Quelle est la situation sur le terrain ?
Nous avons reçu une alerte des autorités sanitaires qui craignaient que deux personnes aient contracté une fièvre hémorragique dans le village de Koropora situé à près d’une centaine de kilomètres de Nzérékoré.
Tout a basculé en quelques heures. Nous avons organisé une réunion d’urgence avec l’équipe médicale de l’hôpital de Nzérékoré afin de lancer la réouverture du centre de traitement Ebola composé de dix lits.
Heureusement, nous avions gardé en « stand by » ce centre qui avait déjà pris en charge une centaine de patients quand l’épidémie touchait la région en 2014-2015. Nous restions préparés au cas où le centre ait à être rouvert au cours de la période de surveillance renforcée de 90 jours. De plus, la majorité des membres du staff médical avait déjà acquis une certaine expérience dans la riposte contre l’épidémie Ebola.
Nous avons rappelé les mesures de sécurité à prendre notamment en termes de contrôle de l’infection et de circuit des patients et nous nous sommes assurés que la pharmacie soit suffisamment approvisionnée en médicaments et matériel médical. Par ailleurs, avec l’arrivée de personnel médical additionnel, nous avons pu mettre en place des soins intensifs en moins de 24h.
Les deux patients accompagnés par leur famille ont donc été très rapidement pris en charge dans la sérénité.
Comment a réagi la communauté ?
Il y a évidemment une certaine tristesse car c’est toujours un moment difficile lorsqu’une famille est en deuil et qu’elle doit par le même temps faire face une maladie grave. Quatre personnes sont déjà décédées au cours des dernières semaines.
Chaque nouveau malade peut générer un nouveau foyer. C’est pourquoi, il est primordial de renforcer l’accompagnement des personnes ayant été en contact avec les personnes malades et de renforcer la surveillance épidémiologique de chacun pour circonscrire le foyer et prodiguer des soins adéquats le plus rapidement possible.
Aujourd’hui, les familles du village de Koropora sont mobilisées afin d’arrêter le plus vite la propagation de l’épidémie.
Quel est le principal défi pour les équipes d’ALIMA ?
On repart de zéro aux côtés de la communauté. Notre priorité est de maintenir une relation de confiance dans les services de santé. Même si tout le monde a aujourd’hui une certaine expérience dans la gestion de ce type de crise, des équipes de sensibilisation d’organisations partenaires vont rappeler les règles d’hygiène et inciter les personnes à appeler un numéro d’urgence dès l’apparition des premiers symptômes tels que fièvre, vomissement, céphalées, etc.
Comme nous l’avions fait dans le passé, nous continuerons d’inviter les familles à venir rendre visite aux patients hospitalisés et leur offrirons un soutien psycho-social. Notre centre ne doit pas être vu comme un lieu d’isolement mais comme un lieu où trouver une assistance médicale.
Au niveau médical, nous avons renforcé l’équipe avec l’arrivée d’une pédiatre et d’un médecin anesthésiste-réanimateur afin de prodiguer les meilleurs soins possibles aux patients.
A l’heure actuelle, l’investigation et le suivi épidémiologique sont encore en cours et il difficile de déterminer l’ampleur de l’épidémie. Nous restons prêts à répondre aux besoins.
En octobre 2014, ALIMA a installé en un centre de traitement Ebola à Nzérékoré et pris en charge près de 150 patients au cours de l’épidémie. Elle assure également des soins médicaux et un soutien psycho-social à près de 115 patients guéris. Depuis juillet 2015, l’organisation soutient les services de pédiatrie et des urgences de l’hôpital Régional de Nzérékoré.