin des années soixante, la fièvre de Lassa continue d’impacter les individus et communautés, en particulier dans le sud-ouest du Nigeria, en raison de sa transmission rapide et de sa létalité pour les patients gravement atteints. Entre janvier et mars 2025, le Centre nigérian de contrôle des maladies (NCDC) a signalé 563 cas confirmés de fièvre de Lassa au Nigeria, entraînant 103 décès.
Depuis 2018, ALIMA soutient le Centre médical fédéral (FMC) de la zone de gouvernement local d’Owo, dans l’État d’Ondo, pour traiter gratuitement les patients au sein de son unité d’isolement et de traitement de la fièvre de Lassa. La prise en charge de la maladie repose sur deux types de traitement : les soins de base, tels que la réhydratation et la dialyse, et le traitement antiviral. Actuellement, la ribavirine est le médicament recommandé pour traiter la fièvre de Lassa, mais son efficacité est remise en question.
Dans l’unité soutenue par ALIMA au Centre médical fédéral (FMC) d’Owo, les équipes ont enregistré 162 cas confirmés entre décembre 2024 et mars 2025, et ont guéri 139 patients atteints de la fièvre de Lassa. Bien que cette saison épidémique soit marquée par un nombre de cas inférieur à celui des saisons précédentes, nos équipes continuent de mettre en place des mesures pour traiter davantage de patients en cas d’augmentation du nombre de cas.

Le projet INTEGRATE : vers de nouveaux traitements efficaces
Afin d’améliorer le traitement, le projet INTEGRATE – une alliance mondiale réunissant des instituts de recherche de premier plan, des établissements de santé et des organisations humanitaires – mène des recherches pour trouver des traitements plus efficaces que la ribavirine, ainsi que le repositionnement de médicaments ayant démontré une efficacité contre la fièvre de Lassa. Le premier essai clinique en Afrique de l’Ouest, lancé dans les plus grands centres de traitement de la fièvre de Lassa au monde – l’Irrua Specialist Teaching Hospital (ISTH) et le Centre médical fédéral d’Owo (FMCO) – au Nigéria, verra le projet INTEGRATE mettre en place un essai clinique plateforme pour tester efficacement de nouveaux candidats-médicaments conformément aux normes éthiques et scientifiques. Cette étude pionnière de cinq ans est coordonnée par ALIMA en collaboration avec l’Institut Bernhard Nocht de médecine tropicale (BNITM), ainsi que l’ISTH et le FMCO.
Face à la peur et à la stigmatisation, l’histoire de Tina
« J’étais très faible, je n’arrivais même plus à marcher, je devais m’appuyer contre le mur. J’avais fait plusieurs tests sanguins en pensant avoir le paludisme, mais ils s’étaient tous révélés négatifs. »

Tina Fidelis, femme d’affaires à Owo, a été diagnostiquée avec la fièvre de Lassa en janvier 2025. En recevant son diagnostic, elle a été saisie par la peur.
« Quand le médecin m’a annoncé que j’étais positive à la fièvre de Lassa, j’ai pleuré ; j’ai pleuré parce que j’avais peur. Il m’a orientée vers le FMCO. »

Rosemary Ikiakhele est médecin chez ALIMA à Owo et fait partie de l’équipe qui traite les patients atteints de la fièvre de Lassa.
« Ici, nous soutenons le FMC pour la prise en charge du traitement de la fièvre de Lassa, la gestion des cas, la sensibilisation communautaire, ainsi que les études cliniques visant à améliorer les résultats thérapeutiques et à obtenir de nouveaux médicaments plus sûrs contre la fièvre de Lassa. »
Tina s’est complètement rétablie après avoir passé 10 jours dans le centre de traitement de la fièvre de Lassa soutenu par ALIMA. Elle affirme que la qualité des soins et du soutien gratuits qu’elle a reçus ont joué un rôle important dans son rétablissement. Elle encourage les gens à se faire tester dès l’apparition des symptômes et à se rendre au FMC d’Owo où ils bénéficieront, comme elle, de soins gratuits et d’un accompagnement.
« D’après mon expérience, si vos symptômes sont similaires aux miens, à savoir fièvre, urine très foncée, douleurs corporelles et diarrhée, faites un test de dépistage de la fièvre de Lassa afin qu’ils puissent rapidement confirmer le diagnostic et vous orienter vers le FMCO pour bénéficier d’un traitement complet, et que vous puissiez survivre ».
Combattre la fièvre de Lassa reste un défi pour les équipes de santé à Owo, malgré leurs efforts constants pour soigner les patients ; l’un des principaux obstacles étant le retard des patients à consulter, ce qui est directement proportionnel à la gravité de la maladie. Cependant, avec des initiatives comme INTEGRATE, qui mènent des recherches pour des traitements plus efficaces, l’espoir d’avancées significatives dans la lutte contre la maladie grandit.
Ces activités sont rendues possibles grâce au projet INTEGRATE, soutenu par le partenariat Global Health EDCTP3 et ses membres.
Photo de couverture : © Nandak Chingle / ALIMA