Assise sous un hangar qu’elle a elle-même construit, Intissar Abdelnabit Abdelkerim, vêtue d’un voile orange et tenant son plus jeune enfant dans les bras, est l’une des 60 000 réfugiés vivant dans le camp de Zabout, installé par le gouvernement tchadien pour répondre à l’afflux massif de réfugiés suite à la guerre au Soudan.
Le conflit armé au Soudan, débuté en avril 2023, a aggravé la situation humanitaire, provoquant un afflux de réfugiés soudanais et de Tchadiens retournés qui franchissent spontanément les 32 points d’entrées frontaliers à l’est du Tchad. La persistance de la crise soudanaise continue d’entraîner l’arrivée de réfugiés soudanais et de retournés tchadiens dans les provinces du Ouaddaï, du Sila, du Wadi Fira et de l’Ennedi Est. A la date du 14 octobre 2024, le Tchad accueille plus de 681 944 réfugiés soudanais et 213 339 Tchadiens retournés, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
Intissar : de réfugiée soudanaise à relais communautaire au Tchad
Originaire de Madali, une localité située à quelques kilomètres de Khartoum, Intissar, mariée et mère de sept enfants, a dû fuir son Soudan natal pour se réfugier au Tchad. Intissar raconte : ‘’Nous étions à Beida pour rendre visite à ma belle-famille. Après seulement quelques jours, la guerre a éclaté et s’est propagée sur tout le territoire. Face au danger, mon mari a décidé que nous devions partir. Nous avons pris un bus qui nous a déposés à la frontière.’’
Compte tenu de la persistance des affrontements au Soudan, de l’arrivée continue de réfugiés et des conditions d’accueil difficiles, ces populations se retrouvent dans des abris temporaires avec une hygiène précaire, des difficultés d’accès à l’eau potable et des risques élevés d’épidémies. Pour répondre à cette situation, ALIMA et son partenaire Alerte Santé ont lancé un projet d’urgence médico-nutritionnel en faveur des réfugiés soudanais et populations hôtes dans les provinces du Ouaddaï et du SIla, avec un appui au district sanitaire d’Adré et à Goz Beida.
‘’Arrivée au camp, sans activité, je me suis portée volontaire comme relais communautaire pour appuyer l’ONG ALIMA dans les sensibilisations sur les bonnes pratiques familiales essentielles et l’hygiène de l’enfant et de la mère’’, explique Intissar.
Des actions concrètes pour les réfugiés et les populations locales
ALIMA et Alerte Santé appuient deux centres de santé fixes :
- le centre de santé de Zabout, où sont proposés des soins curatifs, des activités de prévention, des soins de santé sexuelle et reproductive, la prise en charge de la malnutrition aiguë, ainsi que des soins de santé mentale et un soutien psychosocial ;
- le centre de santé de Doroti, où sont assurés des soins curatifs pour les enfants de moins de 5 ans, la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère et des soins de santé sexuelle et reproductive.
Pour Dr Junior, médecin référent d’ALIMA à Goz Beida, les relais communautaires comme Intissar jouent un rôle essentiel.
« Nos relais communautaires sont nos ponts avec la communauté. Ils sensibilisent, informent sur les activités des centres de santé et nous remontent leurs retours pour ajuster nos interventions. Au sein de leurs communautés, ils dépistent les enfants, permettant de détecter précocement des maladies comme la malnutrition ou des pathologies à potentiel épidémique.’’
Un partenariat essentiel pour améliorer l’accès aux soins au Tchad
Dans ce cadre, ALIMA et son partenaire Alerte Santé ont également mis en place une clinique mobile à Kerfi pour offrir des soins curatifs. En parallèle, ils soutiennent le service de maternité et les activités de santé sexuelle et reproductive à l’hôpital provincial de Goz Béida, en installant un plateau technique complet répondant aux besoins des femmes et des enfants.
Selon Sougui Goukouni Ali, directeur de l’hôpital, cet appui est un soulagement pour la province.
« Nous apprécions énormément le partenariat avec ALIMA et Alerte Santé pour leur soutien technique, notamment en santé reproductive, et dans le renforcement des capacités de notre personnel. Depuis l’installation d’ALIMA à Goz Beida, aucune référence n’a été faite vers d’autres hôpitaux comme cela se faisait auparavant vers Abéché, l’hôpital de référence de l’Est.«
Grâce au soutien du Bureau de l’assistance humanitaire de l’Union Européenne (ECHO), ALIMA renforce les services de santé maternelle et infantile ainsi que la prévention de la malnutrition dans la province de Sila.
Depuis son implantation au Tchad en 2012, ALIMA œuvre en partenariat avec Alerte Santé, une ONG tchadienne créée en 2010, pour contribuer à l’amélioration et à la promotion de la santé des populations vulnérables au Tchad.
Photo de couverture : © ALIMA