L’épidémie, qui a été signalée pour la première fois dans la zone du camp de déplacés appelé Muna Garage, aurait infecté au moins 1408 personnes et entraîné la mort de 39 personnes, entre le 16 août et le 10 septembre, selon le ministère de la santé de l’Etat de Borno. Muna Garage reste l’épicentre de l’épidémie, mais des cas suspects ont également été signalés dans au moins quatre autres zones, dont Monguno et Dikwa.
“La situation est critique, compte tenu des conditions de vie très précaires des déplacés et de la propagation rapide de l’épidémie”, a déclaré le docteur Max Yvon Mbangui, coordinateur de projet pour l’équipe d’intervention d’urgence d’ALIMA au Nigéria.
Le choléra est une infection provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae qui provoque une diarrhée aqueuse aiguë et une déshydratation. La plupart des cas peuvent être traités avec des sels de réhydratation orale. Mais pour les cas graves, faute de traitement adapté, le choléra peut provoquer la mort d’un patient en quelques heures. Le choléra se répand plus facilement dans les lieux bondés où les conditions d’hygiène et d’assainissement sont inadéquates et où l’accès à l’eau potable est limité.
C’est le cas dans des zones telles que Muna Garage et Monguno, où les populations se sont réfugiées dans des camps ou des communautés d’accueil locales, après avoir fui les combats entre Boko Haram et l’armée nigériane. De nombreuses personnes vivent dans des habitations de fortune, et n’ont pas accès à l’eau courante. Dans les camps, les réseaux d’évacuation des eaux usées sont insuffisants. En cette période, qui correspond au début de la saison des pluies, de nombreuses parties du camp sont inondées, les conduites d’évacuation des eaux usées sont bloquées, ce qui provoque la stagnation des eaux sales, et la contamination des sources d’eau propre.
Pour aider à contenir la propagation de l’épidémie, ALIMA fournit des soins au niveau de deux points de réhydratation orale au sein de Muna Garage et Custom House. Les patients y sont d’abord dépistés pour le choléra. Les cas non sévères sont maintenus sous observation et traités sur place avec des sels de réhydratation orale (SRO). Après leur traitement les patients repartent chez eux avec un approvisionnement en SRO. Les cas sévères sont référés en ambulance dans les centres de traitement du choléra (CTC) à proximité.
Les mesures d’hygiène sont rappelées à tous les patients. Il est notamment conseillé de se laver les mains fréquemment avec de l’eau et du savon, de bien nettoyer et bien cuire les aliments, et d’utiliser les latrines.
“Le dépistage précoce, pendant que le patient se trouve encore en phase initiale de la maladie, garantit les meilleures chances de survie”, a déclaré le Dr Mbangui. “La meilleure façon d’arrêter la propagation de l’épidémie est de réduire la transmission de personne à personne par l’hygiène individuelle et la désinfection des sources potentielles de contamination, telles que les eaux sales ou les marchés”.
En plus des soins aux patients, les équipes d’ALIMA travaillent en étroite collaboration avec les autorités sanitaires locales et l’Organisation Mondiale de la Santé pour assurer le contrôle et la surveillance épidémiologique.
ALIMA se tient prête à renforcer ses activités en fonction de l’évolution des besoins pour aider à contenir l’épidémie.
ALIMA est une organisation humanitaire médicale créée en 2009 qui vise à fournir une assistance aux populations dans des situations d’urgence telles que des épidémies, des conflits ou des catastrophes naturelles. Basés à Dakar, au Sénégal, nous dirigeons actuellement des projets dans 10 pays africains.
ALIMA travaille dans le Nord-Est du Nigéria depuis juillet 2016. Les équipes médicales fournissent gratuitement des soins primaires de santé et de nutrition aux enfants de moins de 5 ans dans les centres de santé de Muna et Monguno, et soignent aussi les cas de malnutrition aiguë sévère avec complications au Centre nutritionnel thérapeutique intensif de Maiduguri. Au centre de santé de Muna, les femmes enceintes bénéficient de soins prénatals et postnatals gratuits.
Les activités d’ALIMA dans le cadre de la réponse à l’épidémie de choléra sont mises en place grâce au soutien d’OFDA (the office of U.S. foreign disaster assistance).