Urgence humanitaire en Mauritanie : « Sans soutien, nous ne pourrons plus sauver de vies »

Depuis plus de 13 ans, le camp de Mbera accueille des réfugiés maliens fuyant les violences. Situé à 60 kilomètres de la frontière malienne, il est aujourd’hui saturé. Face à l’ampleur de la crise, le camp ne suffit plus et les besoins humanitaires explosent.

Rencontre avec le Docteur RHISSA ZAKARA Amadou, Chef de mission pour ALIMA en Mauritanie. Il dresse un tableau préoccupant de la situation dans la région du Hodh el Chargui, située au sud-est du pays.

Il  décrit les efforts déployés pour répondre aux besoins et alerte sur l’urgence de financements afin de continuer à  soigner dignement des populations qui ont déjà beaucoup souffert.

Dr RHISSA ZAKARA Amadou - Ouagadougou - Crédit Amadou Cisse ALIMA
Crédit : Amadou Cissé Bello / ALIMA

Quelle est la situation des réfugiés maliens dans la région ?

La Mauritanie fait face à une situation humanitaire complexe, avec plus de 288 000 réfugiés enregistrés, principalement originaires du Mali. Ces personnes fuient les violences et l’insécurité dans leur pays, et plus de la moitié sont des enfants. D’ici fin 2025, le pays devrait accueillir environ 318 000 réfugiés.

La situation dans la région du Hodh el Chargui se détériore. Le camp de Mbera, initialement prévu pour 80 000 personnes, en accueille plus de 116 000, bien au-delà de sa capacité. Autour du camp, plus de 164 000 personnes réfugiées vivent dans 69 villages voisins*,  souvent dans des conditions extrêmement précaires. Cette pression démographique massive engendre de graves pénuries : en nourriture, en eau, en soins. La santé des populations, tant locales que réfugiées, est mise en danger. Les femmes et les enfants sont les plus exposés aux épidémies, à la malnutrition et aux maladies évitables. 

Quelle est la réponse des équipes ALIMA sur le terrain ?

Présente depuis 2019, ALIMA a progressivement élargi sa  mission : initialement en soutien au camp de Mbera, elle s’étend désormais aux villages avoisinants. Nos équipes appuient plusieurs centres de santé et déploient des cliniques mobiles dans plusieurs villages. La nutrition et la vaccination (rougeole, diphtérie, coqueluche, etc.), deux priorités absolues pour protéger les enfants.  

Malnutrition Mauritanie Crédit Alioune Ndiaye ALIMA
Crédits : Alioune NDiaye / ALIMA

En 2024, plus de 6 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë ont été pris en charge, et des soins médicaux d’urgence ont été fournis à des milliers de personnes réfugiées. Mais sans davantage de  financements, ces actions sont menacées. L’année passée, la réponse humanitaire était financée à seulement 51 % des besoins estimés.

Qu’est ce qui rend l’approche d’ALIMA unique ?

Notre proximité avec les communautés fait notre force. Nos équipes sont parfaitement intégrées au tissu social local. Elles maîtrisent leur sujet et sont acceptées par les acteurs locaux et les patients. L’impact que nous avons est durable. Certaines personnes réfugiées travaillent aujourd’hui pour ALIMA.

Fatma Mint Salek, sage-femme, est l’une d’elles. Ancienne réfugiée, elle maîtrise parfaitement les réalités et les difficultés auxquelles les personnes réfugiées sont confrontées. Grâce aux cliniques mobiles mises en place par ALIMA, elle soigne les femmes là où elles se trouvent.

“Je me souviens d’une femme enceinte, seule, allongée sur le sable. On l’a aidée à se relever. Je l’ai accompagnée jusqu’à l’accouchement. Elle a pu donner la vie dans des conditions dignes. J’en suis fière.”

Fatma Mint Salek, sage-femme pour ALIMA
Fatma Mint Salek sage femme ALIMA Credit ALIMA
Crédits : ALIMA

Quels sont les défis prioritaires ?

Le manque de financements reste le principal obstacle. Les besoins en santé, nutrition, vaccination et soutien psychologique sont immenses. En 2025, les autorités sanitaires prévoient plus de 22 000 enfants malnutris.  La situation épidémiologique est également inquiétante : diphtérie, rougeole, maladies hydriques menacent directement les enfants. 

Notre objectif est clair : renforcer notre présence,  améliorer l’accès aux soins médicaux et nutritionnels, vacciner, et assurer une prise en charge psychosociale des familles réfugiées, notamment pour les victimes de violences basées sur le genre. Pour cela, nous devons mobiliser des financements au plus vite. Car sur le terrain, la réalité est sans appel : sans davantage de soutien financier, nous ne pourrons pas continuer à sauver des vies. 

La situation est urgente. Sans réaction rapide, les conséquences peuvent être dramatiques pour des milliers de familles. 

*  Données au 28/02/2025, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés

Les projets menés par ALIMA en Mauritanie ont reçu les soutiens financiers de l’Unicef, l’Union européenne, GAVI.

Photographie de couverture :  Iris X Media pour ALIMA

Texte : Cora Portais

Partenaire - Projet Integrate
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